On aime Pix, un peu, beaucoup, passionnément...

Il faut bien l'avouer, au lancement de Pix en 2020, j'étais à la fois très intéressée, mais très dubitative : https://clairementdoc.blogspot.com/2020/10/pix-ca-va-rouler.html. J'y voyais un outil attractif, certes, mais casse-binette au niveau pédagogique.
Je pressentais des ennuis à venir, pour nous, mais surtout pour les élèves.
J'avais présenté ici les modalités de présentation choisies pour notre collège, et les outils de médiation que j'avais créés : https://clairementdoc.blogspot.com/2020/11/cest-partix.html,

J'en ai ensuite recausé ici, après quelques mois de recul : Casse-tête Pix : largement de quoi se faire des cheveux !

Et bien maintenant, je suis presque fan !

Je vous explique pourquoi juste en dessous. 
Et je vous présente quelques conseils pour les collègues qui ont à gérer Pix avec les élèves (en tant que profdoc, référent numérique, ou les deux mon capitaine).

Roald Dahl pour des petits exposés sans façon (prétexte à manipuler des outils numériques)

(mise à jour d'un billet de juin 2022)

Depuis plusieurs années, je travaille avec une collègue d'anglais en 6ème. Elle a la moitié des classes de 6ème. C'est donc pour moi un excellent moyen de toucher la moitié des élèves de 6ème en lecture. Avec les autres classes, j'essaie qu'il y ait un projet avec les PP ou les profs de français.

On fait lire des romans aux élèves, pour que la collègue puisse travailler les structures en anglais, en se servant des lectures faites.
On essaie aussi de les mettre de demi-groupe sur ordinateur, pour un petit exposé "sans façon", vers le mois de février-mars.
Exactement le genre de travail qui ne mérite pas d'article pédagogique habituellement, mais qui me semble pourtant essentiel dans ma pratique de profdoc. A la fois sans grande ambition extraordinaire, et pourtant essentiel.
Juste mon boulot, sans chichi.

Et ben je me rends compte que pour un soit-disant "petit exposé sans façon", il y a une tripotée de trucs à dire !

Blah blah blah...

Des mini-clubs au CDI, pour plus d'activités et plus d'autonomie (puisque moins d'adultes...)

J'ai toujours proposé des tas de clubs avec le FSE, et depuis quelques années, avec des formules ponctuelles ou sur des semaines thématique, "pour ne pas saouler", et ne pas prendre trop d'emprise sur l'ouverture du CDI.

Cette année par exemple, je propose :
- Jeux de stratégie et jeux de lettres (toutes les 3 semaines, avec des bénévoles certains midis pour m'épauler)
- Ciné-club (semaines avant les vacances)
- Clubs lecture (BD-manga et romans), avec des rencontres au collège ou des sorties librairie ou bibliothèque.

Depuis 2 ans, j'ai rajouté à cette palette des mini-clubs où les élèves sont en autonomie.
Ils ont lieu au CDI (ou en étude la première année, mais plus maintenant), sur les moments péri-scolaires (matin avant les cours, midi, heures d'étude).

Et comme pour toute activité proposée dans un CDI, mais qui n'est pas de la lecture, cela nécessite une organisation très carrée, et des objectifs très clairs, pour ne pas dégénérer.

 

 

Où l'on profite avec délice d'une rentrée qui roule et se déroule en douceur

Depuis septembre, les semaines, puis les mois ont passé, et je me suis aperçue que je n'avais rien publié.
Finalement, bien que très occupée, je n'ai rien fait de nouveau, rien modifié en profondeur.
Quand tout roule, pourquoi changer ?
Et si rien ne change, et qu'on est fatigués mais contents le soir, et bien on ne raconte rien, et on se repose !

J'ai l'habitude de travailler par réaction à un besoin, à une difficulté observée, ou à une nouvelle demande.
Cette année, aucun de ces 3 moteurs n'a actionné ma routine de début d'année.
J'ai donc profité avec délice d'une rentrée en douceur, où tout s'est enchainé tranquillement.

Voici le déroulement de cette rentrée routinière mais bien remplie et très satisfaisante.
Sur certains sujets des mises à jour s'imposent quand-même un peu, je le ferai petit à petit.

L'image du collège dans les romans, arghhh !

Mon premier billet n'est pas à l'image de mon début d'année : il est grinçant, alors que ma rentrée est charmante !
Allez, on va dire ce que ce sera mon seul billet arghhh de l'année, et qu'ensuite, je vous raconterai toutes les belles choses que je vis au CDI !

Je viens de terminer des romans jeunesse récents, et français, qui ont lieu dans un collège. On y parle du CDI, et de sa "documentaliste", évidemment... mais ce n'est pas le plus rageant.
Le plus embêtant, ce n'est pas qu'on parle du Directeur du collège et pas du Principal (même si, franchement, c'est pas compliqué de se renseigner !).
Non, ce qui m'a gênée, c'est que j'ai eu l’impression qu'on se moquait des professeurs, je me suis sentie humiliée par l'image qu'on donne de nos missions, de nos actions.

J'ai trouvé ça très injuste.
Et un peu dangereux, sur ce que cela véhicule comme message sur l'école.
Je vous explique ma position.

"Tu finis comme nous ?"

Dernier repas entre collègues, sous les arbres, on termine les plateaux du pot de départ de la veille, je prends une dernière part de gâteau avant de repartir à mes piles.
Très gentiment, un collègue me demande : "Tu finis comme nous ? Ou tu reviens la semaine prochaine ?"

"Nous"
Les profs, c'est ça ?
Sacrée façon de terminer l'année, hein !

L'occasion de faire un petit bilan d'étape du boulot de profdoc. Ou d'enseignant documentaliste. Ou de je ne sais pas quoi avec des livres et des élèves.
Sous la forme d'un "récit à tiroirs", comme d'hab, avec tout plein de liens dans tous les sens, pour vous occuper toutes les vacances !

Au programme de la fin d'année, "Le fou qui était sage"

Un collègue de lettres m'a demandé de venir au CDI pour les 3 dernières séances de l'année de son groupe d'approfondissement français.
Il avait un groupe de 6 élèves (on en profite, tant que ça existe).

Je lui ai proposé d'exploiter les quelques livres qu'on avait avec des très courtes histoires de Nasreddine Hodja.
Et c'était vraiment chouette !

Mettre les romans en boites

Des boites, j'en ai de toutes les formes, matériaux, couleur ou taille !

J'ai eu ma période verte : 

 

Ma période fait-maison :

Ma période mixte, moitié bois, moitié plastique (le reste en fait-maison, on va pas gâcher !) :

Je dois m’embourgeoiser, j'ai eu envie d'investir un peu plus dans du "beau au bois". Parce qu'on ne va pas se le cacher, c'est ce qui rend le mieux.

Au départ, c'était pour valoriser le rayon "Egalithèque" qui commence à prendre forme, et dont je vous recauserai prochainement. J'ai beaucoup étudié tout ce qui se fait, et ce qui était possible compte tenu de mon petit espace déjà bien rempli.
J'ai déjà les livres, des idées de catégorisations, mais je voulais qu'il se voit, que ça attire l'oeil, et qu'on ait envie de tourner autour. Et que ce soit surtout pas triste !
J'ai opté pour une égalithèque centrée sur l'égalité filles-garçons, élargie aux thèmes de l'adolescence. Je me suis inspirée de l'égalithèque d'un collège du 95, dont j'aime beaucoup l'approche. Mais j'attends de lui demander son autorisation pour en reparler ici plus longuement.

J'ai d'abord regardé les catalogues. Ah ah ah, la rigolade, les tarifs !
(Je vous mets quelques modèles tout en bas, parmi ceux qui m'ont inspiré mes bidouilles)

Puisque je ne peux pas passer mon budget livres dans un seul meuble, je me suis dit que finalement, ce n'était souvent que quelques boites, avec des planches ! C'était pas si sorcier !

Alors j'ai essayé de les reproduire en construisant un meuble à plusieurs étages, avec tout ce qui me tombait sous la main : vieux panneau d'affichage de la réserve et autres bouts de planche, boites de conserves de la cantine (toujours utiles à avoir !)

Là, un de nos essais avant d'aller faire les courses,
pour savoir combien de boites acheter, et quelle taille de planche mettre.

Donc une fois mes essais au CDI faits, direction un magasin de bricolage, pour continuer mes essais, cette fois par terre dans les travées. Évidemment, j'avais pris des livres avec moi pour vérifier les tailles !

 

Mais à l'arrivée, une fois mis en place avec des belles planches de bois, les élèves regardaient ça d'un oeil circonspect, et pas très sécurisé.
Et moi, je ne voulais pas fixer le tout, parce que sinon, c'est impossible à ranger pour le ménage des petites et grandes vacances.
Et puis je voulais que ça reste très modulable. Si on veut que les élèves les regardent, il faut que ça change de forme, que ça disparaisse, que ça revienne plus haut, plus large, ou ailleurs.

On aperçoit derrière ma construction l'affiche de l'Egalithèque d'un collège du 95, que j'ai honteusement récupérée en attendant d'en créer une. Désolée !

Quand j'ai vu leurs têtes, et que j'ai imaginé un élève s'appuyant dessus en faisant tout tomber sur le lecteur en dessous, j'ai admis que je ne suis pas faite pour être menuisière et je me suis contentée finalement d'un truc plus basique.
Voilà ce que ça donne :

Beau, mais pas trop cher : 10 euros la petite, 13 euros la moyenne.

Tout ça pour ça, ça méritait franchement pas un billet !

Je suis quand-même ravie de mes essais, ça rend bien, on s'est bien amusés avec les élèves, et ça m'a permis de lancer cette idée d'Egalithèque, de bouger quelques meubles, de demander l'avis de plein d’élèves pour l’aménagement.
Ils seront peut-être plus attentifs à mes futures modifs.

Juste pour le plaisir de me dire que j'ai économisé plein de sous, voici quelques modèles parmi ceux qui me faisaient rêver au départ (des boites et des planches, franchement, non ?) :

1100 euros TTC chez
https://bcinterieur.fr/podium-emma/p/69806/116302

2300 euros TTC chez
https://bcinterieur.fr/tour-dexposition-labyrinth/p/73209/119437

 

2800 euros TTC chez
https://shop.wf-education.fr/bibliotheques/4227181.html

 

Billet dédicacé à mon papounet, aussi à l'aise avec du bois qu'avec un disque dur ou des plants de tomates, et qui ne va pas manquer de me mettre en boite moi-aussi quand il lira mes bidouilles de bricoleuse en carton !

Détourner honteusement Pix pour faire lire les élèves !

Vous le savez peut-être déjà, mon dada, pour faire lire les élèves, c'est la lecture sur place !

"Les faire lire, pour les faire lire", pourrait-on dire !
Cela parait bête à dire comme ça. Mais quoi de mieux que des moments de lectures offerts sur heure de cours, sans la pression d'un emprunt obligatoire ou d'un travail associé, pour faire lire les élèves ?
Et pour qu'ils vivent (et re-vivent, pour ne pas oublier) dans leur corps et dans leur tête le sas de décompression que représentent 20 minutes de lecture silencieuse ?

Pour connaitre mes arguments en faveur de ce dispositif (différent du quart d'heure lecture, que je n'aime pas du tout), je vous renvoie au billet que j'avais écrit suite à un conseil pédagogique.
J'y avais demandé et obtenu le vote (symbolique !) :
- de moments de lecture sur place au moins 1 fois dans l'année pour TOUTES les classes
- de la priorité accordée aux achats de livres courts, quitte à acheter moins de gros romans, ou moins de livres documentaires "scolaires", pour limiter l'effet conjugué des baisses de budget et de hausse du prix des livres. Ils ont validé en toute connaissance de cause ce choix, plutôt que celui de dire qu'on allait augmenter le budget du CDI, pour continuer à acheter des livres documentaires scolaires. Du coup, si un jour on me fait le reproche d'un fonds vieillissant ou déséquilibré, je ressortirai ce vote !!

Cette année, j'ai déjà profité de l'évaluation de fluence pour voir les 4e en lecture sur place dès le début de l'année. Si cette évaluation est étendue à tous les niveaux l'an prochain, je compte d’ailleurs bien continuer à en profiter, en mêlant un mini-rallye de redécouverte du CDI à un peu de lecture sur place.

Au cours de l'année, j'ai ensuite essayé de voir les classes, mais force est de constater que, pour plein de raisons, seuls quelques collègues ont saisi l'occasion de faire des demi-groupes pour créer ce petit moment de lecture sur place.
Les raisons :
- Tout le monde a le nez dans son guidon
- Faire lire les élèves n'est pas la priorité de tous
- Je me laisse moi aussi prendre par le quotidien et laisse passer les mois sans penser à les solliciter
- Il faut prévoir 25 min d'une autre activité, et ce n'est pas si facile que ça !

Donc avec mon adjoint, on a programmé une session de lecture sur places imposées aux classes de 4e et 3e, en faisant d'une pierre deux coups : piqure de rappel Pix en demi-groupes, associée à 25 min de lecture sur place.
Il s'est lui-même chargé de faire un planning que j'ai validé avant diffusion, et nous avons réservé la salle informatique annexe du CDI (salle qui est un sacré atout pour organiser facilement ce type de séance !).

Pour donner un petit côté "opération culturelle officielle", j'ai créé une sélection de livres "vite lus" pour l'occasion, pour pouvoir dire aux classes qu'elles venaient participer à l'évènement.

Quel délice de voir tous ces élèves plongés dans un livre, sans que plus rien n'existe autour d'eux !

Je vous détaille en dessous quelques éléments du projet.
Projet qui, vous avouerez, est d'une technicité folle, d'une complexité stressante, et méritait bien un topo pédagogique détaillé !!