Dans une discussion Bluesky en février dernier, j'ai interpellé Vincent Patigniez au sujet d'activités possibles avec les élèves sur les relations toxiques. Il m'a donné comme idée la création collective d'un violentomètre.
Merci à lui, parce que c'était une super idée !
Quelques semaines plus tard, je suis ravie de vous présenter la " Règle de l'amitié" créée collectivement par les élèves sur deux semaines "Bien-être".
Au départ, j'ai proposé des modèles de harcèlomètre pour aider les élèves à comprendre le principe, mais j'ai trouvé qu'ils avaient du mal à s'en éloigner.
J'ai donc remis une 2e feuille avec les 3 catégories, sans leur donner de modèles, mais en les guidant pour qu'ils se placent dans l'ultra-concret de la vie quotidienne de collégiens, et pour que les entrées soient les plus parlantes possibles, tout en recentrant sur les relations amicales.
On a en parallèle cherché un nom. On a finalement opté pour la "règle de l'amitié", mais j'ai réalisé après avoir créé les marque-pages que je n'y avais pas fait figurer les centimètres des violentomètres et harcèlomètres classiques. Tant pis, j'ai conservé le nom quand-même.
L'espace de travail (voir première photo) était visible pendant les portes ouvertes du collège, c'était le hasard du calendrier, mais ça tombait pas mal, du coup.
Le CPE m'a ensuite aidée à choisir les items et à les classer (les élèves n'ont rien fait à cette étape, leur mobilisation était épuisée !), et m'a suggéré de découper en 4 catégories de couleurs au lieu de 3.
C'est évidemment perfectible, et j'ai déjà repéré des choses à changer, mais ce sera intéressant de laisser aux élèves la possibilité d'agir aussi sur la suite et les modifs à faire.
L'utilisation de la règle, et autres prolongements pédagogiques
J'ai eu l'occasion de m'en servir avec un élève puni qui m'a expliqué que ses amis l'incitent à faire des bêtises : "Hum, des amis, vraiment ? Regardons cela !"
J'ai pu également faire un prolongement dans le cadre de la Fête du court métrage auquel je participe depuis 2 ans. J'ai choisi de montrer le court métrage "Coeur béton" aux classes de 4e-3e inscrites. Parmi les "amies" de l’héroïne, l'une d'entre elles est clairement toxique, et cela m'a rassurée de voir que cela n'était pas passé inaperçu chez les spectateurs.
C'est trop tôt pour dire si cela va vraiment servir à quelque chose, mais des élèves se sont déjà servis dans le présentoir, on verra avec un peu de recul s'ils en parlent. Un élève de 5ème Sepga a également demandé à son professeur principal s'il pouvait le présenter à laa classe, parce que certaines situations correspondaient à ce qu'il vit avec certains élèves.
Des jeux collaboratifs qui créent de la collaboration inter-génération !
Pendant les 15 jours "Bien-être", j'ai laissé à disposition les jeux suivants :
Dans le fonctionnement habituel du CDI, les élèves peuvent déjà jouer, mais à des jeux en binômes, avec du matériel non bruyant, sur les fins d'heures d'étude.
Quelques midis sont également réservés de temps en temps aux jeux de lettres et de stratégie, mais uniquement dans le cadre du FSE pour les adhérents, avec un CDI fermé aux autres élèves.
Cette fois, pour créer l'événement, j'ai permis de jouer sur les heures entières d'étude et tous les midis, dans un CDI ouvert en parallèle aux non-joueurs.
Deux constats :
- Grand intérêt de la part des élèves, y compris pour des jeux a priori exigeants (comme Concept). Peu de bruit, les élèves étaient vraiment respectueux.
- Grande fatigue pour moi, obligée de jongler entre l'afflux classique d'élèves, la gestion du CDI, et les demandes de joueurs à qui il fallait apprendre à jouer d'abord (donc rester assez longtemps à côté d'eux en étant très concentré) puis surveiller et revenir voir de temps en temps si les règles étaient acquises.
Plus jamais ça !
Une semaine suffira la prochaine fois. A la fois à cause de la fatigue physique et nerveuse pour moi, et parce que les élèves prennent vite des habitudes ! Depuis, j'ai besoin de dire et redire que "non, les jeux, c'était seulement sur la semaine Bien-être", et ça continue de me fatiguer !
Mais comme je ne suis pas quelqu'un qui arrive à mettre de côté facilement un truc qui marche, j'ai cherché des solutions pour leur permettre de continuer à jouer à ces jeux collaboratifs :
- il me fallait des adultes : occasion de reconstituer ma brigade de bénévoles lecture éparpillée depuis le Covid
- il fallait qu'ils soient formés à l'animation des différents jeux
- il fallait que la formule soit la moins contraignante possible pour moi, et pour eux.
J'ai donc proposé à l'association Temps libre avec laquelle je travaille depuis presque 20 ans un RDV souple tous les 15 jours au CDI, pour apprendre à jouer et jouer ensemble, avec ou sans élèves selon les élèves présents en étude (on ne peux jamais le prévoir) et volontaires (parce que bon, hein !).
Souple pour tout le monde parce que :
- si jamais aucun des bénévoles n'est disponible, je joue seule avec les élèves ou je ne propose pas l'activité
- si jamais je ne suis pas disponible, soit j'annule, soit les bénévoles jouent entre eux (ils ne peuvent pas rester seuls avec des élèves si je ne suis pas présente)
- si jamais il n'y a pas d'élèves, on joue entre nous pour qu'ils soient formés progressivement à tous les jeux proposés.
Une fois formés, les adultes pourront être autonomes avec des groupes d'élèves de l'étude dans la petite salle de travail du CDI pendant que j'ouvre le CDI aux autres, sur ce créneau d'étude ou sur des créneaux supplémentaires (heures de vie de classe pour un projet avec le PP, ...).
Nous avons déjà eu trois RDV. Avec 5 bénévoles inscrits, 3 déjà venus et 19 élèves de l'étude touchés, de la 6e à la 3e (parmi lesquels des externes présents en étude mais jamais là le midi), on peut dire que c'est une affaire qui roule.
Au départ "juste" une action ponctuelle sur les relations toxiques, je suis ravie de voir que cela a finalement débouché sur des actions pérennes, et une nouvelle collaboration avec un partenaire extérieur !
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