mercredi 8 novembre 2023

Classement des livres : les 6ème lancés dans le grand bain sans bouée, ou presque

Cette année, j'ai voulu retenter l'exposé express que je faisais il y a quelques années, pour que les élèves s'approprient les classements du CDI par eux-même.
Chaque table devait créer en 1h un exposé A3 en équipe, à partir de quelques photos imposées, en rajoutant un titre, et des légendes donnant des indications sur le classement.

J'ai pris sur les heures quinzaine du CDI et un peu aussi sur des absences de professeurs, pour réussir à les avoir 3 fois sur 15j, et ainsi prendre le temps de ne pas les presser comme je le fais d’habitude. On a donc pu réfléchir aux objectifs, et faire l'évaluation. Du grand luxe pour un profdoc !

J'ai séparé 3 thèmes : romans, BD-mangas, livres documentaires.
Mon objectif était double :
- qu'ils découvrent "seuls" les classements, en espérant que cela "tilte" davantage que quand c'est moi qui leur explique !
- travailler les compétences du travail en équipe.

J'attendais de voir si ça allait fonctionner avant d'en parler ici.
Et ben ça a marché !
Donc, go !

Évidemment, il reste à voir, au retour des vacances, quand je vais faire les ateliers sur les cotes, s'il va en rester quelque chose.
On verra bien.
Au moins, il restera les acquis du travail de groupe.
Et on peut penser que ces exposés sont une des pierres d'un édifice assez compliqué à faire tenir : le concept de classement.

Il faut dire qu'au CDI, avec la multiplication des espaces romans, les petites boites à droite à gauche, les étoiles de Mario pour les niveaux de romans... je ne leur facilite pas la vie.
Mais avant de passer à esidoc, si je ne veux pas avoir d'électrons libres qui errent au CDI sans trop savoir ce qu'ils cherchent, ils doivent comprendre le concept de classement, à défaut d'en maîtriser les codes précis.

Voici le diaporama support, j'en détaille les étapes après.

Cliquer pour ouvrir le diaporama des consignes

 

Étape 1 : 20 min pour présenter le travail et ses objectifs (étape qui saute le plus souvent)

Les logos "tableaux" sur certaines diapos correspondent à des moments où chaque table réfléchit en équipe à la question.
La correction se fait à l'oral, toujours de la même manière : je passe en revue les tables les unes après les autres, chacune me donne une seule réponse, qui doit être différente des réponses déjà données (pour qu'ils suivent !), le tout sans lever la main (ça évite que ce soit toujours les mêmes qui lèvent la main et soient interrogés), et jusqu'à extinction des idées.
Ils se servent de l'ardoise collective qui est dans la pochette de table.

On s'est donc interrogé tour à tour sur les objectifs du travail (et ben c'était pas du luxe ! Annoncer le titre n'avait pas franchement suffit à ce qu'ils se projettent), les objectifs du travail d'équipe, et enfin ce qu'est une affiche réussie.



Cette année, je considère le travail de groupe comme un objectif à part entière. Je rends son apprentissage plus explicite.
Par exemple, je présente comme un objectif le fait qu'à chaque table, chacun se sente bien, soit intégré, aidé. Et c'est de la responsabilité de chacun de faire en sorte que cela se passe comme ça, ou de m'avertir s'il y a un os dans le pâté communautaire, pour que j'intervienne en médiation.
Sans doute l'influence de mes formations pHARe, et le fait que j'appartienne à l'équipe Bien-être.


Étape 2 :  le travail en lui-même (1h entière sans coupure ni explications)

Après la première classe, quand j'ai vu les difficultés à comprendre seuls les classements (l'observation d'une étagère ne suffit pas, parce qu'ils ne font aucune hypothèse), j'ai rajouté un guidage plus "carré" avec des étapes minutées de rangement de livre, pour les aider à prendre en main les classements.

Apparté : c'est inouï de voir des élèves avec un livre entre les mains, pour chercher à quoi correspond l'étiquette (je ne parle pas encore de cote). C'est sans doute normal, je n'arrive pas à me projeter dans leurs cerveaux d'enfants, moi qui ait un "cerveau classé" (depuis toujours, sans doute, mais surtout depuis que mon quotidien professionnel EST classement !).
Ils ont le livre, voient la cote, voient la couverture, et ne font pas, mais pas du tout, le rapprochement auteur-cote ou titre-cote.
Et si j'attire leur attention, genre "regardez la couverture. Il n'y a pas quelque chose qui est pareil que les lettres de l'étiquette, là, sur la couverture ?" en me disant que vraiment, j'exagère, c'est cadeau comme indice, et bien non, toujours rien.
Plus inquiétant, quand je montre le nom de l'auteur, ou le titre, ils ne savent souvent pas les nommer. Et quand à bout de patience, je sors "ben c'est l'auteur, c'est le titre", ils ont l'air de l'avoir su, mais sans avoir repéré que c'était ça que j'attendais.
Un mystère, ces cerveaux !

Pour la mise au propre, j'ai imposé la méthode de l'exposé puzzle, pour éviter que 3 élèves regardent le 4ème écrire seul sur la feuille définitive ! J'ai donc coupé des petites bandes de papier, qu'ils pouvaient aller chercher une fois leurs brouillon de légende validés. Et une fois que chacun a fait sa légende, ils placent et collent.

1h, ça rentre, mais faut pas lambiner, et tant pis si c'est incomplet, moche, l'objectif n'est pas qu'ils comprennent tout à cette étape : c'est qu'UNE des pierres soit posée.


Étape 3 : l'évaluation (là-aussi, je n'ai pas souvent le temps de le faire)

J'ai rarement le temps d'évaluer, et cette étape saute souvent. Mais comme j'ai rajouté des heures sur des absences de professeur, et que j'ai eu 3h par classe sur 15 jours pour faire cet exposé, j'ai pris le temps de faire les choses bien (bon, évidemment, les piles amoncelées sur mon bureau ne vont pas vous dire que c'était "faire les choses bien"...).

Il y a eu une auto-évaluation individuelle, puis l'évaluation collective d'un autre exposé. Avec une grille qui a un peu évolué au fil des classes, pour devenir ça :

On peut la voir en plus grand à la fin du diaporama

La grille individuelle a été collée dans le dossier de chaque élève. L'autre a permis de déterminer quels travaux allaient être affichés.


Remarque : une micro référence à la classe puzzle selon Meirieu

Ce n'est pas exactement une activité "puzzle" parce que les élèves n'ont pas été brassés lors de cet exposé.
Mais ils vont l'être à la rentrée !
Le placement aléatoire avec les cartes à jouer est tellement facile à mettre en oeuvre que je vais refaire les plans de tables au retour des vacances de la Toussaint.
Du coup, je compte bien que les nouvelles tables seront, par le jeu du hasard, composées d'élèves qui auront travaillé sur des thèmes différents.
Lors des ateliers suivants, quand nous travaillerons sur les cotes des différents types de documents, chaque élève aura donc des choses à apporter, que les autres ne sauront peut-être pas.


Dernière étape : comment faire des beaux titres à la main

Je suis vache, je ne leur explique pas comment faire des beaux titres avant, je les laisse en faire des moches !
Comme ça, après l'évaluation, en gros, je sais que je suis amenée à dire "ils sont quand-même pas jojo, vos titres ! Allez, on va voir comment faire mieux".
Je trouve qu'ils sont plus attentifs à cette étape quand c'est vraiment pour répondre à un besoin. Mais j'avoue, cette année, ils n'étaient pas trop mal dès le départ. J'avais vu pire d'autres années.

L'autre raison, un peu bizarre mais liée au timing de mes heures quinzaines, c'est que si je leur montre avant, ils vont TOUS vouloir faire un beau titre et vont y passer le temps qui est prévu à la création de l'exposé. Le titre n'est clairement pas ma priorité dans ce travail, mais je veux qu'ils sachent en faire pour les travaux plus longs demandés par les collègues.

Je montre donc ce diaporama, je fais quelques démo au tableau, et je distribue du brouillon pour qu'ils s’entraînent avec la méthode de leur choix.

Cliquez pour ouvrir

Ils le font avec leur prénom ou avec leur titre, pour justement le refaire comme ils ont commencé à le faire ici :

 

Une activité dépendante des absences de professeurs, et reliée à d'autres projets

J'ai pris plein d'heures d'absence de professeurs pour pouvoir terminer ces 3h d'exposés à temps avant les vacances (20 min de présentation, 1h de création, 1h pour l'évaluation et les beaux titres). A raison d'une heure quinzaine, j'aurais terminé fin novembre !
Rien ne dit que cela sera pareil l'an prochain.

Et puis il fallait aussi que ce soit terminé pour la semaine de la rentrée de la Toussaint. En effet, ils vont avoir une heure de création d'affiche sur le harcèlement pour créer une fresque géante pour la salle d'étude. C'est une activité qui fait suite à notre première séance de présentation de la cellule bien-être. Il fallait donc que la séance sur les beaux-titres aient été faite dans toutes les classes, pour que leurs affiches soient jolies-jolies !
Rien ne dit que la séance "beaux titres" sera l'an prochain à la même époque. Mais en général, j'essaie de la faire tous les ans.


Voici quelques affiches parmi les meilleures

Franchement, pour 1h de travail effectif, je trouve ça pas mal. Le fait que l'activité de groupe était semi-guidée leur a permis de ne pas trop perdre de temps, aucun élève n'est resté en retrait ou inoccupé.
Et ce que les affiches ne montrent pas, c'est que le fait d'avoir eu à ranger un livre pour comprendre le classement les a vraiment aidé à se poser des questions sur le classement, et à le théoriser.
Les photos du coin Romans étaient trop complexes, je pense que je simplifierai si je le refais. Et il faudra aussi modifier mon choix de photos pour les livres doc. Il y avait trop d'implicite sur les "choses importantes" à dire.





 

Au retour des vacances, je commence les "ateliers autonomes" déjà créés. A part quelques améliorations pour les rendre "plus beaux", je pense que je vais conserver la même organisation : une "fausse" autonomie pour ne pas m'épuiser ! Je me suis arrangée pour qu'il y ait assez d'ateliers identiques pour que plusieurs tables, voire toutes, travaillent sur le même atelier au même moment. 

Atelier vert sur les types de documents

Diaporama sur les cotes, avec travail par table avec les ardoises

Évaluation avec l'atelier rose


Cela allège ma charge mentale, à défaut de m'économiser les déplacements entre les groupes.
Et entre les deux salles !
En effet, pendant les ateliers aux tables dans la petite salle, deux équipes vont travailler aux ordinateurs sur Esidoc, avec les bocaux de tirage au sort (je ne sais pas encore si je conserve l'activité aux tables sur Esidoc, présentée aussi dans ce billet. Je n'ai pas encore décidé).

Ce que je sais, par contre, c'est que je mettrai cette année un TIMER pour leur mettre un peu la pression, quitte à ce qu'ils reviennent sans avoir trouvé.
Un artifice qui n'a pas l'air pédagogique, mais qui en réalité est sacrément efficace pour les obliger à réfléchir !

Et plouf !

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