Le terrain de bataille commence à être un peu plus équilibré, on dompte peu à peu la bête !
On peut brasser, mais il faut tracer.
Et accessoirement, continuer à ne pas tomber malade, donc on évite de se coller les uns aux autres et d'être 70 dans la pièce !!
Les 18 derniers mois ont surtout fait du mal à la lecture et à l'autonomie des élèves. Pas de clubs, pas de mélanges, pas d'accès libre. Des emprunts surtout chez les élèves qui lisent les affiches, les mots Pronote, et qui sont vraiment à la recherche de lecture. Donc pas la majorité de mes élèves...
Cette année, je voulais donc mettre l'accent sur la lecture et l'autonomie, quitte à sacrifier d'autres activités. Comme le jeu, pourtant habituellement omniprésent dans mon quotidien.
Tu voulais jouer ? Prends un livre !
Adaptations de la rentrée :
- création d'un nouveau créneau 7h30-7h55, pour emprunter et lire sur place. J'arrive toujours une demi-heure avant les cours, alors autant rentabiliser ma présence.
Et comme ça, cette demi-heure de travail est comptée dans mes 30h. A défaut de pouvoir appliquer la circulaire "1h pour 1h", je valide tous mes temps de travail.
- récré de 10h : accès libre, mais priorité aux emprunts. En cas d'engorgement des lecteurs, j'ai prévu un niveau prioritaire par jour pour lire sur place (s'il y a trop d'élèves seulement, sinon je leur fous la paix).
Là aussi, ces 20 min de travail sont comptées dans les 30h, je ne fais pas de pause, et ces moments pourraient quasi compter pour triple en intensité !
- midi / lecture exclusivement : avec toujours mon parapluie arc-en-ciel à guetter, pour un accès uniquement en ma présence. Cela me permet de gérer le flux en amont. On continue à exploiter la cour intérieure en cas de temps correct.
Et c'est après le repas, parce qu'on ne sait jamais à quelle heure les classes doivent manger (pas de brassage à table), et il ne faut pas risquer de rater l'heure.
Hier, j'ai quand-même mis des 3ème sur les ordi pour Pix ou la techno, y'avait quasi personne et j'avais confiance, je pouvais continuer mes allers-retours avec les lecteurs qui étaient sous les arbres dehors ! Mais je n'en fais pas de publicité, c'est une entorse à la règle, quand je n'ai pas grand monde, et qu'il s'agit d'élèves qui viennent peu par ailleurs. Un peu de souplesse à la bonne franquette et à la tête du client, totalement assumé et expliqué. Les pénibles savent qu'ils le sont...
- midi / jeux : j'aimerais reprendre le club Jeux de stratégie, mais toujours sans bénévoles (ou alors à distance comme l'an dernier, avec la webcam pour des parties d'échecs en ligne) et sans mélanger lecteurs et joueurs, pour que ce soit gérable avec le traçage qu'on me demande. Je ne sais pas trop comment m'organiser encore.
J'ai déjà prospecté pour trouver un parapluie échiquier, pour qu'on me repère dans la cour, et qu'on ne mélange pas les jours de lecture et les jours de jeu.
La classe !! |
- heure d'étude : je peux prendre plus de monde que l'an dernier, mais surtout mélanger les classes. J'encourage les élèves à continuer à réserver des créneaux par Pronote, pour être sûrs d'être pris (ce qui est rarement le cas s'ils attendent le moment des études, où les élèves sont un peu dans tous les sens, sans réelle organisation pour l’instant). Tant pis, je pars quand j'en ai une poignée devant moi, sans savoir si d'autres auraient eu davantage besoin qu'eux de venir. C'était l'avantage d'une organisation en CCC, comme je l'avais pensée (rappel : le CCC n'est le CDI, c'est l'articulation entre toutes les salles prévues sur les temps d'étude, modernisées pour les adapter aux nouvelles façons de travailler).
- classeur de traçage : seulement s'ils lisent ou jouent en intérieur, à côté de quelqu'un d'une autre classe. Bon, ils sont censés remplir le classeur seuls, pour me gagner du temps, avec les noms et classe. Mais je commence déjà à retrouver des simples prénoms, façon "devine qui je suis"... Omondieu qu'ils me fatiguent !
- pinces à linge à poser sur leur table, pour m'éviter de tout nettoyer à chaque fin d'heure, alors que la table n'a pas été utilisée. Je préfère faire le tour moi-même chaque fin d'heure, avec mon chiffon et mon pschitt, plutôt que de déplorer de l'eau sur tous les bouquins... Ils se débrouillent avec leurs claviers, et les noient si ça leur fait plaisir, je m'en fous, c'est pas mes ordi !!
- et tant pis pour la manipulation d’objets potentiellement covidés, je redemande les carnets à l'entrée, sur les heures d'étude. Je les saisis directement dans Pronote, maintenant qu'on sait comment me donner la main pour saisir les études, et je les distribue un par un à la fin, pour éviter qu'ils partent sans ranger (qu'est-ce que ça m'a mis les nerfs en pelote, l'an dernier, quand ils partaient comme des volées de moineaux à la sonnerie, sans ranger ni dire au revoir. Des vrais sauvages ! Avec leur carnet, je les tiens !!! Niarf niarf niarf, la mégère du CDI est de retour, les mômes !!).
En prime, cela me permet aussi d'apprendre leurs noms peu à peu.
Je me lave les mains après, tant pis. Mais c'était important pour moi d'avoir ces carnets, pour ces deux raisons, et pour les alertes incendies, quand il faut savoir qui est avec nous.
J'ai déjà été beaucoup sollicitée par mes collègues, et ça me fait très très plaisir. Par exemple, pour :
- montrer l'ENT, Pronote, Pix... J'en profite alors pour parler d'esidoc et de ma chapelle ! La casquette "Référent numérique" est un vrai cheval de Troie pour le CDI ! Et cela assoie aussi mes compétences dans le champ numérique, omniprésent aussi en recherche d'infos.
- intervenir sur le harcèlement en 5e, que j'aborde sous l'angle de la "communication bienveillante". Je l'ai déjà fait plusieurs fois en 5e, mais je n'en ai jamais causé ici. J'ai une séance la semaine prochaine, ce sera l'occasion d'une mise à jour.
Et on a un projet plus large avec la vie scolaire, avec un rayon de livres dédié, une boite à lettres anonyme, et un groupe chargé d'y répondre, façon "courrier du lecteur" des magazines. Peut-être par voie d’affichage, ou sur le site du collège. J'aimerais que l'organisation soit le fait des élèves, donc pour l’instant je n'y réfléchis pas trop, pour leur laisser la main. Les AED sont chargés de coopter des élèves qu'ils verraient bien sur le projet. On en recause très bientôt !
- parler des fake news en 4e. Je pense créer un parcours du même type que le précédent. J'ai déjà mis de côté quelques vidéos, il me reste à trouver le scénario.
- faire des exposés sur les planètes en 6ème (le collègue de l'an dernier a changé, les demandes de la collègues sont différentes, et le timing aussi. Des 6ème la 3ème semaine de la rentrée, c'est pas tout à fait pareil qu'en fin d'année...)
- bosser en 3e sur les femmes dans la résistance, avec des reportages audio (on a déjà fait)
- travailler sur l’attention et la concentration en 6ème. Sur le sommeil, aussi.
- créer des caisses de lecture pour des 1/4h lecture maison, chacun géré par les enseignants à sa sauce.
- participer aux ateliers de soutien lecture en 6e
- voir les 6 classes de la SEGPA pour un programme à l'année, avec une heure quinzaine par classe. On mélange activités liées à la prise en main du CDI, lecture et informatique. On va formaliser un peu plus ce qui est déjà fait depuis de longues années.
- voir les 4 classes d'une collègue de français pour une heure quinzaine d'activité en demi-groupe, avec de la lecture sur place ou des activités plus spécifiques.
Du côté des projets pédagogiques que je mène seule :
- J'ai réussi à avoir les classes de 6e en heure quinzaine. Mais cette année, avec la création d'une option FCA (Français langues anciennes) qui met 3 classes en barrette deux heures par semaine, je suis obligée de revenir le mercredi matin de 8h à 9h pour une des classes. Je suis ravie !! Je ne dis pas que l'étymologie de la langue n'est pas importante, je dis que ma pov' heure quinzaine pour faire "un peu" d'EMI avec les gosses, je dois me battre pour l'avoir, alors que là, 2h semaine (4 fois plus !!), ça passe tranquillos... Marre, un peu. Donc sur mes heures CDI, j'ai décidé de ne plus rien faire qui ne "serve" qu'aux collègues. Je vais courir pour ma paroisse, parce que bon, hein !
Et je pars à 14h30 ou 15h30 en fin de semaine. Je ne donne plus d'heures au collège, même si ça me fend le coeur de voir les yeux des lecteurs de fin de journée, quand ils me voient passer, en route pour mon goûter !! Je ferme les yeux et pense à mes tartines !
- Je continue l'EMI à distance 5e, élargi cette année aux 4ème. Pour exister, devenez virtuel !
Activités péri-scolaires survivantes :
- Soutien lecture : mon expérience de l'an dernier m'a donné envie de le proposer à tous, sur la base du volontariat. Soit pour des difficultés de lecture, soit pour les aider à lire les livres imposés en français. L'article était resté en brouillon en juillet, je le reprendrai dans les semaines à venir, après quelques recherches supplémentaires.
- Ciné-Club ponctuel : on a tenté à distance l'an dernier, il y a de la demande. J'ai deux collègues intéressés pour l’animer avec moi. On a participé l'an dernier au festival Takorama de l'Unesco :
- Club jeux : 1 fois par semaine au CDI (jeux de stratégie), et 1 fois au foyer (jeux de société et d'extérieur). Cela m’embête de fermer le CDI aux lecteurs deux midis, mais la plage horaire du midi est devenue peau de chagrin, maintenant que je dois manger hors de leur présence, et que je ne peux les prendre au CDI qu'après leur repas à eux. On fait donc ce qu'on peut ! Et puis j'ai décidé d'arrêter de mélanger 10 activités en même temps, je vieillis !!
Puisque le CDI n’est pas ouvert aux lecteurs pendant ces activités, je ne compte pas ces temps de jeux sur mes 30h. Du coup, je les fais sauter si je veux, si je suis fatiguée.
- Clubs à la demande, comme d'habitude : exemple avec ce tout nouveau club dessin pour 3 élèves de 4e-3e qui viennent au CDI et veulent dessiner. Problème, je n’accepte pas les dessins pendant les heures d'étude, et je ne veux pas perdre ces 3 élèves ! Donc, je les mettrai dans la petite salle de travail, avec un club officiel. Ils peuvent dessiner, et je ne déroge pas à mon règlement !
- Siestes contées dedans, et lectures de contes en extérieur (j'ai un haut-parleur ventral, comme les guides touristiques !)
De l'expérience Covid, je vais garder les activités à distance, l’habitude de communiquer via Pronote, l'exploitation de l'espace extérieur, et le passage en étude proposer des livres moi-même (et pas en laisser sur place).
En gardant à l'esprit que le principal pour durer, c'est de s'économiser. Cela passe par beaucoup d'organisation, et par des objectifs redéfinis : lecture et autonomie. L'EMI va passer au second plan, parce que nous ne sommes pas seuls sur ce champ d'action, que l'institution ne nous donne pas les moyens de fonctionner sur ces sujets, et qu'ils nous épuisent !!
Et bien, tout cela nous promet quelques articles cette année encore, pour vous relater ces diverses expériences. Je me régale à l'idée de mener tous ces projets et de vous les partager.
Une vraie année de profdoc, quoi ! Et ma foi, cela redonne le sourire et la pêche.
Dans la pêche, quelques vers, mais pas mal de soutiens pour se maintenir à flot !
Nancy Ekholm Burkert’s James and the Giant Peach (detail, full image below)
merci pour ce partage, des choses à grappiller
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