Nous y voilà !
Il ne s'agissait pas de rouler des mécaniques façon "Moi je vais faire ci. Moi, je vais faire ça !". Un des intérêts innombrables de ce blog pour moi, c'est qu'il m'oblige.
Alors j'ai dit que je ferai du tri et de la communication, et bien je le fais.
Même si je suis terrorisée.
(être une femme libérée c'est pas si facile)
Commencer par dépouiller les programmes des disciplines...
J'ai commencé par un appel aux collègues sur Twitter, pour m'aider à faire la liste des mentions de nos missions dans les programmes des collègues :
- Lecture loisir (je refuse le terme de lecture plaisir, cela oppose le CDI et le français. Cela laisserait entendre que lire l'Enéide en 6e n'est pas du plaisir. Bon, OK, c'est pas le meilleur exemple...)
- Lecture technique (maîtrise, remédiation)
- Le CDI et le profdoc
- Et bien sûr l'EMI, dont l'info-doc (je n'ai reçu que des réponses sur ce thème-là, il faut que je dépouille seule les autres sujets, c'est en cours !)
...pour avoir des billes pour répondre à "Désolé, j'ai mon programme à finir"
L'EMI, le socle commun, le plan lecture, les "éducations à", Pix... et tout le tralala s'imposent à tous, dépassant les programmes de chacun.
Mais on ne va pas se le cacher, j'entends plus souvent "Désolée, j'ai mon programme à finir" que "ô oui, chouette, bossons ensemble sur cette compétence commune si importante"...
Faire un état des lieux des programmes de chacun ne leur donnera pas de temps pour le faire, or c'est LE souci principal. Mais au moins, j'aurais un peu de répondant si on me donne cet argument.
Je sais bien que
(julien clerc ma préférence)
Et le mien de programme, ça ne fait frémir personne si je ne le termine pas ?
Je fais comment pour remplir mon contrat si je n'ai pas de cours avec mes élèves et que mes collègues estiment que mon contrat ne croise pas le leur ?
On
touche là au coeur du problème.
"Profdoc, voici un petit problème à résoudre pour votre prochaine inspection, un système à 4 équations et beaucoup d’inconnues :
1- Sachant que tous les enseignants ont les mêmes objectifs concernant l'EMI, la lecture, le socle commun ;
2- Que les collègues disciplinaires n'y sont pas tenus par leur hiérarchie, et ne doivent jamais rendre de compte sur leur travail avec le profdoc et/ou le CDI ;
3- Que ce sont eux qui ont les élèves en cours
4- Vous devrez prouver que vous avez travaillé en partenariat, et que vous avez tout mis en oeuvre pour mettre en place une politique documentaire, l'incitation à la lecture, l'ouverture culturelle.
Bonne chance !"
Les collègues n'y sont pour rien dans notre situation, je le sais bien. Beaucoup compatissent et parfois certians travaillent volontiers avec nous, sans sentiment de se sacrifier.
Mais il arrive que mon côté sorcière ressorte, et que je rêve qu'un matin, des profs d'art, de techno ou de français se réveillent en
"cerises sur le gâteau". Juste pour qu'ils voient comment
on se sent.
Même programme, mêmes injonctions ("C'est tellement
important, l'Art !!"), mais pas d'heures régulières et programmées avec les élèves. Juste 30h sur place pour ouvrir
et gérer une salle où tout le monde peut venir
travailler/lire/jouer/créer (selon les projets), préparer des
séances et essayer de les caser ou de les refourguer à droite à gauche, et tentant de leur
donner un semblant de cohérence et de progressivité.
Je m’étais amusée à imaginer cette situation en 2016 dans un billet "Utopie ou dystopie ?".
Le prof bonus
Une collègue de lettres m'a un peu titillée dernièrement sur Twitter, suite à un message où je me demandais si je ne devrais pas imposer des présentations de livres aux classes, par dépit. Elle a tenu à rappeler que les réformes ont supprimé des heures de cours, et qu'ils ont du mal à tout terminer.
Elle a parfaitement raison, et je vois nombre de collègues avec autant de frustrations que moi.
Depuis bien longtemps, on observe cette logique de supprimer des heures pour
des dispositifs qui sautent ensuite. Lors de ma première
pré-rentrée, un collègue syndiqué avait prédit que tel nouveau
dispositif disparaîtrait après avoir été le prétexte pour faire sauter
des heures de cours, qu'il fallait rester hyper vigilants, camarades !!
Je m'en souviens encore, je l'avais trouvé si négatif !! Les vieux, toujours en train de râler,
c'était pourtant une super idée, ce nouveau dispositif de travail en
commun !! Par la suite, je me suis retrouvée à mon tour à jouer les Cassandre.
De cette logique, aucune discipline n'en sort
gagnante.
Mais il y a eu aussi des "bonnes" nouvelles pour les collègues : 2ème langue en 5ème, sciences physiques en 6ème, devoirs faits pour que les élèves fassent le travail qu'ils leur donnent à faire à la maison (et qui donnent encore plus de valeur à leur programme).
Ah ah ah, manque de pot, pour les profdoc, c'est la double peine :
1- Les collègues estiment ne plus avoir de temps à consacrer à des projets qu'ils ressentent comme des bonus (à tort, on l'a vu, mais QUI oeuvre pour remettre ces objectifs en bonne place dans leurs programmes ?) et leurs emplois du temps ne leur laisse aucune marge pour passer un peu de temps avec nous à préparer ces potentielles séances. Je n'oublie jamais que ces préparations ont lieu sur mes 30h (sauf échanges par email et préparation de documents à la maison), alors qu'eux passent en dehors. Et leur "dehors" est de plus en plus chargé (en heure sup, ou en devoirs faits, par exemple...), et certains saturent.
2- Il est de plus en plus difficile d’obtenir des heures pour former les élèves en 6ème et 5ème. Je n'ai les classes que s'il reste des
trous.
Et encore, j'ai de la chance, chez moi on accepte de dépasser les 6h maxi par jour : "Vous, c'est pas un vrai cours, les élèves ne sont pas aussi fatigués, hein !". Je n'ai rien dit, j'ai pris les heures...
Je suis plus que jamais le bonus, la cerise sur le gâteau.
Une
collègue m'a même dit gentiment que comme l'année prochaine est sa dernière année, elle se "fera plaisir en
bossant avec moi, puisque ce sera sa dernière année, alors tant pis pour le reste".
Une belle manière de me dire que je ne suis pas au
programme, et qu'en tant que "cerise sur le gâteau", je vais devoir
attendre pour faire mon boulot que des collègues partent à la retraite
!!
Je ne sers à ce point-là à rien, qu'on me garde comme une poire pour la soif ?
C'est usant d'être cette cerise sur le gâteau, surtout quand les collègues n'ont plus trop faim en fin de repas !
Ils sont peut-être eux-aussi un peu écœurés de leur côté, mais j'en ai assez d'en faire les frais.
Alors soit la lecture et savoir chercher de l'info, c'est important et on se donne les moyens, soit on me dit une bonne fois pour toute que je passe après, mais on arrête avec ces injonctions paradoxales qui me rendent dingue !
Le choix
L'annonce du choix et l'organisation
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