A ceux qui suivent mes aventures via ce blog, j'ai déjà eu l'occasion de dire combien le confinement m'avait donné des idées pour l'"après".
Parmi les choses déjà mises en place parmi ces idées, il y a le créneau "EMI à distance" pour toutes les 5e le mercredi après-midi.
Il a d'abord fallu expliquer aux parents et aux élèves qu'il ne s'agissait pas d'un cours sur place au collège, et que les élèves pouvaient faire les activités quand ils voulaient, et pas forcément sur le créneau d'1h du mercredi.
"Mais j'ai foot, moi, à 15h !" "Comment on fait pour entrer au collège à 16h ?" Pff...
Maintenant, le rythme est pris, chaque mercredi, hop, une activité, facultative ou obligatoire. Sur le CDI, l'EMI, le numérique, les livres, ou juste pour leur faire passer une info. Je vais varier, un peu comme pendant le confinement.
L'organisation
J'ai choisi le mercredi, parce que je ne travaille pas au collège le matin, et que le week-end est consacré plutôt à boucler les séances 6e et le bulletin d'infos.
Je publie les activités en fin de matinée le mercredi. Par contre, je me suis fait avoir deux fois, je n'anticipe pas assez, et quand l'activité est plus longue à préparer (comme le QCM, ou ce que j'ai prévu sur esidoc), il faudrait que je m'y mettes avant.
C'est pas gagné pour moi ! |
Le présentiel en soutien au distanciel, et pas l'inverse
Pour leur expliquer tout ça, et faire un petit topo "Pronote, E-sidoc et nouvelles règles du CDI pour cette rentrée", je les ai pris 1h en présentiel, en cours magistral.
Magistral parce qu'on était dans leur salle, sans ordi et sans possibilité de travail de groupe, et pas en raison de l’extrême pédagogie de l'affaire ! J'ai juste vidéo-projeté les outils, répondu aux questions, expliqué et donné des astuces.
J'ai juste pu faire une micro-activité de révision de vocabulaire numérique (bureau, icône, logiciel, navigateur, URL, lien), avec les mêmes mots serinés depuis l'an dernier, et qu'ils ne savent toujours pas, restons zen.
Zen, je n'ai pas réussi à l'être quand un élève m'a demandé à quoi ça servait de connaître ces mot-là. Il est possible que je lui ai dit "pour ne pas être con".
A moins que j'ai utilisé la métaphore du ballon de foot (je fais beaucoup de métaphore) : "tu peux taper dans le truc rond sans savoir que ça s'appelle un ballon, ça ira aussi loin, mais tu auras l'air con."
Ah si, tiens, j'ai dû le dire, finalement. Ils n'ont qu'à pas commencer, non plus, avec leurs questions à la c... noix.
La première vraie activité à distance, un QCM
En travail maison, j'ai donné cette semaine un QCM Pronote, pour réviser.
La première question est juste là pour présenter le QCM |
A faire obligatoirement !!
Ah ah ah ! Je vous donnerai mes statistiques de passation, pour être tout à fait honnête avec vous, et témoigner du grand succès que je rencontre avec ces activités !
A quelques heures de la clôture... Bof bof |
Ceci dit, je vais rencontrer un souci, si je veux évaluer la compétence "investissement dans le travail personnel" ou un truc du genre.
Il y a des élèves sans internet (le QCM peut être fait sur téléphone, ne pas avoir d'ordi n'est pas un bon prétexte), ou qui ne regarde pas Pronote, qui se contentent de leur agenda, ce qu'on peut difficilement leur reprocher.
Pour les premiers, il faudrait avoir la liste des élèves concernés, pour les rendre prioritaires sur les ordi du CDI (et de la vie sco quand les surveillants les emmènent en salle info sur l'étude, car cette année, ils n'ont plus la salle d'étude avec ordi, c'est assez tendu). J'ai demandé aux PP la liste de ces élèves, je n'ai encore que très peu de noms.
Pour les seconds, je vais passer dans les classes écrire un petit mot au tableau, qu'ils trouveront en arrivant : "Attention, cette semaine, QCM obligatoire en EMI-CDI à distance".
Quoi qu'il en soit, je ne pourrai évaluer la participation qu'en positif, en mettant du vert si c'est fait, mais pas du rouge pour non fait. Ce ne serait pas juste pour ceux qui n'ont pas d'ordi, ou qui n'ont pas vu.
Mais je vais quand-même mettre un rouge pour voir si ça réagit, et je verrai bien, il paraît que c'est efficace...
ça marche un chouilla, le coup du point rouge...
De la même manière, je ne peux évaluer que positivement une réussite, et pas mettre du rouge ou du orange, parce que ce ne serait pas juste pour un élève qui a fait mais n'a pas réussi, par rapport à un élève qui n'a rien fait et donc ne risque aucun rouge nulle part.
Se vendre un peu, beaucoup...
Problèmes des séances EMI :
- Elles ne sont pas validées par l'institution comme une
discipline à part entière (qui a entendu parler de l'EMI ?)
- On
intervient sur des heures de profs absents ou sur des heures d'étude. Donc
forcément, on gêne un peu les élèves, il faut se démener pour leur faire oublier
qu'ils ont raté une grasse mat, un goûter, une heure en étude ou au
foyer (au moins cette année, avec le foyer fermé, on a ça en moins comme
remarque).
Je suis très polyvalente, c'est chouette !... |
Ces difficultés sont renforcées cette année par le protocole choisi par le collège, qui me contraint à un CDI "hors les murs".
Concrètement, cela change tout : le cadre est "scolaire", ils ne sont pas en îlot comme au CDI, et je ne connais pas le matériel ("Mais comment on allume votre vidéoprojecteur ?" "On monte sur une chaise !" Super pour commencer la séance. Et est-ce vrai, d'ailleurs, ou se moquent-ils de moi ? Allez savoir, je suis l'intrus sur leur territoire).
Je suis également tributaire de soucis très très bêtes : j'ai confondu la pochette 5e et 6e, donc retour en bas (deux étages plus bas) pour la récupérer + j'ai égaré mon feutre tableau dans une des salles que j'ai faite la dernière fois, mais laquelle ? Je les ai toutes faites sans le trouver, donc emprunt en cata à la vie scolaire. Et j'ai mis une étiquette sur celui que j'ai redemandé...
Le sujet des outils numériques n'est pas fascinant en cours magistral, et aucune des conditions pour un cours serein n'était mis en place.
"Madame, on est obligés de venir à vos cours ?"
Et ben ça fait toujours plaisir ! Et c'était même pas le même que pour le ballon...
Problème de cohérence : limitez les écrans / allez sur Pronote tous les jours
Les élèves ont très intelligemment soulevés ces deux problèmes (oui, l'esprit de contradiction est très exacerbé chez eux, l'esprit critique et tout et tout !) :
- On les incite à faire beaucoup d'écran via Pronote et le travail scolaire, alors qu'on leur reproche d'y être tout le temps
- Quid du cahier de texte papier ? Comme me l'a dit une élève très sérieuse : "Moi je ne vais pas sur Pronote, je fais mon travail à partir de mon agenda, et c’est ma mère qui regarde Pronote pour voir si j'ai des modifs d'EDT."
Et oui, tous les élèves ne sont pas accrochés à leur téléphone, et non, Pronote n'est pas leur appli préférée...
Cela s'appelle un injonction paradoxale, et on peut y perdre de la crédibilité, si on n'en prend pas conscience.
Le discours a toujours été de dire aux élèves qu'ils
devaient noter dans leur agenda, et pas se contenter de Pronote. Avec le
confinement, le discours a changé, mais souvent implicitement.
Et de plus en plus, les travaux sont à faire en ligne, ou à rendre dans l'espace Élèves de Pronote. Pour les habituer à un éventuel reconfinement, ou tout simplement parce que c'est pratique.
Des avantages malgré tout
Même si ce n'est pas parfait, cet EMI à distance permet de toucher plusieurs types d'élèves :
- Les geek qui ont besoin de nourriture et qui ont envie de maîtriser cet environnement numérique qu'ils fréquentent beaucoup
- Les geek moins curieux et plus consommateurs, mais qui ont tout intérêt à développer un peu plus de maîtrise pour ne pas se faire boulotter !
- Les sérieux qui feront le travail parce que c'est un travail
- Ceux qui ont l'air de dormir en cours, ou qui ne participent pas, davantage pour ne pas perdre la face que par conviction profonde.
Les élèves sans ordi ni téléphone sont peu nombreux, et ne seront évidemment pas pénalisés d'un rouge pour une évaluation non faite (j’enlèverai le rouge une fois qu’ils auront réagi. Et en cas de silence radio, je les verrai pour comprendre).
Il ne s'agit pas de remplacer les séances en présentiel, de toute façon. C'est juste un bonus, une manière d'intensifier ce qu'on ne peux pas faire avec 2 ou 3h par an.
Quant aux autres élèves, ceux qui ne sont vraiment pas intéressés par les cours, qu'ils soient "en vrais" ou virtuels, et bien on peut croiser les doigts et se dire qu'on va découvrir qu'en fait, ils faisaient partie de la dernière catégorie, et qu'on les a mal jugés...
Mantra de cette année : terminer toujours sur une note positive !
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