"A chaque chose malheur est bon". Ce n'est pas la première fois que je rend hommage à mon arrière grand-mère ici, mais il faut dire qu'en ce moment, j'ai pas mal convoqué sa mémoire, pour éviter que le moral flanche. Pourtant, qu'est-ce que ça m'énervait quand j'étais ado ! Surtout quand je voyais sa prédiction se réaliser.
De cette crise, si tant est qu'on n'en avait pas été touchés dans nos chairs, allait forcément en sortir des choses nouvelles, un nouveau souffle pour nos pratiques. Les temps sont propices à cette réflexion, à tous les niveaux de la société.
Dans mon premier billet de confinement, j'ai soumis l'idée que créer des padlets pouvait rapidement devenir une solution un peu facile pour se donner bonne conscience. En effet, qui touche-t-on réellement ? Qui va spontanément dans esidoc en période de confinement (et en dehors, aussi) ? Qui va sur le site du collège ? Nous sommes nombreux à ne pas nous contenter de créer ces listes de ressources, et à chercher comment toucher nos cibles.
Alors cette semaine, après d'autres essais, je suis passée à l'étape "individualisation des contacts". Je sonde, je dépouille, j'envoie ! Et ça marche !
J'ai décidé d'illustrer ce billet en mode "pensée positive" pour compenser le reste... |
Pronote comme porte d'entrée (mais moi, je veux un portail !)
Depuis le début du confinement, pour ne pas m'isoler des élèves et en prime, travailler pour rien, j'ai choisi d’utiliser Pronote comme cheval de Troie pour le CDI.
C'est en effet devenu le lien unique entre le collège et les élèves. C'était moins vrai avant, vu le nombre d'élèves qui n'y allaient pas, ou qui n'avaient pas leurs codes. Et est-ce que cela le restera après ? J'ai émis l’hypothèse dans mon billet sur Pronote que cela serait le cas. Seul l'avenir le dira. L'avenir, ou ce qu'on voudra bien en faire.
J'ai donc lancé des activités obligatoires facultatives (je ne dis pas que c'est facultatif, mais il n'y a aucune conséquence à ne pas les faire, et une évaluation positive si c'est le cas). Cela fonctionne bien, les élèves se sont impliqués assez vite, et continuent à le faire. J'ai vite vu que je garderai l'idée du "travail maison" dans la vie normale.
Malgré ces activités avec quelques classes, il restait encore la frustration de continuer à chercher et mettre à dispo des ressources, sans savoir si elles servaient, si les élèves savaient en trouver le chemin, si même ils avaient connaissance de leur existence.En effet, ces activités obligatoires Pronote n'ont concerné que les 6e et la moitié des 5e. La moitié, parce qu'il a fallu 5 semaines et quelques messages pour obtenir les créneaux. Et avec l'éventualité d'une reprise partielle, et sans doute des modifs d'EDT, je me doute que la profdoc ne va pas être accueillie à bras ouverts quand elle va demander à ce que les séances soient non seulement conservées, mais indiquées "EMI-CDI à distance", pour continuer à toucher tous les élèves...
Zut, une pensée négative, compensons ! |
Marre de lancer des bouteilles à la mer, je tente le "Qui veut quoi ?"
En plus des messages d'infos à tous, j'ai décidé de passer aux messages individualisés : sondage ou discussions.
J'ai proposé à la vie scolaire de lancer un sondage Pronote pour connaître les besoins des élèves, dans nos domaines de compétences (Vie sco, CDI, FSE). Et on s'engage à répondre à leurs demandes, sinon, cela ne rime à rien de demander. C'était pas le tout de vouloir savoir s'ils s'ennuient ou s'ils sont stressés, il fallait s'assurer qu'on allait pouvoir suivre après.
Et bien, 2 jours (de vacances) après le lancement : déjà 150 réponses, 29 veulent des conseils anti-stress, 22 des infos sur le virus, 32 une aide pour s'organiser, 14 des idées de lecture, et 15 des idées pour s'occuper.
Très peu (2) ont cliqué sur "oui" partout, les élèves ne sont pas les mêmes selon les sujets, et chose TRES intéressante, et qui me fait cogiter à fond depuis : ce ne sont pas des élèves qui fréquentent le CDI d’habitude (notamment sur la lecture) ! ça fait réfléchir, hein !!!
Mes élèves ne sont pas uniquement ceux qui passent physiquement au CDI |
Pour expliquer l'absence dans le sondage des "piliers" de CDI, j'ai une hypothèse peut-être simpliste : leur motivation pour venir au CDI, c'est fuir les autres, la cour, le vide d'activités. Ils sont bien chez eux, et il n'est pas certain qu'ils seront hyper heureux de reprendre...
Il est dors et déjà évident qu'on conservera ce moyen de toucher les élèves, pour poser des questions ou envoyer des réponses ciblées plus ou moins personnalisées. Pour le CDI mais aussi pour la vie scolaire et le FSE. Cela peut résoudre notre grande difficulté à faire participer les élèves et leur passer des infos, et permettre de rajouter un peu de collaboration et de "démocratie participative" : demander leur avis sur des sujets, et donner à la fin la possibilité d'être invité à une réunion. Cela remplace les affiches et les feuilles d'inscription.
On va par exemple cibler dès maintenant les élèves du club planète et jardinage avec un envoi sur l'observation des oiseaux. J'en reparlerai aussi, on a des idées pour faire évoluer les clubs après le dé-confinement, si dé-confinement il y a.
Il y a des CDI qui ont ouvert des discussions pour échanger autour de la lecture, je ne sais pas s'ils ont eu du monde. J'ai l'impression que pour ce mode de communication, il faut un groupe déjà constitué (club lecture), et alors, cela peut être un complément.
Même si la période est particulière, on peut faire l'hypothèse qu'un nombre plus important d'élèves pourraient ainsi être touchés par ce type d'actions ciblées. Là aussi, l'avenir nous le dira.
Cela n’empêche pas de publier sur esidoc les outils créés pour des demandes particulières, ce travail n'est pas perdu et peut être exploité de plusieurs manières. Mais en personnalisant, on renforce le lien (on évite l'anonymat, les élèves sont touchés, au sens émotionnel), et on cible des élèves qui ne viennent pas dans le lieu CDI physique (quelqu'en soient les raisons).
Le nouveau CDI sera sans doute un lieu physique ET un espace virtuel, virtuel ne voulant pas dire "faux" ou "de remplacement" ou sans liens créés et sans communication. Pronote, en devenant le point de départ, va peut-être résoudre notre problème de multiplication des outils de communication (site du collège, esidoc, twitter...).
Et je trouve aussi plus motivant pour moi de savoir que je m'adresse à un groupe demandeur. J'y met plus d'énergie que si c'était juste par conscience professionnelle. Les livres sur les tables, hein, vous savez ce que j'en pense. J'en met, mais sans conviction particulière quant aux conséquences.
Concrètement, comment ça se passe
Je dépouille régulièrement, et je contacte les élèves au fur et à mesure, pour leur répondre directement si la question est précise ("j'aimerais des idées pour faire du sport").
Je conserve dans un tableur les réponses aux questions, et je pense que je vais créer des listes de diffusion dans Pronote, pour l'envoi des sondages complémentaires et infos.
Je prépare un sondage complémentaire pour donner des idées de lecture. Je publierai ici plus tard les sondages et les documents proposés.
On a mis pour l’instant la priorité sur les conseils pour s'organiser, puisque lundi, ça redémarre pour nous. On a commencé à lister les raisons pour lesquelles les élèves pourraient ne pas arriver à s'organiser. La CPE est en train de plancher dessus en ce moment même. Elle passe en revue chaque élève, regarde leur bulletin du 2e trimestre, pour essayer de comprendre d'où peuvent venir leurs difficultés à s'organiser, et comment les aider. Son approche est précieuse.
On préparera un document avec des conseils pour chacune des situations. Peut-être avec Genialy à terme, mais en tout cas, en moche dans un premier temps, pour gagner du temps.
Si les problèmes subsistent malgré les conseils "automatisés", on proposera un contact direct, téléphone ou visio. Les AED sont partants, on a de la chance de les avoir.
Pour les AED hip hip hip ! |
Conseils pour créer un sondage (avec MAJ 19/05)
On apprend sur le tas, mais je me dis que si le tas des autres peut faire gagner du temps, hein !
- On peut créer un sondage, y rattacher les élèves, mais ne pas l'envoyer tout de suite : cliquer sur Brouillon avant la validation
- Mettre en brouillon d'abord et valider permet de voir à quoi cela ressemble, la mise en page Pronote est parfois curieuse. Pensez à faire "majuscule entrée" pour que vos paragraphes ne soient pas trop espacés (c'est l’ancêtre du retour chariot, pour les plus anciens, et ça marche aussi dans un traitement de texte, quand vous avez créé des espacements de paragraphe, et que vous voulez revenir à la ligne à un endroit sans faire jouer cet espacement. Suis-je claire ? Testez, vous verrez. Mettez le pied de mouche, ça deviendra limpide. Comment ça, vous ne savez pas ce que c'est ? Tapez "pied de mouche" dans un moteur.
- Après l'avoir éventuellement corrigé, quand vous déciderez de le publier, pensez à changer la date, sinon il sera affecté à la date de création de votre brouillon, ce qui risque de la faire classer dans les oubliettes chez vos usagers s'il s'est passé plusieurs jours. On peut le changer après, mais autant le faire tout de suite. Avant de valider définitivement, cliquez sur "publier", cela permet d’accéder aux dates. Le mode brouillon ne le permet pas.
- Faites attention aux questions qui proposent plusieurs propositions, il faut que cela reste exploitable. Dans un autre sondage, je me suis trompée en demandant avec quel matériel ils travaillent. Si on met "Ordi/tel/les deux", et qu'on permet de choisir plusieurs cases, comment analyser les réponses ? Il faut demander un choix unique "Ordi seulement/tel seulement/les deux"
- MAJ : Attention à n'autoriser qu'une seule des réponses ! Il faut cocher "choix unique", ce que je n'ai pas vu tout de suite.
Même quand on propose 3 options totalement incompatibles, on se retrouve avec un total de % supérieur à 100 !!
Dire qu'ils répondent n'importe comment, peut-être pas quand-même, mais il faut de toute façon prendre les résultats comme des ordres de grandeur, et ne pas s’arrêter aux chiffres exacts, qui sont à relativiser. Même si on a coché "choix unique", qui ne présume pas de leur intense concentration supérieure du fait d'un rond au lieu d'un carré...
- MAJ : attention aux biais d'exploitations des chiffres. Vous n'aurez jamais 100% d'élèves qui répondent. Du coup, si vous donnez les pourcentages comme la réponse, ce n'est pas très juste.
Ex : "aimez-vous les activités proposées par le CDI ?" : si vous avez 80% de OUI, mais 30% de participants, cela ne veut pas dire que 80% du public sondé vous plébiscitent ! Il y a même fort à parier que les élèves qui ne répondent pas viendraient grossir les rangs du NON, il faut donc être honnête. Donnez plutôt le nombre de OUI, là, c'est la réalité (enfin, s'ils ont coché en toute conscience, mais bon...)
- Ne pas créer de question ouverte avec comme intitulé "As-tu des questions ou des demandes". Ils répondent "non"...
Dire plutôt "Si tu as des demandes précises, ou des propositions à faire, note-les dans la case. Si tu n'en as pas, ne note rien."
Et en même temps, je n'aurais pas eu ce message... |
J'aime bien ton utilisation du sondage, si je l'avais su avant j'aurais sûrement tenté quelque chose avant les vacances. Là, avec une possible reprise au 18 mai, je ne saurais pas trop comment le tourner. Je me dis que ça peut aussi être fait au mois de juin pour anticiper la reprise de septembre, qui sera elle aussi perturbée...
RépondreSupprimerTu as raison sur le fait qu'ils ne répondent jamais aux questions trop ouvertes.
Merci pour tes idées, c'est très intéressant à réutiliser et faisable pour tout le monde (parce que les classes virtuelles visio et autres, je ne m'y vois pas du tout et mes élèves non plus...).
Merci pour ce retour !
RépondreSupprimerJ'avais déjà fait des sondages Pronote les années passées pour différents projets et ça fonctionnait bien.
Le principe d'individualiser les réponses est top, mais il faut être super dispo et/ou avoir un bonne équipe qui veut travailler là-dessus. Pour l'instant je ne me vois pas faire ça dans mon bahut...