jeudi 10 mars 2022

Régate Politique documentaire, programme de la course : "Coup de tonnerre dans les rayons ?"

Je garde encore un peu mes métaphores maritimes, je me sens dans le vent en ce moment. Je garde le ciré, espérons que vous n'aurez pas le mal de mer...

En cette année de "lecture grande cause nationale", et de journée internationale du quart d'heure lecture décrété "1/4h magique", j'ai envie de vous parler de lecture et de politique d'achat.
Ou plus exactement, d'aborder les mesures que je dois prendre pour palier la baisse cruciale de crédits du CDI, la baisse fatale d'attractivité du CDI pour les lecteurs, et la toute discrétion des séances d'incitation à la lecture loisir.
Ironique, non ?

Il faut bien l'avouer, en ce moment je me sens noyée sous les défis. Et comme je le disais avec le thème précédent sur l'EMI, je sens aussi que mon bateau est un peu troué. Soit je le colmate, soit j'en change (soit je sombre).
Afin de ne pas couler, j'enfile mon gilet de sauvetage, et je vous embarque avec moi. Je le dis souvent, penser à tous mes questionnements en sachant que je vais en parler ici m'aide à remonter au-dessus de la ligne de flottaison. J'y vois plus clair, et je redresse la barre. Merci donc à vous de me suivre, même quand ça tangue !

Allez, en route, moussaillons ! Cap sur la politique documentaire ! Baissez la tête pour ne pas vous prendre la barre, on va peut-être virer de bord !

Un budget dans les soutes

Il faut que je me fasse une raison, mon budget-livres ne va pas augmenter avant un moment, voire jamais. Il est même en diminution très certaine.
Du coup, entre ça et l'augmentation du prix des livres, j'en achète de moins en moins.
Or, si je veux conserver des élèves lecteurs au CDI, mon choix sera toujours de privilégier les "achats-vendeurs" (ah ah ah c'est drôle !).
Ceux qui attirent les élèves ou les conservent au CDI : les BD et mangas que les élèves veulent lire spontanément, et pas grand chose d'autre.

 

Un fonds qui gîte

On est donc face à un souci !
Parce que par voie de conséquence logique, le fonds devient progressivement pauvre dans certains rayons : romans plus "exigeants", dictionnaires, livres en langues étrangères, livres documentaires sur des thématiques scolaires (développement durable, histoire, art, sciences hors animaux).


Un cap à prendre

Il va falloir choisir entre deux politiques d'achat, qui auront chacune des répercutions différentes sur les lectures des élèves, sur mon fonctionnement et l'organisation du fonds :

Hypothèse 1 : statut quo ! Je continue à maintenir un fonds équilibré, quitte à acheter moins de livres demandés par les élèves.
Conséquence : on ne favorise pas la lecture loisir.

Hypothèse 2 : faire de la LECTURE LOISIR la PRIORITÉ et ARRÊTER d'acheter ce qui n'est JAMAIS LU ! N'acheter par exemple que des courts romans qui pourront être lus sur place, pour entériner le fait que les emprunts chutent.
Conséquence : on aura davantage d'armes pour faire lire les élèves peu lecteurs, mais le fonds va diminuer en exhaustivité, certains rayons vont vieillir et d'autres vont devenir disproportionnés.

Nouvel homoncule documentaire : un futur CDI avec des rayons très bizarres !

Notre régate

J'ai coupé en petits morceaux tout ce que j'ai à vous raconter, pour ne pas lasser, et aussi parce que la réflexion avec mes collègues est en cours. Au programme de notre petite régate :

Bouée 1- Les raisons qui m'ont fait longtemps reculer, alors que franchement, y'a pas débat ! Pourquoi avoir hésité si longtemps, et pourquoi maintenant ?

Bouée 2- L'enquête que j'ai fait passer à tous les élèves. Le CDI n'est pas le seul moyen de lire. Il faut donc commencer par se demander si les élèves lisent, au CDI ou ailleurs, s'ils ont envie de lire, et quoi... Et accumuler des arguments pour le point suivant...

Bouée 3- Mes propositions à l'équipe, avec des choix qui doivent être validés (parce qu'ils entraînent des modifications d'importance sur le CDI à Moyen et Long terme). Pour faire de cette baisse de budget une "chance" de faire bouger les choses, puisque là, je ne peux plus continuer à faire de la poldoc gentiment dans mon coin. Il va falloir qu'on se mouille collectivement !

Vous avez vu, je fais de la politique documentaire à la Jourdain : observation de la situation actuelle, analyse des besoins des usagers, adaptation de la politique d’achat, réorganisation du lieu et des modalités pédagogiques.

Cap sur la bouée 1, la semaine prochaine.

Source : wikipédia

2 commentaires:

  1. Bravo pour vos posts qui sont toujours très pertinents et qui m'aident dans mon travail au quotidien ! Je vous souhaite une longue et belle traversée vers le pays de la lecture

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  2. Bonjour Claire, je suis exactement dans la même problématique que vous, depuis plusieurs années. Avec un budget de 600€ tout compris, comment parler de politique d'acquisition ? j'ai choisi de donner la priorité à la lecture plaisir. Du coup, le fonds de documentaires et de classiques vieillit, les nouveautés un peu exigeantes sont abandonnées...La décontamination systématique de tous les documents, y compris ceux consultés sur place, a au moins eu un avantage : permettre de voir clairement ce que lisent les élèves. Et ici, c'est très clair : manga, manga, manga, BD, albums. Quasiment pas de documentaires, sauf chien chats et sports. Histoire : zéro, techniques, zéro. Sciences sociales ... hahahaha c'est quoi ?
    Alors Mon choix c'est comme vous, les romans et albums qui peuvent se lire en 1 heure, les BD mangas et romans qui sont tentants ET de qualité. (la quadrature du cercle) Mais les documentaires et les romans psycho-historico-socio impliqués de 400 pages, à 25 €, non. Et je le regrette.

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