Tel un PHARE dans la nuit (je ne vois que ça comme justification de l'acronyme...), voici venir le nouveau projet de l'éducation nationale : la lutte contre le harcèlement.
Très bien ! Enfin !
A raison de 10h par an et par classe.
Oups !
10h institutionnelles, imposées, pour lesquelles les établissements vont devoir rendre des comptes.
270h d'actions pour une seule année et nos 27 classes.
Qu'on me comprenne bien, je ne nie pas que des actions sont nécessaires voire indispensables sur ces thèmes. Je fais partie de ceux qui en proposent.
Je m'interroge juste sur la place "des autres choses", indispensables elles-aussi.
Par exemple et au hasard : l'EMI (mais je pourrais aussi dire la lecture. Aïe, pas de pot, ce sont mes deux missions...).
Si on poursuit la métaphore, on pourrait dire que l'EMI est le sous-marin troué : il est invisible, et en plus, il prend l'eau.
Vous le voyez, le sous-marin EMI, un peu en difficulté à l'horizon ? |
L'EMI, c'est conseillé (c'est même cré cré cré important !) mais sa mise en place pas vérifiée.
Donc si je comprends bien, maintenant, quand je vais aller voir mes collègues pour leur demander 3h sur la fiabilité des sources en 5e, 2h pour Wikipédia en 4e, (et rien d'autre parce que j'en ai marre de me prendre des râteaux), on va me dire "désolé, mais avec les 10h pour PHARE, on a déjà pris plein de retard, il faut qu'on avance".
J'ai bon ?
Mon adjoint, qui est plus positif que moi, m'a fait remarquer que c'était l'occasion justement de faire de l'EMI.
Effectivement, les 2h30 en 5ème sur la communication bienveillante sur les réseaux participent à la lutte contre le harcèlement. En les incluant dans le cadre très officiel de PHARE (plus officiel que l'EMI... Je m’étouffe), cela me permettrait de réussir à le généraliser.
Pas bête du tout !
Mais dès lors, quelles thématiques liées à mes missions de profdoc (EMI, info/doc, lecture) pourraient-on faire passer par ce biais, façon cheval de Troie, puisque c'est décidément ma seule voie (voir billet précédent sur la lecture) ?
J'ai cherché sur le web des idées de séquences, et j'ai interpellé les collègues sur Twitter.
L'idée n'était pas de donner à l'établissement et aux collègues des idées d'actions autour du harcèlement, mais bien de jouer des coudes pour trouver une petite place à mes missions de profdoc.
Vous me laissez une petite place ? |
Quelles actions ?
Au mille-feuille d'actions disparates, entre lesquelles les élèves ne feraient pas le lien, je préférerais un programme construit.
Voici les différents aspects auxquels j'ai pensé (en jaune, les missions du profdoc, ou la place du CDI comme lieu d'accueil péri-scolaire) :
J'ai fouillé la toile pour trouver comment rajouter des croisements sur les sujets, mais aussi sur les modes de travail : lecture, recherche documentaire, exposés.
Quelles actions pour le profdoc dans le cadre de ses missions ?
J'ai listé :
- ce que je fais déjà avec quelques classes et qui pourraient ainsi être généralisé
- ce que je ne fais pas mais que j'ai déjà sous le coude en attente
- et j'ai aussi cherché des idées "nouvelles", qui me plaisaient et faisables à grande échelle. J'ai trouvé chez les collègues des idées super intéressantes.
Voici le bilan de mes recherches.
Ce que je présente ici n'est que le début de la réflexion.
Et il y a quelques sources d'inquiétude :
- Il reste des tas de sujets infodoc et EMI à faire, non couverts par ce croisement avec le harcèlement : quid du circuit de l'info, du choix de l'info fiable, du piège des fake news, des biais de recherche ? Comment les faire passer "avant" les autres alors que 10h auront déjà été sollicitées auprès des collègues, par moi et d'autres ?
- Comme on ne peut pas imaginer que j'arrive à tout faire toute seule, il va falloir que je fasse un choix entre tous ces sujets, et à choisir, je préfère passer les "autres" sujets EMI et infodoc, ceux qui n'ont pas de "priorité" officielle. Hum hum !
- Comment articuler une progression sur ces thèmes sur les 4 ans : faut-il ressortir les mêmes thèmes 4 fois de 4 manières différentes pour enfoncer le clou ? Faut-il faire un choix et ne les faire qu'une ou deux fois ? Qui va m'aider dans cette réflexion ?
- Allez, un dernier souci pour la route : je sais la difficulté de demander à des collègues des interventions sur des sujets annexes à leurs programmes souches. Cela fait 25 ans que je me bats, je sais de quoi je parle. Pourquoi cela changerait-il soudainement ? Dois-je m'attendre à ce que les collègues, mis au pied du mur du pHARe, me regardent avec un air agressif et menaçant ?
Bon, restons positive cependant, je pense que j'ai trouvé le moyen infaillible de proposer une partie de ces actions EMI sans me battre et me justifier, avec cet extrait de la circulaire/vademecum EMI.
Pour les autres sujets, je vais m'appuyer sur les programmes des collègues, puisque tout cela y figure (ah ah ah, s'agripper à des idées positivistes, quoi qu'il en coûte d'humour et d’ironie...) :
Extrait du vademecum EMI tout neuf, page 30. Ah bon, tout le monde s'en fout ?? |
Quelles actions hors du cadre des missions du profdoc ?
Il peut y avoir bien d'autres modalités de travail avec les élèves : débats, rencontres
avec des professionnels ou des associations, pièces de théâtre à faire
venir, jeux de rôle, jeux de plateaux...
https://eviolence.hypotheses.org/1839 |
Il est possible que je donne des idées de ce type à mes collègues. Je participerai sans doute à la mise en place ou à l'encadrement de certaines.
Mais si je ne le faisais pas, je ne ressentirai pas le sentiment de travail non fait que je ressens quand je n'arrive pas à faire passer les thématiques EMI/info doc/lecture.
Donc ma priorité dans ce projet, c'est d'abord de voir quelles opportunités ces 10h apportent à ma pratique, mal-aimée du ministère, tout en participant à la formation des élèves aux thématiques qui me semblent importantes pour une vie épanouie. Et en maîtrise.
Au bout, l'horizon ? Ou une nouvelle Odyssée ? |
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