Le profdoc, un pro du marketing ?

Communiquer avec les élèves, leur passer des messages, faire de la pub pour nos projets, cela demande pas mal de patience. Et de la résignation, quand personne n'a vu l'info que vous avez placardée partout...

Malgré tout, je m'acharne avec mes affiches que personne ne lit (sauf quand je leur met le nez dessus, au moins, ça sert à ça !), je teste des nouveaux moyens de passer de l'info, je me fais aider (merci Canva !), et je ruse : je les oblige à voir mes infos !!!

Petit tour de mes outils de communication.

L'affichage à l'intérieur du CDI

Au CDI, il n'y a aucune affiche pour faire joli, aucune déco sur les murs. Tout ce qui est affiché est de l'info, et de l'info à jour.
Je trouve ça très important, pour que l'affichage soit signifiant.

Et tout est dit, pour favoriser l'autonomie, j'essaie qu'il n'y ait aucun implicite.
J'ai déjà abordé cet aspect de l'affichage explicite au CDI dans un ancien billet.

Table de prêt

L’affichage à l'extérieur

Dans un établissement scolaire, on croise au contraire pas mal d'affiches d’événements passés, d'opérations nationales qui ne concernent personne.
Trop d'infos (et des infos périmées) tuent l'info !
Dur de ne pas passer inaperçu parmi la foule d'affichages.

Un truc m'a aidé, c'est l'interdiction d'afficher du papier dans les couloirs, sur les vitres. Arguments : le scotch, c'est infernal pour le personnel qui nettoie, et le papier peut prendre feu, c’est contraire aux normes de sécurité. L’affiche doit donc désormais être plastifiée, ou placée dans des panneaux vitrés.
Cela a permis de canaliser l'affichage sauvage, et de dédier des espaces aux différents services qui ont des infos à faire passer : vie sco, FSE, CDI, AS.
Bon, on a toujours du mal au moment des portes ouvertes de lycée, ça, ça reste infernal.

J'ai essayé de définir des espaces dédiés au CDI. Il s'agit de mettre les affichages du CDI toujours aux mêmes endroits, et que ces endroits ne servent à rien d'autres qu'au CDI, avec un gros "CDI" en tête de panneau.
Mais qu'il est difficile, quand on veut ne rien mettre pendant une semaine ou deux sur son panneau, pour déshabituer les élèves avant de ré-attirer leur attention avec une nouvelle info, de garder cet emplacement libre ! Les squatteurs de panneaux sont à l’affût. Il n'y a pas que la nature qui a horreur du vide !

Et si cela ne suffisait pas, on se bat aussi avec les panneaux extérieurs, qui restent hermétiques 6 mois après leur achat, et prennent l'eau et la condensation ensuite, ce qui fait qu'une affiche a une tête correcte 2 jours, et qu'après, la feuille glisse, se ratatine, se dilue dans l'espace...

Il faut aussi rajouter qu'il faut y aller à 4 : un qui tient les nouvelles affiches et les passe une par une, deux qui tiennent le panneau ouvert (parce que évidemment, il ne tient pas tout seul, et s'ouvre vers le haut, donc on s'assomme assez vite...), et un qui les met sous les aimants, s'il en reste (zut, j'ai oublié d'en prendre...).

J'ai finalement opté pour le panneau vitré devant le CDI, mais seuls les usagers les voient. Donc j'utilise aussi une ruse, l'affichage forcé sur le site du collège, j'en reparle plus bas.

Il manque un gros "CDI", c'est en voyant la photo que je m'en suis rendu compte !
Depuis, c'est fait, avec un gros CDI en nuage de mots.

J'avais oublié de le signaler dans la première version de l'article, je trouve fondamental que le planning du CDI soit affiché ailleurs que sur la porte, surtout si le CDI est excentré. En plus, cela évite les fausses excuses des élèves qui traînent dans les couloirs, "mais on allait voir si le CDI est ouvert !".
Le lundi matin, je change donc tous les plannings de la semaine précédente :
- sur la porte, hein, quand-même !
- à l'intérieur du CDI à côté de mon bureau : les élèves consultent très souvent celui-là
- sous le préau, là où les élèves se rangent : depuis que les élèves de l'étude se rangent sous le préau et pas dans la cour, et qu'ils savent quelles salles sont ouvertes avant le départ des files (enfin, quand les surveillants n'oublient pas de sortir de la vie scolaire pour leur dire s'ils font foyer, étude de groupe...), ils viennent davantage au CDI. Avant, j'allais chercher les élèves dans la cour ET à l'heure, et je n'acceptais personne après, donc une heure sur deux j'avais droit à : "Y'a pas foyer, on peut venir ?" "Ben non !"
- sur esidoc
- en salle des profs
- et à l'accueil (pour qu'ils sachent s'ils peuvent me passer les appels, je n'en prends pas si j'ai une classe).

Astuces pour des affiches plus efficaces

Une belle mise en page, c’est davantage utile pour donner une image plus "moderne" au CDI que pour être efficace, je ne me fais aucune illusion.
Ce sera d'ailleurs valable tant que peu de personnes connaissent l'application. En attendant, il faut avouer que ça en jette !

Tellement c'est beau et pro, je me demande même parfois si les élèves les repèrent vraiment comme des infos du CDI. Parce que cela fait davantage "affiche du commerce", ils risquent de ne pas voir que c'est une info "locale", et de ne pas s'y attarder. Une sorte de pollution visuelle de plus, en quelque sorte.
De temps en temps, un bon petit message écrit à l'arrache à la main sur un A3, c'est sans doute plus efficace.
C'est d'ailleurs ce que dit Uncreatif ici :

Ou alors il faut se créer un vrai univers visuel reconnaissable, ce que je tente de faire.

Si j'utilise quand-même de plus en plus Canva, c'est aussi parce que cela m'aide à écrire moins de texte. Sur un A4 libre-office dessin, j'ai tendance à faire une page de traitement de texte, et pas une affiche.
Or, trop de texte tue le texte !

Voici un "Avant/Après" fatal pour mon amour propre :

 

Toujours grâce à Canva, on peut rassembler toutes les affiches pour en créer une nouvelle, c'est royal :

J'ai aussi refait la mise en page du bulletin de présentation du CDI. Il est à dispo sur un présentoir, et distribué aux nouveaux élèves ou aux parents lors des portes ouvertes :

Autre astuce, j'essaie d'adopter des maquettes identiques selon les actions, pour que petit à petit, ils repèrent les couleurs de loin...

Dans ce dernier cas, je fabrique des flyers avec ces petites affiches réduites (6 ou 8 par page), et je les distribue aux récrés, comme les partis politiques le samedi sur le marché. Je cible les élèves dont je pense qu'ils pourraient être intéressés, et ceux que j'aimerais bien avoir.
L'affiche devient prospectus et pense-bête, j'ai vu qu'ils le glissent dans la couverture plastique du carnet de correspondance.

Padlet pour des échanges plus faciles

J'en avais marre du classeur de propositions d'achats, que personne ne voit, sauf pour écrire des bêtises dès que j'ai le dos tourné. Les murs de libre expression qui fleurissent dans pas mal de tweets de collègues, c'est pas franchement possible chez nous...
Donc un petit padlet de derrière les fagots, avec modération des envois, c'était vraiment l'outil idéal.

J'ai proposé aux élèves de publier leurs propositions d'achat sur un padlet qu'ils retrouvent en bas du sommaire dans esidoc.

J'ai eu assez vite des propositions, mais il faut en reparler souvent, les élèves oublient. Quand ils me parlent à l'oral d'acheter un livre, je leur dis d'aller l'écrire sur le mur, parce que cela me sert de pense-bête et m'évite de perdre leurs petits papiers. Mais ils ne font pas tous la démarche d'aller le faire.
On verra à l'usage, mais en tout cas, pour moi, c'est très pratique.
Il faut se laisser le temps que ça prenne, et afficher l'image du mur capturé, par exemple, pour le rendre visible ailleurs que sur le site.

Le site du collège comme cheval de Troie

Le site du collège est configuré en page d'accueil des navigateurs. Les élèves y retrouvent les liens du quotidien pédagogique (pronotes, esidoc...), et à chaque connexion, ils ont donc une chance de voir (je n'ai pas dit "lire", je suis lucide) la nouvelle info publiée sur le site.
J'ai inséré les tweets du CDI sur cette page d'accueil et dans esidoc, ce qui fait que où qu'ils aillent, ils voient les infos que je publie.

Cela m'a permis de voir que les élèves ne lisent pas les commentaires, ils regardent la photo ou cliquent sur la vidéo. Du coup, ils ne font pas la différence entre un message que j'ai écrit (avec ou sans photo, comme l'affiche d'un projet ou des couvertures de nouveaux livres) et un retweet (alors que je ne re-twitte jamais de manière sèche, je rajoute toujours un commentaire). Certains pensent donc que je fais toutes les vidéos youtube, et d'autres que les infos ne sont pas celles du CDI.
Pas facile !
On pourrait choisir une ligne éditoriale : des infos du CDI OU des infos extérieures.
Ou alors, on leur explique !
C'est ce que j'ai choisi de faire.
C'est devenu un rituel des débuts d'heures. Quelque soient les classes qui passent au CDI, dès qu'on ouvre le navigateur (il est rare qu'on n'ait rien à vidéo-projeter), je prends quelques instants pour signaler les infos publiées, et attirer ainsi leur attention sur ces outils de communication.

Le direct live

Rien n'est plus efficace que l'info passée directement. Je donne donc des infos à chaque début de séance. Mais depuis que je n'ai plus les 5e régulièrement, il y a 1/4 du collège qui passe à côté des infos régulières, et j'ai vu la différence. Il faut donc compenser en passant voir les classes.

J'essaie au moins une fois par an de passer dans toutes les classes. Je ferme une heure, je toque à la première porte, je cause, je toque à la deuxième porte, je cause...
Avec ce système, on voit 80% des classes en 1h. On rate ceux qui n'ont pas cours, sont en EPS, ou en devoir. Il reste ensuite à regarder dans pronotes où seront les autres classes précisément sur un autre créneau.
Evidemment, il faut prévenir les collègues, et évidemment, il faut faire court.
La dernière fois que je l'ai fait, c'était pour rappeler les horaires d'ouverture aux récrés et le midi, faire les rappels les plus anciens, et montrer aux 3e les sites dans esidoc pour réviser l'ASSR et le brevet.

Un autre truc qui marche bien, aussi, c'est de se planter en bas des escaliers lors de la montée des classes (je dis que je fais "la montée des marches"), avec en tête et sous les yeux la liste des élèves qui ont un livre très en retard. Et on les choppe au passage. On peut avoir avec soi un paper-board avec une info, pour attirer l'attention, passer une info en plus, ou ne pas passer pour la vieille bibliothécaire qui râle...

ça passe mieux comme ça...

... qu'un "Rendez les livres en retard" sec !

Les marque-pages

Au CDI pour les emprunteurs réguliers, ou lors des prêts à une classe pour les emprunteurs occasionnels, les marque-pages permettent de cibler dans le premier cas les déjà-emprunteurs, et dans l'autre un niveau de classe (et donc on peut choisir de passer une ou des infos profilées).
J'ai déjà parlé d'un exemple de marque pages ici.
Le problème, c'est le temps pour le faire...

Les élèves parlent aux élèves

J'ai choisi Canva pour créer un journal littéraire. J'ai vu moins grand que les autres années, avec un simple deux pages, pour le remplir plus vite.
Du coup, j'aurais des marque-pages !
Cela permet aussi d'associer des élèves qui ne viennent pas au club lecture du lundi ou des externes. Je ferai un bilan après 1 ou 2 numéros.

Et la communication entre adultes ?

On verra ça une autre fois, hein, il y a beaucoup à dire !
Déjà, on va essayer que le ministère trouve le moyen de nous faire rentrer dans la liste de diffusion des enseignants du second degré. Vous aviez remarqué qu'on ne reçoit aucun des messages adressés aux enseignants par le ministère ?
Une chose de plus pour nous donner la patate ! #pfffff