Des clubs lecture ponctuels, pour ne pas saouler

J'ai parlé la semaine dernière de mes dernières formules club : https://clairementdoc.blogspot.com/2023/02/les-clubs-pre-covid-sont-morts-vive-les.html
Voici cette fois un zoom sur les clubs lecture.
Après les avoir totalement supprimés, je tente une formule plus légère, avec des RDV ponctuels.

De toutes les formules que j'ai testées au fil des années, il est apparu assez clairement que :
- Les élèves lecteurs ne veulent pas causer de leurs lectures. Ils veulent juste lire !
- Les élèves, quels qu'ils soient, ne veulent pas de RDV contraignants et réguliers, ils veulent rester libres (on va le dire comme ça, pour rester positive)
- Les élèves, quels qu'ils soient, ne veulent pas "travailler" sur un club : ni écrire, ni réfléchir (sauf sans s'en rendre compte, comme avec les jeux de stratégie)
- Les élèves non lecteurs mais un peu isolés veulent trouver un groupe qui les intègre, quitte à se faire passer pour des lecteurs et squatter un club lecture sans jamais rien lire...

Donc, fatalement, quelle que soit la formule que j'ai pu tester, ça se terminait irrémédiablement par 3 élèves qui ne lisaient rien, et ne faisaient pas grand chose d'autre que... rien...
Bon, ben c'est pas grave, on va s'adapter, comme d'hab !

Comme Boileau, j'ai mis de l'eau dans mon vin...

Avantages de la formule "clubs ponctuels"

- Des clubs rares n'ont pas le temps de voir leur public disparaître au fil de l'année (et si personne ne s'inscrit, c'est plus facile à cacher, et pour se consoler...).
Un club régulier a naturellement un contenu plus ambitieux que juste acheter des livres.
Or ce contenu n'intéresse pas grand monde chez moi. Les lecteurs ne veulent pas vraiment causer. Ils veulent lire et avoir des idées, pas grand chose d'autre (et j'avoue, en tant que lectrice, que moi aussi !).
On se retrouve donc rapidement à 4, entouré d'élèves pas nécessairement lecteurs.
Alors fermer le CDI pour 4 personnes soit "sans amis", soit "geek version livres", ça n'est pas très rentable. Je préfère laisser ouvrir à 40 ou 50 lecteurs plutôt qu'en  satisfaire 4 autres, qui auraient de toute façon lu dans un coin (ou qui sont venus chercher des amis...).

- Des clubs rares, cela me permet d'être présente à 100% : je ne pourrais pas fermer davantage, si le club était régulier. On pourrait imaginer un groupe régulier seul dans la salle de travail ou dans un petit coin, mais ça ne marche pas avec les activités liées à un club lecture. La moindre des activités (choix de livre, bilan oral ou écrit) a besoin d'un encadrement serré.

- Des clubs rares, c'est mieux que pas de club du tout. C'est utile pour créer un esprit de groupe. Les activités en autonomie ne peuvent pas les créer.
Et c'est utile pour les forcer en douceur à varier un peu leurs lectures, pour éviter qu'ils lisent toujours un peu les mêmes choses. Les discussions prennent entre eux en dehors des moments de clubs, ils se reconnaissent et se causent, c'est cool. Enfin, pas trop fort, hein !

- En prime, cela me permet de rajouter aussi des activités en plus des 3 concernées par les semaines thématiques, sans bloquer un midi par semaine pour ça, et fermer le CDI.
Je peux laisser le CDI ouvert assez largement, ce qui est indispensable vu le nombre de lecteurs le midi. Ouvrir le midi, c'est plus important pour la lecture que d'ouvrir une heure d'étude, ou que de faire un club lecture restreint.

Tous les arguments sont en faveur des clubs ponctuels. Détaillons.

Le club BD-manga 

- 2 RDV avec un libraire pour choisir les livres à acheter) 

Bookflix du club BD-manga et affiches

- Infos passée via le bulletin d'infos Pronote du week-end. Il est très lu, j'ai dès le lundi des inscriptions. Une ou deux affiches en plus, mais c'est le bulletin qui fait le boulot. J'arrive à 20 inscrits rapidement. Grâce au repas offert aux externes adhérents au FSE, j'ai pas mal d'externes en 6ème, j'espère les fidéliser pour les années prochaines. Par ailleurs, le groupe mélange tous les niveaux, avec une moitié en 6ème et l'autre moitié sur les 3 autres niveaux.

- Budget offert par le FSE, ce qui met du beurre dans les épinard d'un budget CDI en baisse. Le montant n'est pas décidé au départ, cela dépend des nouveautés proposées par le libraire, et des votes. Après la présentation, je fais voter à main levée "qui veut lire quoi", et on conserve ceux qui ont remporté au moins 3 votes. 

Je me garde le droit d'en rajouter ou d'en "censurer" un, si je pense qu'ils ne le liront pas. Je n'ai pas censuré lors des 2 derniers RDV. Résultat, j'ai acheté des titres qu'ils n'ont pas lu du tout, ou qui ne leur ont pas plu. Et j'avais un doute sur tous ces titres. Ah, la démocratie, c'est dur !

- 1 ou 2 RDV intercalés pour faire le point des séries qu'on continue ou pas, sans la présence du libraire

- J'ai tenté la dernière fois une autre activité en plus, pour ne pas juste les avoir fait venir pour mettre une croix dans une case. J'ai attiré l'attention sur les critiques dans Esidoc, en leur proposant de rajouter la leur. On a rapidement regardé ce qui apportait quelque chose, ou ce qui était assez stérile, ils ont paru comprendre, et ensuite, ils sont allés en autonomie sur les ordi, et m'ont proposé... ça :

Ils n'ont rien proposé entre deux RDV, ça a été un feu de paille le temps du club, donc j'arrête les frais avec cette micro-activité que je n'avais proposée que pour calmer ma mauvaise conscience.

J'ai imaginé leur demander de créer de affiches pour présenter les titres aux autres. Aurais-je le courage la prochaine fois de tenter cette expérience folle ?

Allez, les gars, une chtite affiche, avec des couleurs ?

Le club lecture 4e-3e pour les "gros" lecteurs de romans

On participe au prix Gallimard, et j'ai ouvert aux adultes, pour reprendre une formule qui avait super bien marché à une époque.

La sélection est extra, mais c'était le prétexte.
J'aurais trouvé un autre prétexte sinon, par exemple faire venir les bibliothécaires.
Ou aller à la bibli. Ou en librairie.
En fait, avec les gros lecteurs, je pense qu'il faut leur donner les clés de la lecture "adulte", donc "autonome non scolaire". Savoir se débrouiller seuls après l'école pour continuer à lire, et se sentir lecteurs.
Croiser des adultes lecteurs, c'est essentiel.
J'ai déjà parlé ici de lecteurs durables, ici par exemple. C'est un peu mon cheval de bataille.

J'ai 3 collègues, et 3 élèves, mais je m'en fous. On se fait plaisir avec des super romans, les élèves les adorent et sortent un peu de leurs lectures habituelles, et les collègues étaient demandeur, alors pourquoi se priver ?

 

Un futur club lecture "mystère" ?

Celui-là, il n'existe pas encore, sauf dans ma tête. Ce serait un patchwork de plusieurs formules :

- Adultes + élèves (c'est assez vendeur). L'idéal, c'est quand j'arrive à avoir des parents ou grands-parents, mais ce n'est plus arrivé depuis des lustres.

- Chacun arriverait avec un titre à faire découvrir. Seul l'élève et moi serions au courant, pour que j'ai le temps d'acheter le livre si le CDI ne l'a pas déjà.

- Une première rencontre pour découvrir les titres de chacun, présentés par chacun (préparation demandée), puis lecture sur quelques semaines pour se retrouver pour en parler, en faisant des petites tables avec les lecteurs d'un même titre.

Mon fantasme de club lecture !

Des regrets des clubs lecture d'antan, mais pas trop

J'ai tenté des correspondances avec Mayotte, le prix Babelio, le prix du roman historique, des prix maison (comme le Mangamado, créé avec une collègue), un journal littéraire...

Mais quelque soit le sujet, mon enthousiasme, ou l'organisation (même rajouter des gâteaux n'a pas marché longtemps. Ils venaient juste pour mettre des miettes dans des BD qu'ils ne lisaient pas...) :
- Impossible à mener si les élèves ne sont pas réguliers
- Impossible de fermer le CDI trop souvent
- Pas tellement de lecteurs désireux de causer des livres. Ils veulent lire pénard, et éventuellement glaner un peu d'idées.

Donc exit les projets sur le temps long.
Et après tout, l'objectif, c'est qu'ils lisent. Alors !

Organisation facilitée : 

Finalement, la formule est assez facile à organiser et permet des choses nouvelles :

- Comme c'est ponctuel, je me permets un passage cantine en priorité pour réunir les élèves à 12h30, quelque soit leur niveau, et dépasser le souci "passage cantine" (voir billet précédent). Je leur donne un laisser-passé, et je pointe leur présence.

- Le peu de RDV permet aussi d'essayer d'impliquer les élèves externes. Le FSE offre le repas de cantine aux externes adhérents à l'association, pour les inciter à participer aux activités. Il est compliqué pour un externe de s'impliquer au collège, beaucoup de choses se passent le midi ou sur les heures d'étude, et leurs habitudes sont vite prises sans ces activités. 

Là encore, de quelques constats négatifs vécus comme des contrariétés, sont ressortis des formules plus simples pour moi, et sans doute plus efficaces pour la lecture.
Ça s'arrose !

Vous reprendrez bien une petite goutte de club ?