mercredi 4 mai 2022

Lecture LOISIR (et surtout pas "plaisir", même si...)

J'ai assez vite banni l'expression "lecture plaisir" de mon vocabulaire, pour lui préférer celle de "lecture loisir".
En effet, parler de "lecture plaisir" pour les lectures du CDI laisse penser que les lectures obligatoires du cours de français, c'est pas pour le plaisir.

Cela oppose dans la tête des élèves (et des profs !) les livres du CDI et ceux du cours de français.
Rien de bon ne peut en sortir !

C'est même parfois nos collègues de français qui utilisent le terme quand ils viennent au CDI pour présenter de la littérature jeunesse.
"Aujourd'hui, on va vous proposer de la lecture plaisir".
"Ah bon, parce que ce que tu leur fais lire d'habitude, c'est pour les faire chier ?"

Elle est bien bonne, celle-là !

Bon, ce n'est pas toujours complètement faux, et certains textes imposés n’amènent assurément pas les élèves vers le plaisir. Sauf celui de la connaissance...
Mais ce n'est pas "fait exprès", et ce n'est de toute façon pas une raison pour opposer les deux types de lecture.
Évitons de laisser penser que si c'est facile et source de plaisir, cela ne peut pas être connoté positivement en terme de culture. Que ce ne serait pas "sérieux". Une autre lecture, pour d'autres lecteurs.

Je préfère véhiculer l'idée qu'on n'a pas d'un côté les lectures pour se faire du bien, et de l'autre celles pour enquiquiner le monde.
On a celles qu'on oblige les élèves à découvrir (sur le temps scolaire ou en travail maison, pour tout un tas de raisons), et celles qu'ils peuvent choisir librement sans contrainte (sur le temps scolaire ou à la maison).

Il y a heureusement beaucoup d'élèves qui prennent plaisir aux lectures scolaires, qui sont même parfois conçues pour donner envie de lire aux élèves. Dingue, hein !
Par ailleurs, bien que le plus souvent récréative et plaisante (faut pas être maso non plus !), la lecture du week-end peut aussi être utilitaire.
Ou ne pas faire plaisir du tout : "Ma mère m'oblige à lire des livres de lecture plaisir !"
"Non, ta famille essaie de te faire découvrir le plaisir de lire en te demandant de lire pendant tes loisirs..."

En préférant d'emblée la formule "lecture loisir", on ne met pas les lectures "du CDI" en concurrence avec celles du cours de français. On ne met pas de connotation négative sur une activité scolaire VS une autre activité scolaire qui serait plus fun et agréable. On ne s'octroie pas le droit unique et magique de faire plaisir aux élèves (grâce à "la gentille dame du CDI").
Et c'est bien mieux comme ça.
Pour tout le monde.

J'évoquais déjà ce sujet dans un article de 2013 sur le site Docpourdocs.
En relisant l’article, je m'aperçois d'ailleurs que j'ai un peu changé d'avis sur le point 3 et 4 (les clubs et les activités en classe).
Ce que je liste demande d'avoir des élèves en cours, du temps avec eux et pour préparer, et des élèves partants pour des projets en dehors des cours : 10 ans après, il me manque quelques éléments, il a fallu s'adapter !
Par contre, je suis toujours d'accord avec le reste, même si j'ai du mal à réaliser tous mes objectifs méthodologiques (cf ma récente régate poldoc !).
Je pourrais résumer ma nouvelle posture simplifiée ainsi :  

"Les faire lire suffit souvent à les faire lire !"

Y'en a là-dedans !

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