"Aie confianCCCe !" Le 3C, un piège ? |
Rappelons que le vademecum n'est pas un texte de loi, et qu'on nous indique qu'il est à adapter aux réalités locales. Alors adaptons !
Ma position par rapport au 3C est tout à fait claire : quand le prof-doc a fait son travail correctement, il n'a rien à changer au niveau du CDI, par contre, sauf respect pour nos collègues CPE, il y a souvent du boulot en étude !
C'est d'ailleurs ce que pointe le vademecum à la page 4 : "dépasser les salles de permanences où rien ne se passe, les trous d’emplois du temps que l’on vit nécessairement dehors, le manque d’espace et de temps pour travailler dans l’établissement".
La vie scolaire n'arrive pas à ré-inventer les études ? |
Les collègues qui se hérissent à l'idée que le ministère veuille proposer des journaux gratuits par wifi veulent donc un CDI transformé à lui seul en 3C. Pour ma part, je suis ravie qu'il y ait des livres, des ordi et le journal en étude.
Le problème, donc, c'est les études.
Or, tout le monde a à gagner à ce que les études fonctionnent mieux :
- les élèves, si les salles sont un peu moins "moches" et impersonnelles
- les élèves et le prof doc, s'il y a des ordinateurs ailleurs qu'au CDI, pour éviter l'afflux d'élèves au CDI uniquement parce qu'ils ont un truc à finir pour la techno, ou les élèves qui pleurnichent parce qu'il y a une classe au CDI et qu'ils vont se faire enguirlander s'ils n'impriment pas telle ou telle image
- les professeurs, si les élèves sont un peu plus motivés pour travailler parce qu'ils peuvent être aidés
- les surveillants, si les élèves sont plus calmes
- le prof doc, qui ne voient plus les élèves affluer parce qu'"au CDI, c'est calme".
Et ces changements-là n'ont pas besoin du CDI ni de bouleverser les espaces ! Ils ont par contre sans doute besoin du prof-doc, au moins au début, parce qu'on sait faire, qu'on a tout à y gagner, et qu'on fait partie d'une équipe. Mais dans cette équipe, il y a aussi les collègues de discipline, qui devraient être impliqués parce que mine de rien, ce sont eux qui demandent aux élèves de faire du travail.
A part la création d'une "salle d'oral" au CDI, je n'ai absolument rien changé à mon fonctionnement, mais je donne un coup de main et des idées du côté vie scolaire. Et on a vraiment clarifié et rendue explicite l’organisation matérielle sur les heures d'étude, pour que les élèves soient plus autonomes et rendus responsables. Je ne suis plus là pour pallier les manques de la vie scolaire : "il y a du bruit, on ne peut pas travailler à deux, on ne peut pas travailler sur ordinateur, je n'ai rien à faire je m'ennuie"...
J'essaie d'être à l'écoute des difficultés évoquées par les surveillants. Parce que bien que professeur dans les textes et dans l'âme, j'accueille des élèves de l'étude depuis 20 ans, et je sais comment ça se gère.
Sachez vous vendre, nous disent les IPR ? "Moi, je suis en CDI, et je suis expert en études"... Etudes de quoi ? |
Voici quelques exemples qui ne viennent pas à l'idée des surveillants, parce que c'est de la pédagogie, de la psychologie, ou tout simplement du bon sens :
- Les surveillants ont repéré que les 3e externes qui demandent à rester travailler après leurs cours viennent surtout pour faire les zouaves avec les copains en étude de groupe. Du coup, les surveillants pètent un câble tous les soirs et ferment la salle pour tout le monde. J'ai proposé de les autoriser à rester (on ne peut pas leur refuser de venir travailler !) mais obligatoirement au CDI. Au début ils râlent et partent du collège, après ils râlent et viennent au CDI, et la semaine suivante ils ne se font plus prier. Cela les met à égalité des DP qui passent beaucoup plus de temps qu'eux au CDI, et moi, ça me fait très plaisir de les revoir.
- Les recettes gagnantes et règles utilisées au CDI sont parfois étendues aux études : pas plus de deux à une table ou autour d'une activité, jeux de stratégie la 2e demi-heure si tout s'est bien passé la 1ère. Cela donne une logique aux lieux disponibles sur les heures d'étude, et cela aide un peu les surveillants à gérer les études.
- Depuis peu, les salles d'étude sont décorées de travaux d’élèves. Je le fais avec des équipes d'élèves, en priorité les 5e Segpa (cela les aide du même coup à s'y sentir mieux) ou des élèves le midi. On fait une affiche pour présenter le nouveau thème, les livres sont choisis en conséquence, et bientôt, on prendra une photo pour le site et ils publieront tous seuls, la Ministre veut qu'ils publient, ils vont publier ! La salle d'étude devient leur salle d'étude.
Mais que vais-je faire de toutes ces casquettes ?? Me trouver une place légitime de "professeur de documents et d'autonomie", sans doute... |
Alors évidemment, avec 200 ou 300 élèves de plus au collège dans 1 an...
Mais c'est le printemps, il fait beau, je ne vais pas me gâcher le début des vacances ! Bon courage aux deux zones qui travaillent encore.
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