samedi 18 avril 2015

Un CDI-ruche : ça bouge, mais c'est organisé

La sortie des nouveaux programmes m'ont laissée perplexe et un peu perdue : on est où, nous ? Si tout le monde fait de l'EMI, je fais comment pour continuer à assurer une vraie progression des apprentissages ? Est-ce que je vais devoir me battre pour défendre mon beefsteak documentaire ? Je vais servir à quoi ?
(Je ne suis pas la seule à m'inquiéter... Cf article Fadben : http://www.fadben.asso.fr/Compte-rendu-d-audience-Cabinet-de.html)
Couverture de disque
Et nous, et nous, et nous ?...
La journée d'hier m'a heureusement redonné un peu le moral.

 Hier midi en club, 20 élèves dans tous les coins :
- Deux garçons de 6e terminent le quiz sur les albums d'"1, 2, 3 albums" commencé la semaine précédente par deux autres élèves. Ils tapent les questions, et comme ils ont su l'enregistrer au bon endroit, je le retrouve facilement. Je termine la mise en page. En 6e, c'est difficile.
- Trois filles avancent la mise en page de leur quiz-BD (les copines avaient terminé de scanner les images le matin en étude). Il faut récupérer juste les bulles, pour faire deviner "qui parle ?", donc elles utilisent un site de détourage, et insèrent tout ça sur leur document. Je leur fais le tableau vide, elles n'ont plus qu'à insérer leurs bulles.
- Deux nouvelles recrues de 3e font le point sur les mangas. Ils utilisent le site "manganews" pour savoir quelles sont les séries à continuer. Ils préparent aussi une affiche pour demander aux élèves quelles séries on continue. Faites un tableau, les gars. Mais si, on a appris en 5e comment faire une mise en page facile avec les tableaux. Mettez en paysage, faites deux colonnes, et changez vos marges, aussi, c'est trop étroit. Et puis ancrez vos images "comme caractère", c'est plus simple.
- Un groupe met la dernière main à leur planche de manga. On a travaillé en 6e sur les mangas, ils connaissent les codes graphiques, et achèvent le nemus.
- Des 5e commencent la déco du chariot des romans historiques. Ils récupèrent des images à colorier (google/image avec recherche d'images au trait), et rajoutent des beaux titres en bidouillant avec "dafont". Tout ça, ils savent le faire depuis la 6e, et on a révisé cette année.Et ils sortent les feutres, le rouleau de papier, les ciseaux à cranter.
- Un élève de 4e s'est chargé de publier sur le blog du Mangamado les dessins reçus cette semaine.
- J'ai récupéré les autorisations de sorties pour l'expo qu'on va voir à la rentrée.
- Des élèves veulent faire un exposé sur un livre, je les met devant des powtoon-book pour leur donner des idées. Ils font le brouillon avant de se lancer la prochaine fois.

Je suis en train d'aider Floriane sur ses bulles quand j'aperçois une dame que je ne connais pas. Les bénévoles qui encadrent le club échecs l'ont appelée à la rescousse, les élèves sont de plus en plus nombreux à vouloir apprendre à jouer. Donc elle vient voir comment ça se passe. Soyez la bienvenue ! C'est l'heure du changement de club, on met dehors les élèves du club lecture, et le Club Jeux de stratégie ouvre. 25 échéphiles, 25 joueurs de jeux variés avec moi dans une autre salle, et au milieu, les lecteurs, qu'on n'a pas le coeur de mettre à la porte.
"Bon courage", elle me dit en partant. Pourquoi du courage ? Je suis bien, ici !

Dernière heure d'étude. Trois élèves de 6e testent le quiz terminé le midi en club. Elles me proposent quelques modifications, certaines questions ne sont pas claires. Deux élèves sont aux ordi à terminer leurs exposés. Steven est en 4e segpa, il travaille sur le Portugal. Leilou est en 6e, elle fait un article sur sa pratique du rugby en club. On a vu le matin même avec sa classe comment les journalistes écrivent, donc elle change son titre, elle le colle à gauche, met une lettrine, trois colonnes, et des guillemets et des "explique, conclut Leïlou" quand c'est elle qui parle.
Steven demande à la cantonade : "Quelqu'un peut m'aider pour les fautes d’orthographe ?". Leïlou se lève, deux autres élèves la rejoignent.
Moi je ne dis rien, je continue à saisir les derniers "Max et Lili" achetés, et je savoure...

Ah oui, c'est vrai. C'est pour tout ça que je fais ce métier. 
Photo libre de droit
Venez, on va au CDI !
Donc je sais. Je vais me battre pour sauver mes "cours" d'exposés, ambitieux et progressifs. J'ai un an pour prouver à mes collègues que c'est indispensable de me laisser ce cours annuel et non-partagé en 6e et 5e. Peut-être même que je crie avant d'avoir mal, et qu'ils seront les premiers à me le dire. Mais comme personne ne me dit jamais que ce que les élèves savent, c'est grâce à moi, j'ai l'impression de faire un travail invisible. On entend davantage "les jeunes, aujourd'hui, qu'est-ce qu'ils sont à l'aise sur ordi ! Qu'est-ce qu'ils savent comme choses..." Ben et moi, alors ?? Je leur fais faire mumuze ??
Je sais bien que je n'existe nulle part, et qu'on nous dit que tout le monde peut mettre la main à la pâte, mais j'aimerais bien continuer à mettre les ingrédients dans l'ordre, et choisir la recette ! L’inter-pluridisciplinarité à 40, c'est bien, mais pas pour apprendre de manière progressive et adaptée aux âges des élèves. Quand les élèves sauront faire, les collègues pourront leur faire utiliser toutes leurs compétences pour des travaux inter-disciplinaires. Mais moi, je saurais que TOUS les élèves ont appris TOUT, quel que soit leur classe, leurs professeurs, leurs projets hypothétiques. Et sans avoir besoin de faire le point à chaque début de projet "bon, vous savez tous comment on fait pour... vous savez comment trouver des images libres de droit ? ..." et devoir tout redire parce que la moitié ne l'a pas encore fait. J'ai vécu ça 10 ans, cela fait 10 ans que c'est terminé, je n'ai pas l'intention de revenir en arrière. 
Et ben, si on m'avait dit un jour que je me battrais pour avoir les élèves toute seule !

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