Et si c'était faux ? |
Évidemment, les 6e lisent davantage que les 3e, mais ne sont pas nécessairement plus nombreux à aimer lire ! On conserve en effet la même quantité d'élèves lecteurs sur les quatre années. Ce qui évolue, c'est la proportion de lecteurs plus occasionnels. Ils se fragilisent au fil des années : ils lisent moins, et moins de genres différents. Il y a même une chute phénoménale de fréquentation des bibliothèques : on passe de 60 % en 6e qui empruntent à la bibliothèque à 30 %, et de 56 à 17 pour ceux qui empruntent au CDI.
Cela fait donc réfléchir sur les moyens à mettre en place pour les faire lire : ils prennent moins de temps pour lire ou aller dans des lieux de lecture, mais disent finalement toujours aimer ça.
Je m'attendais à ce que les filles lisent plus que les garçons, mais pas à ce que l'écart soit finalement assez faible : 50 % des garçons du collège lisent régulièrement.
Je ne m'attendais pas du tout à ce que ce soit les externes qui aillent davantage à la bibliothèque que les demi-pensionnaires. Du coup, les activités proposées le midi et la politique d'ouverture du CDI le midi prennent davantage d’importance que celle que je leur donnais.
45 % des élèves aiment les romans. Ils sont d'ailleurs plus nombreux que les lecteurs de mangas. Et j'ai découvert que les 3e non-lecteurs de romans voient finalement d'un assez bon œil qu'on les oblige à lire pour leur plaisir...
Mon nouveau défi : faire en sorte que la proportion d'élèves qui se fragilise diminue, et je prépare pour un prochain billet mon plan de bataille.
Avant de critiquer nos élèves sur leur manque d'habitudes de lecture, je vous propose comme moi de vous poser ces trois questions :
1- Nous, pourquoi on lit ? Sans notre métier de professeur-documentaliste et nos piles de romans jeunesse au pied de nos lits, on lirait quoi ? Si nous étions dans leurs baskets 2013 d'élèves de collège, quel type de lecteur serions-nous ?
2- Et eux, est-ce qu'on les connaît vraiment ? A-t-on pris le temps de leur demander individuellement ce qu'ils lisent, s'ils vont à la bibliothèque, s'ils y vont pour lire sur place ou pour emprunter ? Est-ce que les non-lecteurs de romans nous en veulent de les obliger à lire « pour le plaisir » de temps en temps, ou nous en sont-ils reconnaissants ?
3- Et s'est-on suffisamment penchés sur la difficulté et la nature des missions de nos collègues de lettres, avant de regretter parfois le manque de projets en collaboration ?
De quoi occuper vos vacances...
Pour rebondir sur ta réflexion avec un pas de côté, mes cogitations d'octobre : http://bloc-note-doc.blogspot.fr/2012/10/qui-lit.html
RépondreSupprimerJe me suis régalée à la lecture de ton blog, que je ne connaissais pas encore. Je me reconnais dans plein de remarques que tu fais.
SupprimerC'est vrai que les enfants ne voient pas grand monde lire.
Quand une classe vient lire sur place au CDI, je me force maintenant à rester assise à lire moi-aussi, et pas à tourner autour des élèves pour les surveiller tout en rangeant deux-trois trucs (dur dur de résister et de rester tranquille...). Souvent le prof de lettres joue le jeu aussi.
L'an prochain, je relance par ailleurs un projet en 6e avec les Petites poches ("faites-lire vos parents le temps de la cuisson des pâtes") sur mes heures-CDI, avec création d'interview et recherches associées. Je l'ai déjà fait, ça avait bien marché.
Je repense à une mère venue me remercier de faire autant lire sa fille. Du coup, la gamine lui montre un roman sur une table, et sa mère sort un bouquin de son sac à main : "j'en ai déjà un, tu sais, pour quand je fais ma pause entre deux ménages". Et elle me remerciait moi !!! C'était hyper émouvant, et j'y pense souvent : y'a quoi dans les sacs des mamans ?...