dimanche 22 novembre 2015

Attention aux rumeurs, 3e version

Les séances de la semaine dernière m'ont laissées pantoise, tant les difficultés des élèves ont été localisées pas du tout là où je les attendais. Pour tout dire, j'étais même assez désespérée.
- "Madame, c'est quoi un sous-titre ?"
- "Ben l'info elle m'arrive par FB" "Oui, mais qui te l'envoie, tu es abonné à des fils d'actualité, tu reçois les infos de qui ?" "Ben, de FB !"
- "Mais je vous ai dit de cliquer sur le lien dans l'article, sur la page FB du CDI, c'est quand-même pas compliqué !" "Oh mais nous, Madame, on regarde que les images sur FB".
- "Je peux cliquer sur "vidéo d'une fusillade dans un train" ?"
- "C'est ça, le titre de l'article, Madame ?" "Euh, non, ça c'est la légende de la capture d'écran de twitter..."

Bref, y'a du boulot.
Et je ne parle pas des élèves faussement choqués que je leur mette des images de mort sous les yeux, ou qui foncent en bas voir les liens vers les autres articles ("ben, c'est sur l'article !") ou qui me reprochent mon titre "info ou intox ?" C'est pas bien de faire un jeu avec les attentats !

Alors j'ai fouillé partout, à la recherche de vidéos soft (des journalistes de radio filmés dans leur bureau, ça va ?), d'articles suffisamment courts pour pouvoir être photocopiés après mise en page (tant pis pour la navigation en vrai sur les vrais articles du net), des animations sans photo du tout.

Et j'ai changé mon déroulé de séance, plus "scolaire", puisque les tâches complexes leur passent au-dessus de la tête. Je teste demain !

énième version... peut-être la bonne ?
Voici les documents que j'ai trouvés :

http://www.dailymotion.com/Desintox

http://www.foozine.com/lhilarant-coup-de-gueule-de-el-hadj-a-propos-des-gens-sur-facebook-suite-aux-attentats-16278


et le dossier partagé avec la mise en page de la page 1 de l'article du monde (et quelques-autres au cas où je m'en serve plus tard) :
http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/11/16/attentats-du-13-novembre-4-nouvelles-intox-qui-circulent-lundi_4811107_4355770.html

mercredi 18 novembre 2015

Attention aux rumeurs

Lundi, je ne me voyais pas faire la petite activité Libre office dessin que j’avais prévue et peaufinée après mon 1er groupe de 5e vendredi matin.
Je ne me voyais pas non plus répondre aux questions et inquiétudes des élèves. Je le leur ai dit.
J'ai dit qu'on allait avancer de deux mois les séances sur les réseaux sociaux et les hoax. Qu'on allait travailler sur les rumeurs qui ont circulé tout le week-end. Je leur ai laissé le choix de la faire tout de suite, ou de laisser passer 15 jours.

Ils ont tous souhaité le faire tout de suite, "c'est aujourd'hui qu'il faut savoir ce qui est vrai ou pas".

Une élève, en larmes, inquiète pour ses parents partis travailler le matin, a d'abord choisi de quitter la salle au moment où on irait sur les ordinateurs. Elle est finalement restée avec nous, on a beaucoup parlé, pas forcement devant tout le monde, je lui ai dit "bienvenue au club, moi-aussi j'ai peur, j'ai peur tous les jours depuis la naissance de ma 1ère fille, mais ça ne change rien d'avoir peur. Il faut continuer à profiter au maximum de la vie, sans trop penser à toutes ses peurs, et même si j'en ai une de plus depuis quelques mois, je continue à regarder à gauche et à droite en traversant, et à manger équilibré, parce que le danger il est finalement davantage là que dans un attentat." On a dit qu'il fallait rester gai, ses copines ont plaisanté en disant qu'il n'y avait pas de danger avec elle, qu'elle rigolait tout le temps, on a parlé de La mélodie du bonheur, elle a séché ses larmes, et moi j'ai sorti mon mouchoir.

Et puis on a travaillé aussi. En trois séances, j'ai peaufiné mon déroulement, mes questions. J'ai utilisé ma technique bleu/noir/vert (lien vers document pdf).

Rajout jeudi soir : j'ai encore modifié mes consignes, pour les obliger à LIRE l'article, bon sang de bois.

Le résultat est simple, mais efficace. En plus, je peux évaluer leur attention (bonne), leur suivi des consignes (mauvais, ils ne lisent que sous la contrainte et sous mon regard, donc personne en même temps !), leur capacité à lire un article (déplorable, et pourtant, les articles sont de plus en plus difficiles à lire en ce moment, avec leurs dizaines de captures d'écran, leurs publicités insérées), leur superficialité (inquiétante, cette façon de ne regarder que les images, de vouloir cliquer sur les vidéos, d'actionner l’ascenseur comme si l’objectif était d’arriver en bas de la page avant le voisin).

Je ne sais pas si ils seront un jour capables de lire de manière continue et réfléchie un texte affiché sur un écran. J'ai l'impression que la seule lecture attentive qu'ils font, c'est dans le cadre scolaire d'un travail à faire tout seul à une table. Même en travail de groupe à une table, ils ne lisent pas. Comment accéder à la réflexion dans ces conditions ?

Bref, cela n'enlève rien au fait qu'ils ont compris deux-trois choses je crois avec cette activité. Enfin, quelques-uns... Parce qu'au bout de 45 minutes, un des élèves s'est retourné en s'exclamant : "Madame, regardez, c’est incroyable. Vous avez vu ce qui est arrivé ?!" Et pour changer de sujet, quand il a vu que j'étais fâchée qu'il n'ait toujours pas compris qu'il était sur une page avec QUE des rumeurs, il m'a demandé de but en blanc, et sans rapport évident (?) si je connaissais tel jeu de guerre interdit aux -18 ans, le regard gourmand. Au vu de ma réaction, il m'a promis de ne plus jouer qu'à la FIFA. Je vais faire semblant de le croire...

Vous l'aurez compris, je ne suis pas hyper optimiste et souriante. Ces séances indispensables ne me rassurent pas totalement sur la capacité de nos élèves à comprendre le monde qui les entoure. Même s'ils sont adorables sur le moment, on a parfois l'impression troublante qu'il ne font que passer, tiens bonjour madame, c'était super bien comme séance, mais c'était quoi, déjà ? Alors si ces sujets sont relayés à l'occasion de quelques EPI, ce ne sera sans doute pas plus mal. Il n'en reste pas moins certain que le seul moyen de faire ce travail de base avec TOUS les élèves, ce sera de continuer à les prendre sur des heures en plus, de notre propre chef, et pas de faire au coup par coup, selon les collègues et les années. Et selon les attentats.

mardi 10 novembre 2015

"Et toi, du coup, tu proposes quoi l'année prochaine ?"

Et oui, on m'a posé cette question tout à l'heure.
Le collègue participe à des formations sur la rentrée 2016.

Et ben moi, à la rentrée 2016, je propose la même chose que cette année, en mieux, parce que je progresse d'année en année. Ma révolution pédagogique, il y a longtemps que je l'ai entamée !!
Et puis de toute façon, dans les EPI, je compte pour du beurre, je ne suis pas une discipline, je ne peux pas inter-discipliner.

Quoi qu'a propose ? - A propose rin.
Pourquoi qu'a propose rin ?
- A' xiste pas.

D’après La môme néant, de Jean Tardieu

samedi 17 octobre 2015

Comment on créé une BD ?

Après les séances obligatoires de début d'année en 6e (les règles du CDI, les clubs, le contenu du CDI, comment on emprunte, quand-est-ce qu'on peut venir...), voici venu le temps de la première activité de l'année d'EMI-CDI.

Maintenant je suis très organisée, avec mes tables 6 couleurs et leur galet pour le tirage au sort (j'ai déjà exposé ici mon système de triage au sort par couleur et dé à jouer). Au milieu des 6 tables ma desserte roulante chargée de pots à crayons de toutes les couleurs, de tubes de colle, de ciseaux, de feutres au cas-où pour décorer. Et à chaque table, mes responsables de crayons, de table... pour que tout le  monde ne soit pas debout en même temps.

Document personnel
J'ai distribué un feuille double à chaque élève, et un bandeau à coller en haut avec le titre et un nuage de mots.
Dans une classe, j'ai laissé les élèves écrire EMI-CDI en toutes lettres, ça nous a pris un quart d'heure, donc pour les autres classes, je me suis méfiée... Comme en plus on gardera le même dossier en 5e, autant éviter qu'ils aient des titres 25 couleurs avec des coeurs partout en 5e, ils ne vont sans doute plus apprécier !

Ensuite, j'ai expliqué mon système 4 couleurs :
Photo prise au CDI

Et j'ai lancé la première activité : "comment on créé une BD ? Il se passe quoi avant que la BD arrive dans les bac au CDI ?"
Ils avaient le choix comme d'habitude de faire un schéma légendé, un texte, une liste de mots, selon les façons de réfléchir de chacun.

Pour l'étape verte, je diffuse une vidéo réalisée par les éditions Delcourt https://www.youtube.com/watch?v=jCsJnulUe2o
Pour mon mini-groupe de 8 élèves bilangues que je ne peux pas prendre avec leur classe, j'avais mis la vidéo sur les tablettes, pour voir la plus-value d'un visionnage à deux, où l'on peut arrêter et revenir en arrière, par rapport à la vidéo-projection grand écran collective. Mais on n'a pas eu le temps de terminer, je verrai à la rentrée.
Travail d'élève
Etapes bleue et noire
Travail d'élève

Travail d'élève


Lors de l'heure suivante, je laisse du temps pour l'étape verte, et on corrige. 

Ensuite je fais un rappel très rapide de vocabulaire (phylactère, vignette, planche, onomatopée), je vidéo-projète des exemples, et je demande les réponses à l'oral. Je vérifie qu'ils savent dans quel sens lire les phylactères dans une vignette, ce qui n'est pas toujours le cas. 
Document personnel
Pour terminer sur la BD, j'aime bien leur faire lire la BD Piero de Baudoin, que la bibliothèque a en série. Cela casse l'image qu'ils ont parfois du noir et blanc, cela les aide à se penser lecteurs de ce type de BD. Quoique, ce matin, la classe a poussé des hurlements de joie quand j'ai sorti la pile de BD ! "On pourra les lire, Madame, on pourra les lire, hein ?!!"  Ils m'étonneront toujours, ces petits !!

Selon le temps qui reste, je vidéo-projète quelques extraits, pour les faire parler de leur ressenti sur le graphisme, sur les outils utilisé à leur avis. Je diffuse ensuite  une vidéo où on voit Baudoin dessiner un cheval, en expliquant sa démarche.
Et on termine par la lecture silencieuse du début.

A la séance d'après, on écrira sur le dossier une trace écrite, avec les mots de vocabulaire à retenir, et sans doute quelques mots de métiers importants comme éditeur ou libraire.

2e étape : les albums, avec ma rencontre traditionnelle avec des personnes à la retraite qui vont venir lire avec eux. Ce sera l'occasion du 1er exposé, et donc des premières manipulations informatiques (liste de résultats google, url, chercher une info sur un site, citer ses sources, chercher une image, la coller et la réduire sans la déformer). On va tenir sans doute jusqu'à Noël avec ce sujet.
3e étape les mangas.
4e étape la presse.
Et à chaque fois, je rajoute une difficulté documentaire.

J'ai déjà présenté ici ma démarche de mêler lecture et activités documentaires.

dimanche 11 octobre 2015

Crayon 4 couleurs

J'ai testé cette semaine une nouvelle façon de faire travailler les élèves, et ça s'est fait un peu au hasard, parce que j'avais des pots de crayons, et que je les ai rangés par couleur. Et aussi parce que je n'avais plus de voix...

Je voulais faire passer ma traditionnelle évaluation-bilan de 6e, avant de passer à plus difficile dans esidoc avec les 5e. Mais chaque année, cela me laisse sur ma faim. S'ils n'ont pas compris ou écouté l'année précédente, ce n'est pas en recausant encore de fiction-documentaire ou classement qu'ils vont comprendre quelque chose. Et savoir qu'ils n'ont pas retenu me faisait une belle jambe...


Crayons bic 
Ma nouvelle mallette pédagogique !
Je les ai d'abord séparés, pour donner un côté symbolique à l'évaluation, et je leur ai donné un crayon bleu : "vous répondez seul avec vous-même, pour voir vos souvenirs de l'an dernier".

Ensuite, j'ai récupéré le crayon bleu, et nous sommes passés au crayon noir. Je les ai remis en tables de 4, ils devaient confronter leurs réponses, et éventuellement barrer le bleu s'ils pensaient s'être trompé (je devais pouvoir voir ce qu'ils avaient écrit au début), ou compléter.

ça, c'est du classique, faire travailler en groupe après un moment individuel. La différence, c'est le changement de couleur pour voir l'évolution, et surtout, le passage à une 3e étape : l'apport extérieur d’informations !

Donc nous sommes passés au crayon vert, qui leur donnait le droit d'aller chercher des ressources extérieures, en l’occurrence, aller vérifier au CDI. Si leurs vérifications confirmaient le bleu ou le noir, ils mettaient un petit trait vert.

Le rouge est réservé à la correction.

Pendant presque 40 minutes, je n'ai rien dit, pas un seul mot, pas répondu à une seule question. Je les ai juste observés, ce que je n'ai jamais le temps de faire habituellement.



Travail d'élève
Cela a si bien marché que je pense renouveler le système pour d'autres activités : un texte à trou sur le vocabulaire d'Internet, sur le vocabulaire de la presse... avec possibilité d'aller vérifier où ils veulent, y compris sur Internet. Et une fois les choses revues, et pour certains, bien consolidées, on passe à plus difficile, toujours dans la même thématique.

J'y vois plusieurs avantages : 
- permettre par un rituel de leur faire prendre conscience de leurs connaissances et de leurs manques (il n'est plus question de "madame, c'est noté?")
- les faire réfléchir en équipe
- avoir du temps pour les observer
- leur donner l'habitude de se tourner vers des ressources extérieures, qu'ils auront eux-même choisies, ce qui est finalement la base de la recherche documentaire !
-  en observant leurs feuilles, grâce aux couleurs, on peut très facilement faire la différence entre leurs connaissances de départ et leurs acquis suite au travail de groupe. Un élève peut être faible, mais être hyper actif en équipe, et au contraire un autre va se reposer sur ses lauriers, et ne pas participer au travail en commun. J'ai mis deux notes, une bleue (connaissances de départ) et une verte (après les échanges).

Il me reste à décliner ça sur tous les sujets. 

Rajout : après des tests avec plusieurs niveaux de classe, j'ai fait un affichage pour rendre plus lisible la méthode. Je pense que je vais encore modifier : "correction avec le prof" serait mieux que "par".
Photo du CDI
Rajout d'avril 2018 : j'ai inversé les deux dernières étapes. On corrige avant de rajouter des éléments extérieurs, quitte à ce que la correction ne donne pas les réponses, mais signale simplement les éléments faux.

vendredi 26 juin 2015

Regonflée à bloc !

D'abord, il y a mes deux filles qui viennent passer la semaine avec moi au CDI (fin des cours pour elles !). Elles ont déjà recoté les nouvelles, fait l'inventaire des contes, des BD, collé des dizaines de cotes, et la semaine prochaine, on couvre ! J'ai enregistré en deux jours davantage de livres que depuis septembre !! Je suis trrooop contente, ça me bouste, et en plus, on se bidonne bien toutes les trois. " Tiens, je pose la pile à coter devant toi, et après je cote la pile d'à côté."

Ensuite, il y a tous les nouveaux collègues trainés au CDI par les anciens : "et là, c'est le super CDI, incontournable, une doc dynamique, toujours des idées, avec un CDI toujours plein." Encore, encore...

Enfin, il y a ce texte, découvert tout à l’heure grâce à la veille Twitter (merci Jacqueline Valladon !) : http://cache.media.education.gouv.fr/file/CSP/90/1/ELEMENTS_EXPLICATIFS_projet_de_programme_cycle_4_19_juin2015_439901.pdf


Ça y est, j'existe ?!!
M'enfin, qu'est-ce qu'on attendait pour me dire que le prof-doc est maintenant cité dans les programmes, et en plus, comme "enseignant et maître d’oeuvre" du domaine dans l’établissement !!

Et ben voilà, me voilà regonflée à bloc, comme Nadya (merci à mes filles de m'aider à ne pas me relâcher avec la culture).

Rajout du 1er juillet, après la publication d'un excellent article sur le site des Trois couronnes. Je vois bien qu'on n'a pas gagné la guerre, mais en tout cas, le gain de cette micro-bataille symbolique va me permettre de passer des vacances plus zen... http://lestroiscouronnes.esmeree.fr/actu/projet-emi-du-csp-l-appel-du-19-juin

Ouais ! Vivement septembre !!! 
(Non, je plaisante, je suis ravie de faire la sieste pendant deux mois...)

mardi 23 juin 2015

"EMI-CDI"

L'an prochain, les séances que je fais en 6e-5e s'appelleront "EMI-CDI" au lieu de "Projet CDI".
Un moyen comme un autre de me positionner avant les autres sur le créneau EMI, sans pour autant laisser entendre que j'en suis la seule dépositaire. J'ai d'ailleurs proposé de faire une synthèse de ce que les uns et les autres faisons déjà.

Je ne me suis pas prise la tête avec le débat "EMI ne recouvre pas totalement ce que je fais", la nuance est assez subtile... Et de toute façon, quand j'ai commencé à évoquer l'EMI en réunion il y a quelques jours, je parlais chinois pour la plupart des collègues.

Pour ceux que cela intéresse, je partage le document que j'ai envoyé à mes collègues, avec le courrier d'explication, et la totalité de la programmation que j'ai prévue pour l'an prochain.
(ça y est, je me lance, je diminue 10h les 6e pour prendre les 4e quelques heures.
On verra bien si je tiens le coup...).

Je met aussi le bilan de cette année, qui sera présenté au CA la semaine prochaine. J'ai fait une infographie pour résumer l'année, mais comme j'ai utilisé un dessin trouvé sur le site d'une collègue, je ne peux pas le diffuser ici. Voici le dossier.

vendredi 29 mai 2015

Arnolfini à la mode Tom Gates !

Tableau
Le couple Arnolfini, par Van Eyck
Une classe de 5e, un mini-projet de 3h (2h en histoire pour le lancement et la conclusion et 1h en demi-groupe sur les heures CDI).

Création d'un livre collectif géant sur la vie d'Arnolfini, chaque équipe de 3 ou 4 élèves étant chargée de rédiger une partie de la vie de ce grand marchand à la façon d'un roman illustré Tom Gates (une date chacun).

Un vrai bonheur : pour les élèves (il fallait les voir !), pour moi (les élèves ont réinvesti tout ce qu'on a fait ensemble cette année) et pour la prof d'histoire, qui est ressortie ce matin en me disant qu'il faudrait travailler davantage comme ça !!

Vive LES profs du/au CDI ! 

Couverture de livre
Extrat de livre
J'ai oublié de les photographier, mais ça ressemble vraiment à ça !

mercredi 27 mai 2015

Le beurre et l'argent du beurre ?

Je suis comme beaucoup d'entre nous, en tant que prof-doc depuis 20 ans j'ai une boule au ventre devant le manque de considération institutionnelle pour tout le travail que j'ai tenté de faire depuis que j'ai obtenu le Capes. J'estime d'ailleurs que mon savoir-faire pédagogique et ma culture professionnelle ne viennent pas du Capes, mais d'un travail de réflexion et d'auto-formation au quotidien.

Mais soyons un peu honnêtes ! Est-ce que par hasard les profs-docs ne voudraient pas en ce moment le beurre et l'argent du beurre ? Je vais me faire l'avocat du diable.

La 1ère chose qui me titille est d’ordre purement mathématique.
Nos collègues font 18 +18, et nous 30 + 6.
Si on veut bénéficier du principe de 1h accordée pour 1h de cours (pour compenser le temps de préparation, de correction, de formation), il faudrait alors accepter de passer à 36h. C'est la 7e heure "de cours" qui permettrait de passer à 29h de présence. Et ceci sans compter le débat pour savoir quel type de cours mériterait cette récupération.

Pour Google/images libre de droit, un professeur, c'est ça. Et bien moi, je ne me sens pas "professeur google image".
Deuxième dilemme : si on veut un vrai statut de certifié, on prend le risque de rentrer dans la DHG, avec nos 30h (ou 36, je ne sais plus, du coup !), et donc de voir un collège décider de ne mettre qu'un demi-poste de doc : 15h c'est bien suffisant, et on peut gagner 15h pour faire des demi-groupes de langues.

Troisième état d'âme : est-ce que toutes les séances demandent de la préparation, et justifieraient une récupération d'heure ?

Quatrième question : est-ce que cela ne vous arrive pas de préparer une séance sur vos 30h ? Sur leurs 18h, nos collègues ne le peuvent pas.

Cinquième mea culpa : est-ce que cela ne vous arrive pas de discuter avec un collègue, ne serait-ce que pour préparer un cours, parler pédagogie ? Le collègue avec qui vous parlez n'est pas sur ses 18h de cours.

Sixième point, en forme d'inquiétude : à force de demander une clarification de notre statut, avec des programmes unifiés et des cours officiels à prendre en charge, on risque de voir sortir du ministère un programme officiel qui ne nous conviendra pas, avec des créneaux horaires obligatoires sur tels et tels niveaux. Beaucoup de collègues tiennent à leur liberté pédagogique, à la variété du métier, mais devront s'y plier. Et ceux qui ont réussi à créer autour d'eux une vraie dynamique d’interdisciplinarité y perdront.

Dernier paquet pour la route : est-ce que tous les documentalistes souhaitent lire des ouvrages de pédagogie, prendre des élèves seuls en classe entière (ce qui exige de maitriser la gestion de classe), évaluer dans pronotes ou LPC (avec une réflexion sur l’évaluation), participer aux conseils de classe, et ouvrir le CDI jusqu'à 19h les soirs de rencontre parent-profs ? Et être convoqués pour surveiller le brevet ou le bac ?

Si on veut être "un vrai professeur" au sens ancien du terme, il faut prendre le paquet en entier.

Je ne suis pas d'accord personnellement avec le débat 1h=2h. Je trouve qu'il nous nuit plus qu'autre chose. Nous pouvons être profs à 100%, sans pour autant endosser le costume traditionnel. Notre organisation du temps de travail est différente, novatrice d'ailleurs par rapport aux 18h traditionnels. Je suis fière de travailler différemment, et pas du tout prête à passer moins de temps sur place. (Par contre, je ne dirais rien contre un petit coup de main pour couvrir les livres, mais ça, c'est encore autre chose...)

Ce qui est choquant, c'est d'être zappée comme intervenante en EMI et lecture loisir (d’ailleurs, elle est devenue quoi ??). Après 20 ans à me battre pour qu'on reconnaisse que ces compétences sont indispensables aux élèves, et que je sers à quelque chose avec mes petites séances "Projet CDI" imposées aux élèves, je me retrouve à devoir me battre pour qu'on me reconnaisse un rôle dans ces apprentissages qui ont maintenant pignon sur rue ! C'est quand même un peu rude !
Tiens, ma jolie, un petit cadeau !

Finalement, les deux problèmes ne sont-ils pas liés ? Est-ce que ce n'est pas parce qu'on a "gagné" cette reconnaissance 1h=2h que du coup, on va en haut lieu (et à l’échelle locale) s'assurer que jamais on ne pourra exercer officiellement cette pédagogie, et donc ce droit de fermeture du CDI ? On sait bien que les finances ne sont pas propices à embaucher du monde, donc on s'est tiré une balle dans le pied.

vendredi 15 mai 2015

Des articles sur les notions culture de l'information / culture numérique / EMI...

Rajout du 15 mai 2015 :
Je viens de découvrir ce texte, qui met des mots sur mes impressions diffuses depuis quelques semaines, et justifie mon noeud à l’estomac :
https://fadben.asso.fr/Projets-de-programmes.html (texte intégral en bas du lien).
Je ne ferai personnellement pas grève mardi, parce que je pense qu'il faut donner à penser qu'on veut que les choses bougent au collège. Mais j'avoue être très peinée de la place qu'on me donne dans cette nouvelle école. C'est comme si je travaillais depuis 20 ans à essayer de changer les choses, pour aujourd’hui me voir renvoyer derrière mon bureau, avec mon téléphone et mes cartons de spécimens...


L'EMI, une bonne nouvelle pour les professeurs documentalistes ? Site Les trois couronnes, Pascal Duplessis, fév. 2015
http://lestroiscouronnes.esmeree.fr/identite-professionnelle/l-emi-une-bonne-nouvelle-pour-les-professeurs-documentalistes-un-exemple-de-conversion-sur-docpoursdocs

Quelle culture de l’information pour les élèves et les étudiants ? Alexandre Serres, juin 2010
http://www.educationetdevenir.fr/IMG/pdf/cahier_9_Article_de_A_Serres.pdf




« Madame, je ne savais pas que Google existait dans d’autres langues. » Accompagner n’est pas enseigner, ou comment les Learning centres participent à la fracture numérique. Site les trois couronnes, Emmanuelle Mucignat. Professeur documentaliste. Présidente de l’ANDEP, 15 Décembre 2011
http://lestroiscouronnes.esmeree.fr/table-ronde/madame-je-ne-savais-pas-que-google-existait-dans-d-autres-langues-accompagner-n-est-pas-enseigner-ou-comment-les-learning-centres-participent-a-la-fracture-numerique

lundi 11 mai 2015

Une culture du Web ??

15h25, salle des profs, j'ai sur les genoux un document que je viens d'imprimer pour en prendre connaissance à tête reposée : "Les fondamentaux de la culture web", par l’académie de Bordeaux.
Coup d’œil ironique du prof de lettres à ma gauche : "La culture web ça n'existe pas. Le web, c’est juste un outil pour accéder à la culture". Sous-entendu, la vraie...
J'essaie d'argumenter, très mal, ça me semble tellement évident que je ne trouve pas d'arguments convaincants. Et je me dis que je suis mal barrée pour défendre mon beefsteak en réunion pédagogique l'année prochaine...

15h35, je vais chercher une classe de 6e, à qui je montre la nouveauté de la quinzaine, la page facebook du CDI. J'en profite comme d'habitude pour dire un peu incidemment : "Bon, twitter, je préfère, mais comme personne n'y est, il faut bien que j'aille sur FB si je veux vous passer de l'info."
ça ne rate pas : "Pourquoi vous préférez twitter ?"
Et c'est parti pour un rappel des difficultés à configurer FB, génial par ailleurs, si on fait attention à sa e-reputation. On parle de vie privée, des effets des "j'aime" qui font partir des infos et images privées à tous les amis des autres. Je signale qu'on peut supprimer les commentaires. Chacun y va de sa petite anecdote, et là : "Comment ça se fait que FB gagne de l'argent alors que c'est gratuit ?"
http://www.journaldugeek.com/2014/03/26/si-cest-gratuit-vous-etes-le-produit/
Petit brainstorming, certains savent déjà la réponse, on fait le point pour tout le monde. On parle de la vente de photos et d'infos à des entreprises qui vont soit utiliser les photos, soit cibler de la pub. 

" Mais comment FB peut savoir qu'on a un tee shirt nike ?"
Je leur montre la fonction toute simple de google image : on colle l'url du logo de nike à côté de l'appareil photo, et on a plein de photos avec le logo nike. Si google image sait faire ça, les serveurs de FB peuvent scanner toutes les photos pour trouver les logos des marques sur vos photos, vous ne pensez pas ?
D'ailleurs, si vous avez piraté une photo pour la mettre sur votre site, l'auteur de la photo peut facilement savoir quels sites utilisent sa photo sans autorisation.
Et on fait un rappel sur les droits d'auteur.

Et un peu plus tard : "FB met des images de nous sur Internet, il met des images de nous sur google image."
Alors on reparle de la manière dont les infos arrivent sur les moteurs de recherche, certains se rappelaient de la 1ère explication, c’est eux qui expliquent aux autres.

Et on a terminé avec la chanson de Stromae, Carmen, que plusieurs connaissaient déjà, et avaient très bien compris.
Tiens, la semaine prochaine je les fais travailler sur Bizet. Histoire de faire enfin un peu de culture... 

jeudi 7 mai 2015

S'emparer des parcours !

Parcours citoyen, avec sa partie EMI
Parcours culturel et artistique
Parcours des métiers (PIIODMEP, plus facile à lire qu'à prononcer)

Parcours du combattant, plutôt !!! 
Il parait que c'est une vraie chance, que ma place y est centrale, et que je dois m'emparer de ces parcours, guettant l'occasion de me rendre utile et de faire valoir mes objectifs documentaires.

Couverture de livreJe ne suis pas un prédateur. Mon rôle n'est pas de planer en salle des profs à l'affût d'une occasion de participer à quelques séances par-ci par-là.

Je ne suis pas non plus un électron libre au service de mes collègues, qui attendrait le chaland en croisant les doigts pour que peut-être, on me demande d'intervenir sur deux-trois trucs de temps en temps dans telle ou telle classe. 

Je suis un vrai prof, avec un programme que je me suis fabriqué ces 20 dernières années (à défaut d'autre chose d’institutionnel). Je me suis organisée toute seule pour le faire passer de manière progressive auprès de TOUS mes élèves. Et je travaille avec des vraies méthodes pédagogiques réfléchies, basées sur l'oral, le travail d'équipe, la collaboration, les outils numériques, les tâches complexes...

Travailler au compte-gouttes en fonction de la demande, sans notion de progressivité, en disant "s'il te plait, je peux venir voir ta classe", en couvrant et rangeant des livres en attendant, non merci ! Je suis tout sauf la "dame" du CDI ! 

Je vais donc continuer à imposer des "heures cdi" aux 6e et 5e, en continuant à communiquer à mes collègues ce que leurs élèves savent et savent-faire à tel ou tel moment. Et en espérant que la future grille horaire 5e me laisse une heure avec les classes, ce qui est loin d'être certain.

En outre, avec 27 classes sous mon aile, je ne peux humainement pas participer à tous les EPI, AP, PIIODMEP et autres projets ponctuels sans y laisser des plumes.

Accessoirement, je trouve qu'il n'y a pas beaucoup de réactions sur la toile sur la nécessaire progressivité de l'EMI, à part le document de la Fadben dont j'ai donné dernièrement le lien. Peut-être que le rôle de prestataire ponctuel de services satisfait le plus grand nombre.

vendredi 24 avril 2015

Spéciale dédicace à mes 5eE...

Dernière heure de la semaine, on revoit une ènième fois le lexique d'Internet avant de passer aux réseaux sociaux et aux malwares.
J'ai mon pot de fleur, avec des galets dedans. Le pot, c'est Internet, les galets c'est le web, la messagerie instantanée, la messagerie électronique. Je touille un peu des fois pour les réveiller, ça fait un boucan de tous les diables, j'adore ça !
On révise au début de chaque heure, je sors les galets, et j'annonce "et ça, c'est quoi ?".

On en était à "citez-moi d'autres navigateurs que Mozilla Firefox".

"Yahoo !!"

Bon, je me dis, ça recommence, il y en a encore qui n'ont pas encore compris la différence entre un logiciel et un site, mais c'est pas grave, je m'acharne. Je fais la grimace, les gros yeux, et je demande des précisions.
Voyant qu'ils s'étaient encore fourvoyés, une élève lance au groupe, histoire de se rattraper : "Mais non, Yahoo, c'est un site avec plein de trucs dedans !"
Je reprend ma respiration, fait mine de perdre la vie, et je demande "Pourquoi on ne peut pas dire que Yahoo y'a plein de trucs dedans ?"

"On ne peut pas dire ça parce que Google a pris tout ce qu'il y avait".

Après m'être essuyé les yeux, et repris mon souffle, j'ai promis à D... qu'il serait ce soir sur la toile, le web... C'est chose faite ! (Je ne met pas son prénom en entier, au cas où Google piquerait aussi son identité...)

Sur ce, bonnes vacances, ou bon week-end !
Image Internet
Et le renard, je le mets où, M'dame ??

samedi 18 avril 2015

Un CDI-ruche : ça bouge, mais c'est organisé

La sortie des nouveaux programmes m'ont laissée perplexe et un peu perdue : on est où, nous ? Si tout le monde fait de l'EMI, je fais comment pour continuer à assurer une vraie progression des apprentissages ? Est-ce que je vais devoir me battre pour défendre mon beefsteak documentaire ? Je vais servir à quoi ?
(Je ne suis pas la seule à m'inquiéter... Cf article Fadben : http://www.fadben.asso.fr/Compte-rendu-d-audience-Cabinet-de.html)
Couverture de disque
Et nous, et nous, et nous ?...
La journée d'hier m'a heureusement redonné un peu le moral.

 Hier midi en club, 20 élèves dans tous les coins :
- Deux garçons de 6e terminent le quiz sur les albums d'"1, 2, 3 albums" commencé la semaine précédente par deux autres élèves. Ils tapent les questions, et comme ils ont su l'enregistrer au bon endroit, je le retrouve facilement. Je termine la mise en page. En 6e, c'est difficile.
- Trois filles avancent la mise en page de leur quiz-BD (les copines avaient terminé de scanner les images le matin en étude). Il faut récupérer juste les bulles, pour faire deviner "qui parle ?", donc elles utilisent un site de détourage, et insèrent tout ça sur leur document. Je leur fais le tableau vide, elles n'ont plus qu'à insérer leurs bulles.
- Deux nouvelles recrues de 3e font le point sur les mangas. Ils utilisent le site "manganews" pour savoir quelles sont les séries à continuer. Ils préparent aussi une affiche pour demander aux élèves quelles séries on continue. Faites un tableau, les gars. Mais si, on a appris en 5e comment faire une mise en page facile avec les tableaux. Mettez en paysage, faites deux colonnes, et changez vos marges, aussi, c'est trop étroit. Et puis ancrez vos images "comme caractère", c'est plus simple.
- Un groupe met la dernière main à leur planche de manga. On a travaillé en 6e sur les mangas, ils connaissent les codes graphiques, et achèvent le nemus.
- Des 5e commencent la déco du chariot des romans historiques. Ils récupèrent des images à colorier (google/image avec recherche d'images au trait), et rajoutent des beaux titres en bidouillant avec "dafont". Tout ça, ils savent le faire depuis la 6e, et on a révisé cette année.Et ils sortent les feutres, le rouleau de papier, les ciseaux à cranter.
- Un élève de 4e s'est chargé de publier sur le blog du Mangamado les dessins reçus cette semaine.
- J'ai récupéré les autorisations de sorties pour l'expo qu'on va voir à la rentrée.
- Des élèves veulent faire un exposé sur un livre, je les met devant des powtoon-book pour leur donner des idées. Ils font le brouillon avant de se lancer la prochaine fois.

Je suis en train d'aider Floriane sur ses bulles quand j'aperçois une dame que je ne connais pas. Les bénévoles qui encadrent le club échecs l'ont appelée à la rescousse, les élèves sont de plus en plus nombreux à vouloir apprendre à jouer. Donc elle vient voir comment ça se passe. Soyez la bienvenue ! C'est l'heure du changement de club, on met dehors les élèves du club lecture, et le Club Jeux de stratégie ouvre. 25 échéphiles, 25 joueurs de jeux variés avec moi dans une autre salle, et au milieu, les lecteurs, qu'on n'a pas le coeur de mettre à la porte.
"Bon courage", elle me dit en partant. Pourquoi du courage ? Je suis bien, ici !

Dernière heure d'étude. Trois élèves de 6e testent le quiz terminé le midi en club. Elles me proposent quelques modifications, certaines questions ne sont pas claires. Deux élèves sont aux ordi à terminer leurs exposés. Steven est en 4e segpa, il travaille sur le Portugal. Leilou est en 6e, elle fait un article sur sa pratique du rugby en club. On a vu le matin même avec sa classe comment les journalistes écrivent, donc elle change son titre, elle le colle à gauche, met une lettrine, trois colonnes, et des guillemets et des "explique, conclut Leïlou" quand c'est elle qui parle.
Steven demande à la cantonade : "Quelqu'un peut m'aider pour les fautes d’orthographe ?". Leïlou se lève, deux autres élèves la rejoignent.
Moi je ne dis rien, je continue à saisir les derniers "Max et Lili" achetés, et je savoure...

Ah oui, c'est vrai. C'est pour tout ça que je fais ce métier. 
Photo libre de droit
Venez, on va au CDI !
Donc je sais. Je vais me battre pour sauver mes "cours" d'exposés, ambitieux et progressifs. J'ai un an pour prouver à mes collègues que c'est indispensable de me laisser ce cours annuel et non-partagé en 6e et 5e. Peut-être même que je crie avant d'avoir mal, et qu'ils seront les premiers à me le dire. Mais comme personne ne me dit jamais que ce que les élèves savent, c'est grâce à moi, j'ai l'impression de faire un travail invisible. On entend davantage "les jeunes, aujourd'hui, qu'est-ce qu'ils sont à l'aise sur ordi ! Qu'est-ce qu'ils savent comme choses..." Ben et moi, alors ?? Je leur fais faire mumuze ??
Je sais bien que je n'existe nulle part, et qu'on nous dit que tout le monde peut mettre la main à la pâte, mais j'aimerais bien continuer à mettre les ingrédients dans l'ordre, et choisir la recette ! L’inter-pluridisciplinarité à 40, c'est bien, mais pas pour apprendre de manière progressive et adaptée aux âges des élèves. Quand les élèves sauront faire, les collègues pourront leur faire utiliser toutes leurs compétences pour des travaux inter-disciplinaires. Mais moi, je saurais que TOUS les élèves ont appris TOUT, quel que soit leur classe, leurs professeurs, leurs projets hypothétiques. Et sans avoir besoin de faire le point à chaque début de projet "bon, vous savez tous comment on fait pour... vous savez comment trouver des images libres de droit ? ..." et devoir tout redire parce que la moitié ne l'a pas encore fait. J'ai vécu ça 10 ans, cela fait 10 ans que c'est terminé, je n'ai pas l'intention de revenir en arrière. 
Et ben, si on m'avait dit un jour que je me battrais pour avoir les élèves toute seule !

samedi 11 avril 2015

Presse en 6e, suite

Après mon petit brain-storming sur papier (cf message précédent), voici le déroulé détaillé des séances.

1- Vidéo sur la création d'un journal papier :
http://www.dailymotion.com/video/x5nkmh_fabrication-d-un-journal-hebdomadai_news
J'enlève le début, où l'on voit la responsable commerciale démarcher pour vendre des encarts publicitaires. Je le garde au chaud pour plus tard. Après la diffusion, je leur demande la liste des métiers qu'ils ont vus. On essaie de tout remettre dans l'ordre. J'insiste sur le fait que tout se fait en une journée. Cela les impressionne toujours, surtout le fait qu'il y a des gens qui travaillent la nuit.

2- Distribution d'un article A3 avec le dessin d'une salle de rédaction, et plein d'encadrés. Je leur demande de la lire. Ils la retournent, et je leur demande d'écrire au brouillon le maximum de noms de métiers. On regarde à nouveau la feuille, et ils rajoutent ce qui leur manquait.
Je termine en projetant la vidéo de l'Onisep sur "secrétaire de rédaction" : http://www.onisep.fr/Ressources/Univers-Metier/Metiers/secretaire-de-redaction

Selon le temps qui reste, et pour commencer la suite au début d'une heure, je rajoute des vidéos, je laisse du temps pour feuilleter les magazines...

3-  Pub : diffusion du début de la vidéo. Je ne donne pas le thème de la séance, parce qu'ils doivent deviner ce que la dame est en train de faire. Je donne la parole à TOUS les élèves, qui doivent dire ce qu'ils ont compris. On peut entendre plusieurs fois la même chose, et je ne fais aucun commentaire. Le fait d’entendre les hypothèses des autres leur donne des idées, on fait un 2e tour, je fais une synthèse des différentes hypothèses entendues. J'en profite pour leur fait remarquer que c'est en s'écoutant et en rebondissant qu'ils fabriquent de la connaissance, que je n'ai rien dit du tout depuis le début. Je rediffuse le passage, et ensuite ils doivent dire quel élève était le plus proche de la réalité. On corrige, je montre dans un journal les encarts publicitaires, et j’explique rapidement que sans la pub, un journal ne pourrait pas exister. Je leur demande quelle est l'autre source de financement : les achats des lecteurs.
4- Je distribue des piles de magazines, et ils doivent ouvrir le magazine à une page de pub. Ils ont souvent beaucoup de mal, et confondent pub et article, surtout dans les magazines pour enfants, avec les articles sur les livres, les films...
Je leur montre la malhonnêteté de certains encarts publicitaires (dans Je Bouquine, notamment), où les pub utilisent la même maquette que les articles sur les livres.

Je n'utilise jamais les magazines de la semaine de la presse pour les activités, il faut au maximum donner aux élèves l'occasion de découvrir les abonnements du CDI pour leur donner envie ensuite d'y retourner seuls.

5- Ils gardent les magazines, et ils doivent me trouver tour à tour : le sommaire (on compare avec la couverture : pourquoi il n'y a pas tout sur la couverture ? comment on choisit ?), un article de deux pages exactement, le sommaire du mois prochain. Evidememt, c'est sportif, je cours partout pour vérifier s'ils ont bon, si oui ils lisent le magazine, si non ils continuent à chercher, et moi à courir d'une table à l'autre (en essayant de me souvenir qui a déjà trouvé...)
On termine par l'ours (qui est souvent juste à côté). Je leur demande ce que c'est, j’écoute les propositions, je corrige en expliquant que c'est une sorte de générique du magazine. Je raconte pourquoi on appelle ça un ours. Deux hypothèses, c'était le surnom des imprimeurs du 19eS, soit parce qu'ils n'étaient pas commodes, soit parce que leurs mouvements pour manipuler les lourdes presses les faisait ressembler à cet animal. deux sites pour en savoir plus :
https://petitsobjetsdecompagnie1.wordpress.com/2013/09/16/largot-de-limprimeur/
 http://www.languefrancaise.net/forum/viewtopic.php?id=6287 (message de Sylvain B le 08/01/2009)
J'en profite pour vidéoprojeter une presse sur ecosia/images.

Selon les classes et leur écoute, je leur montre l'article de wiki sur la casse, la boite en bois qui regroupe tous les caractères de plomb. Je leur dis que cela s'appelle la casse, que les majuscules et les minuscules sont en haut ou en bas de la boite ("bas de casse" pour les caractères en minuscules, placés en bas pour être à portée de main), et je leur montre dans Libre office texte qu'on retrouve toujours le même mot pour désigner les majuscules et les minuscules.
J'aime bien faire un peu d’histoire, et leur apprendre des mots rigolos. En 5e, je rajoute le pied de mouche.
http://musee-imprimerie.com/visites/typographie/casse.html

6- La création d'un journal télé. Je passe la vidéo de TF1 sur Zlatan, proposée cette année sur le site du clemi : http://www.clemi.org/fr/tv/modules/visite-de-medias/ (la 1ère de la liste). Je la passe en deux fois : d'abord la fabrication du reportage. Après la diffusion, je leur demande de retrouver tous les moyens d'informations des journalistes : les journaux papiers, les discussions entre eux, les interviews qu'ils vont faire, les émissions de télévision sur les autres chaines, twitter (je leur fait préciser quels types de comptes ils vont voir, pour éviter les bêtises). Je fait des pauses dans la diffusion, pour qu'ils comprennent bien que les journalistes rebondissent en direct dès qu'une nouvelle info ou image tombe. Et ensuite je passe le reportage créé, et je leur demande de repérer toutes les images différentes qui ont été utilisées. Comme 3 des classes ont déjà fait des vidéos-reportages avec un logiciel de montage, cela leur cause. Et ils sont impressionnés : nous, Madame, on a mis beaucoup plus de temps qu'eux !

Ces séances sont très interactives, les élèves participent beaucoup.

7- Je continue ensuite le zoom sur l'article, et sur sa structure : sur-titre, titre, inter-titre, chapô, illustration, légende, encadré. Je distribue un article, et je le vidéoprojète :
https://drive.google.com/folderview?id=0B6Hu_aEDjPW0Q1d3S3E1cmN6MXM&usp=sharing
Ils doivent en faire le schéma, et légender s'ils connaissent les noms des différents éléments. Le diaporama est conçu pour donner des indices progressivement.
Ensuite, j'enlève tous les brouillons, je  redonne un autre brouillon et un nouvel article, et ils doivent bien-sur refaire à chaud le même travail. J'envoie un élève tiré au hasard pour corriger au tableau.

Au début de la séance suivante, je fais une évaluation, en distribuant un article qui vient de sortir dans la presse sur le collège, avec tous les éléments traditionnels d'un article. Un bonheur pour cette séance ! Ils doivent d'abord le lire, et ensuite en faire le schéma légendé.

8- La suite, c'est le texte proprement dit d'un article, les verbes utilisés par les journalistes, toutes les variations de "il a dit que" : a souligné, a regretté, se réjouit untel, les guillemets, le style indirect... Et on termine en écrivant des articles sur un événement vécu par les classes (une sortie scolaire, une rencontre...). Cela dure bien-sûr plusieurs heures. Parfois, je leur fais faire à la main, parfois à l'ordi, ça dépend de l'inspiration... A suivre, donc...

vendredi 3 avril 2015

FPA (Formation au Poisson d'Avril)

Idée de la semaine :
Je ne m'attendais pas vraiment à passer trois jours de folie douce !

- Y'en a dans les BD, Madame ?
- Et ça, c'est un poisson ? Ben oui, c'est une truite, mais tu ne vas pas me montrer tous les poissons de "La pêche et les poissons", parce qu'on n'est pas rendus !!"
- ça, c'est un poisson d'avril, c'est forcé, Madame !! Mais non, les albinos, c'est une vraie maladie, et ça aussi, ça existe, et ça aussi...
- Alors ça, Madame, c'est sûr ! Menfin, regarde la date du magazine : novembre !
- Et là ? Mais lis l'article, enfin ! Tu verras bien. Ah bon, il faut lire !
- Oh et puis zut, vérifiez sur Internet avant de me montrer n'importe quoi !
- Mais en fait, c'est quoi qu'il faut chercher ??

Après deux jours de formation intensive au poisson d'avril (avec 3 classes de 6e, et 2 groupes de 5e), + pas mal de bouche à oreille dans les couloirs (y'a des poissons au CDI !), ça y est c'est parti, tout le monde cherche son poisson ! Certains s’installent devant google avec le magazine, et vérifient scientifiquement toutes les infos.
On les affiche au fur et à mesure. On en a trouvé déjà 3 !

Mais sincèrement, je ne sais pas si j'aurai le courage de remettre le couvert l'an prochain ! Qu'est-ce que c'est fatiguant, la chasse aux poissons d'avril !

jeudi 2 avril 2015

La presse, version "trace écrite"

Puisqu'il faut les faire écrire (cf mes précédentes déconvenues avec les 6e !), et bien allons-y !
Brain-strorming à l'écrit, lexique, trace écrite... A vos crayons !

Alors que mes séances sur la presse marchaient du tonnerre depuis quelques années (mais pour quel bénéfice à terme ?), j'ai tout remis à plat, et j'avoue que parfois, face aux élèves, je patine un peu.
Comme quand je leur fais passer l’évaluation avant le cours... Ah, ça, ça a été miraculeux, façon "tarte tatin". Cette erreur-là, je la referai, ça a été trop génial !!
Face au document à commenter avec les mots qu'ils étaient sensés avoir vus avec moi, ils étaient tétanisés, ne savaient rien. Mais enfin, que se passe-t-il ? Ben on n'a jamais vu ça, madame ! Comment comment, ce n'est pas ce qu'on a fait la semaine dernière ? Ben non, on n'a pas commencé. Oups ! Au temps pour moi, rendez-moi ça, je vous les redonnerai dans quelques séances. Bond dans le temps : après les séances, ils ont tout bon !!! Et  moi, je fanfaronne : vous voyez que je sers un peu à quelque chose !! Cf la pédagogie du super-héros, billets précédent...

Bref, donc je patauge parfois avec la 1ère classe, mais après ça se cale pas trop mal.

Dernière satisfaction en date : après un brain storming à l'oral sur "c'est quoi pour vous la presse ?" qui fait ressortir les mots journaliste, journal, info, je donne un bouillon à tout le monde : "Et entre l'info et le journal, il se passe quoi ? Comment un événement se retrouve-t-il dans le journal ? Dessinez-le moi, écrivez-le moi, chacun fait à sa manière."
Et là, pas moyen d'attendre que les autres répondent à leur place.

Voici quelques exemples de réalisations, qui montrent qu'on a tout intérêt :
- à varier les façons d'interroger les élèves. Certains élèves très en difficulté à l'écrit, ou mutique à l'oral, se sont révélés savoir plein de choses
Travail d'élèveTravail d'élèveTravail d'élève




Travail d'élève
Travail d'élève 







- à travailler sur la presse télé : beaucoup d'élèves dans les classes pensent que les journalistes prennent les infos à la télé... 
Travail d'élève
- à travailler  l'orthographe, quand-même, un petit peu...

Travail d'élève


 






Après, je passe quelques vidéos sur le travail des journalistes, ils modifient leur schéma s'ils pensent avoir oublié quelque chose, je distribue aussi un A3 avec le travail d'une rédaction, avec plein de légendes partout, on s'en sert pour faire la liste (écrite !) de tous les métiers, on rédige un petit lexique.

L'étape suivante, c'est le feuilletage d'un magazine, avec notamment un arrêt assez long sur 
la différence publicité/information. Il y a du boulot !! Suite au prochain épisode.