samedi 16 juin 2018

Chers élèves, je vous aime bien, mais vous me courez un peu sur le haricot !

Moi, je suis pour donner la parole aux élèves, pour leur demander leur avis, pour faire du design thinking, des pratiques participatives, tout ça tout ça.
Et bien, j'ai bien fait de demander ce qui vous plaît au CDI, ça fait plaisir de voir que vous appréciez mon travail !
Mais il faut avouer que c'est un peu dur nerveusement !
Je m'explique.



J'associe depuis toujours les élèves à la réflexion sur les espaces et le fonctionnement du CDI. Cette année, j'ai choisi une formule mixte : des questions précises pour les emprunteurs réguliers (pour faire un point plus précis sur la lecture), et une formule ouverte sans questions précises pour tous les élèves vus pendant 15 jours (la moitié des classes du collège + pas mal d'élèves de l'étude). Je leur ai demandé de noter dans 3 colonnes ce qu'ils apprécient au CDI, ce qu'ils n'aiment pas, et ce qu'ils proposent.

Cela a permis de mettre le doigt sur certains "vrais" problèmes (manque de place pour les manteaux, tel logiciel de techno qui manque pour terminer les devoirs), et de recueillir quelques idées (demande de magazines de cuisine).
Cela a également permis de faire le bilan du nouveau système de classement des romans, et de voir que les lecteurs étaient globalement satisfaits.

Certaines demandes sont davantage du ressort de la vie scolaire ou du FSE : espace de loisir créatif (normalement prévu au foyer, mais aucun surveillant ne l'a pris en charge cette année), club vidéo... Je transmet.

D'autres demandes prouvent que la communication ne passe pas (ou que les élèves ne lisent rien ou n'écoutent pas quand on leur explique des trucs) : ils me suggèrent en effet la création de pas mal de choses qui existent déjà, et qui leur ont été présentées maintes et maintes fois... Mais bref !

Non, le souci principal cette année, avec mes questions ouvertes et anonymes, c'est que les élèves ont vraiment demandé ce qu'ils voulaient. Misère !
Pour une énorme majorité d'entre eux, ils disent qu'ils veulent :
- pouvoir dormir
- pouvoir sortir leur téléphone
- pouvoir parler
- pouvoir dessiner
- pouvoir être à 4 autour d'une table
- pouvoir faire son travail scolaire dès la 6e (et pas à partir de la 4e comme aujourd’hui.
- plus d'ordinateurs, et pouvoir faire ce qu'ils veulent dessus (jeux et vidéos).

Je pourrai entendre sereinement toutes ces critiques et demandes, si j'étais intransigeante, sèche, si le CDI étaient à l'ancienne, si le foyer était inexistant et les études invivables. Cela nécessiterait à coup sûr une remise en question, et un dépoussiérage certain.

Le souci, c'est que :
- J'organise des siestes contées et il y a un espace de méditation autonome (mais ils souhaiteraient juste pouvoir dormir)
- Ils peuvent faire des mandalas en écoutant de la musique de relaxation (mais ils veulent pouvoir parler en dessinant, ou écouter d'autres musiques)
- Ils peuvent jouer à des jeux de stratégie la 2e demi-heure (mais ils souhaitent jouer 1h, et à d’autres jeux)
 - Ils doivent choisir entre jouer et aller dans l'espace méditation (mais ils veulent pouvoir faire les deux)
- Ils peuvent parler doucement à deux, et s'ils veulent être à 3 ou 4, il y a une table collective (mais ils veulent être partout à 4)
- Il y a une guitare à disposition pour les guitaristes (mais les non guitaristes veulent pouvoir la grattouiller)
 - Il y a 8 ordinateurs au CDI, et je n'ai jamais eu une seule fois eu l'occasion de refuser un élève par manque de place (mais ils en veulent encore plus)
- Il y a plein d'activités proposées autour du bureau collaboratif, très bien signalées, même si pas grand monde y participe (mais ils demandent à ce que des activités soient organisées).
 - J'ai fait le choix d'un compromis concernant le travail scolaire, que j'autorise à partir de la 4e, pour ne pas être inondée d'élèves qui n'ont rien à faire au CDI (mais ils veulent que je l'autorise dès la 6e)
Ah oui, et puis aussi, si on pouvait avoir un tableau pour écrire, des tables pour discuter, pouvoir sortir notre téléphone, pouvoir faire des jeux à l'ordinateur et regarder les vidéos que l'on veut.



Précisons que le foyer est ouvert chaque heure d'étude (80 % des élèves sont adhérents), qu'il est très bien achalandé en jeux et livres (je le sais, je suis la trésorière), que les études sont accueillantes, qu'il y a une étude de groupe, et que les surveillants les emmènent en salle info en cas de besoin.

Vous voulez pas une étagère à chaussons, et un frigo avec des sodas ?
Non mais !
Merci quand-même d'être passé...

1 commentaire:

  1. D'habitude, je réagis rarement à tes posts, mais celui-ci me fait trop penser à mes lycéens...
    Le problème des élèves, c'est qu'ils veulent pouvoir tout faire partout, sans se poser de questions sur l'utilité d'un lieu, sa fonction. Et on ne peut pas non plus leur demander de connaître tes missions, tes projets, tes priorités...
    Si tu ne les laisses pas à 4, c'est probablement qu'ils sont trop bruyants. Si tu ne leur laisses pas les portables, c'est probablement en rapport avec le réglement, la volonté qu'ils se déconnectent, se concentrent, que le portable ne sonne pas à tout bout de champ, etc.
    A la lecture de cet article, tu leur offres déjà une grande variété de possibilités, et ton collège également. Et tu leur offres également la frustration, ô combien importante dans leur construction ! Donc aucun remords, continue sur ta lancée !

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