De même que j'ai banni la notion de « lecture-plaisir » au profit de « lecture-loisir », je refuse de dire que le CDI est au « centre » de l'établissement, qu'il en est le « coeur».
Cette formule m'exaspère.
Le coeur pour le CDI, là où ça palpite, c'est ça ? Et les collègues, c'est les jambes ? On peut les couper sans dommage ?? Ils en disent quoi, les collègues, quand ils entendent dire que le CDI est au coeur de l'établissement ? Ils se sentent concernés par le lieu ? Et quand ils oeuvrent de leur côté entre les 4 murs de leurs petites salles de classes mal fichues et sans confort, ça ne vaut pas chipette ?
Vendredi dernier, j'ai vécu une journée particulièrement intense et variée. Un concentré de semaine. Vivre tout ça sur la même journée m'a permis de toucher du doigt le rôle du CDI dans mon collège.
Il est à la croisée des chemins. On s'y rencontre, on s'y croise.
C'est un lieu qui fait le lien entre des projets, et entre des individus, de tous âges et statuts. Un espace où le travail d'équipe est la règle.
Un lieu de ressources, parfois insoupçonnées : on y trouve des billes ou des haricots pour faire une expérience en math ou un loto en espagnol, des pics en bois ou des punaises, des livres documentaires ou des tablettes chargées, un lecteur de minicarte SD, un conseil pour organiser un projet, une aide pour l'animer.
Un espace calme et ressourçant, aussi. Une bulle.
Je ne met pas d'échelle d'importance dans ces ressources, ce n'est pas le sujet de cet article. Et puis j'ai décidé depuis septembre 2016 de voir la vie en rose.
Il arrive bien sûr que des projets ne soient pas en lien avec le CDI, ni avec moi. Je ne les connais même pas. Pas grave.
Mais pas sans conséquence. Aucune trace sur le site, aucune valorisation en interne, pas de lien avec un autre projet dont j'aurais connaissance ou avec une compétence info-doc qui aurait déjà été sollicitée. Et pas d'aide de ma part sur les heures d'étude (mais ça, c’est parce que je suis un peu peste).
Ce lieu à la croisée des chemins, cela pourrait être la cafeteria d'un lycée, ou le foyer des élèves. Mettez un adulte référent dans une pièce, laissez-le gérer l'ouverture toute la semaine, donnez-lui un budget, un esprit ouvert et attentif aux demandes, et c'est le foyer ou la cafeteria qui deviendra le coeur de votre carrefour.
En l'état actuel de la réflexion sur ce que doit être un établissement bienveillant et accueillant, il faut avouer qu'aucun autre lieu que le CDI ne concentre aujourd’hui les atouts nécessaires pour devenir un carrefour (et pas le centre, répétons-le) et un catalyseur.
Rien de mieux que de vous faire vivre ma journée de vendredi dernier, pour vous faire comprendre le sentiment d’accomplissement que j'ai ressenti, l’impression d'être à ma place.
Dans les moments de doute, quand je me dirai que je n'ai pas assez oeuvré pour la compréhension du monde des médias, pour la maîtrise parfaite de la notion de source ou d'identité numérique, je me repasserai le film de cette journée. Depuis quelques mois, depuis que mon cerveau doit digérer le cataclysme causé par les attentats, la montée du front national, je me dis qu'un élève qui est heureux à l'école, qui parle aux autres, les écoute, les comprend, qui joue, qui est curieux, qui est autonome, qui est lecteur, c'est peut-être plus important que tout ce que je me suis attachée à mettre en place ces dernières années, et que j'ai eu la sensation de perdre avec la réforme (réforme que j'appelai de mes vœux, et que j'espère encore voir tenir bon).
Voici donc une journée parmi d'autres. Elles ne sont pas toutes aussi riches, mais ce concentré ressemble assez à une semaine classique.
Quelques liens vont mèneront vers les articles où j'ai déjà développés certains projets.
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lundi 22 mai 2017
mercredi 17 mai 2017
Lecture, le moral remonte
J'ai commencé à mettre en pratique ce que j'avais annoncé dans mes billets d'avril.
1- Deux nouveautés d'un coup : la visite du libraire BD, et un premier flyer !
15 élèves sont venus pour écouter la présentation des livres, et chacun a pu en choisir un pour le CDI. La photo de la rencontre sera affichée sur la grille avec les BD achetées.
2- Attitude davantage invasive :
- Distribution des fameux flyers aux lecteurs aux tables, aux récrés et sur les heures d'étude. Une vraie marchande de tapis...
- Je me force aussi à aller davantage causer lecture aux élèves, leur proposer des lectures, des activités.
3- Programmation d'une visite à la librairie, avec repas de cantine à 12h avec les élèves, tous ensemble à la cantine (je pense que le FSE va offrir le repas aux externes qui voudraient venir) puis départ en bus, et retour après le 1er cours de l'après-midi. Ce sera dans 1 mois. Je vais faire des flyers !!
4- Je prépare activement l'enquête lecture pour avoir des données objectives. La remarque d'une élève de 3e m'a donné un coup de boost :
"Madame, c'est pas parce qu'on n'emprunte pas qu'on ne lit pas !"
Je m'inspire des questions de l'enquête du CNL déjà citée dans un billet précédent.
Pour l'instant, ça donne ça (lien en pdf) :
Je l'ai testée sur 4 élèves de profils différents, et pas mal modifiée.
Je pense la faire remplir sur papier, pour pouvoir avoir une idée d'ensemble des profils classés comme je l'avais déjà fait dans une précédente enquête.
Puis je vais mettre des Z devant les ordinateurs pour remplir un formulaire numérique, pour aller plus vite dans le dépouillement, et avoir des camemberts tout (l'accord de "tout", je sais jamais !) beaux à communiquer.
5- L'année prochaine, je vais recréer un vrai club lecture, qui s'appellera... "club lecture".
Commandes, tamponnage, étiquetage, photo des achats dans facebook et site du collège, visite à la librairie, rencontre avec les libraires ou bibliothécaires. Et fameux repas de cantine ensemble après, comme un copain à qui je pique l'idée.
Ce sera toute l'année, le vendredi à 12h, parce qu'il n'y a aucun club ni AS ni chorale le vendredi. J'ai déjà commencé à en parler (cf point 2 !), ça a l'air de plaire.
6- J'ai aussi proposé aux écoles primaires du secteur du collège de venir faire participer leurs CM2 au projet lecture traditionnel qu'on organise deux fois par an avec des bénévoles, histoire de commencer à créer des liens de lecture. Deux écoles sont déjà inscrites.
Il me restera encore à faire :
- un zoom sur la lecture numérique : j’achèterai des nouvelles liseuses en septembre, j'ai obtenu le budget, et je prévois de passer à la rentrée les présenter dans les classes, et montrer aussi comment lire un livre numérique sur son smartphone ou sa tablette.
- des bulletins "vous avez aimé... vous aimerez" en libre service ou en marque page
Et pour arrêter de me plaindre alors que tout va bien, je vais faire un tableau avec les choses à faire, et des croix quand je le fais !
J'entends chaque heure le chariot des livres de la vie scolaire rouler dans le couloir : une croix !!
1- Deux nouveautés d'un coup : la visite du libraire BD, et un premier flyer !
15 élèves sont venus pour écouter la présentation des livres, et chacun a pu en choisir un pour le CDI. La photo de la rencontre sera affichée sur la grille avec les BD achetées.
2- Attitude davantage invasive :
- Distribution des fameux flyers aux lecteurs aux tables, aux récrés et sur les heures d'étude. Une vraie marchande de tapis...
- Je me force aussi à aller davantage causer lecture aux élèves, leur proposer des lectures, des activités.
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Il est beau mon projet !! |
3- Programmation d'une visite à la librairie, avec repas de cantine à 12h avec les élèves, tous ensemble à la cantine (je pense que le FSE va offrir le repas aux externes qui voudraient venir) puis départ en bus, et retour après le 1er cours de l'après-midi. Ce sera dans 1 mois. Je vais faire des flyers !!
4- Je prépare activement l'enquête lecture pour avoir des données objectives. La remarque d'une élève de 3e m'a donné un coup de boost :
"Madame, c'est pas parce qu'on n'emprunte pas qu'on ne lit pas !"
Je m'inspire des questions de l'enquête du CNL déjà citée dans un billet précédent.
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Page 2 |
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Page 1 |
Je pense la faire remplir sur papier, pour pouvoir avoir une idée d'ensemble des profils classés comme je l'avais déjà fait dans une précédente enquête.
Puis je vais mettre des Z devant les ordinateurs pour remplir un formulaire numérique, pour aller plus vite dans le dépouillement, et avoir des camemberts tout (l'accord de "tout", je sais jamais !) beaux à communiquer.
5- L'année prochaine, je vais recréer un vrai club lecture, qui s'appellera... "club lecture".
Commandes, tamponnage, étiquetage, photo des achats dans facebook et site du collège, visite à la librairie, rencontre avec les libraires ou bibliothécaires. Et fameux repas de cantine ensemble après, comme un copain à qui je pique l'idée.
Ce sera toute l'année, le vendredi à 12h, parce qu'il n'y a aucun club ni AS ni chorale le vendredi. J'ai déjà commencé à en parler (cf point 2 !), ça a l'air de plaire.
6- J'ai aussi proposé aux écoles primaires du secteur du collège de venir faire participer leurs CM2 au projet lecture traditionnel qu'on organise deux fois par an avec des bénévoles, histoire de commencer à créer des liens de lecture. Deux écoles sont déjà inscrites.
Il me restera encore à faire :
- un zoom sur la lecture numérique : j’achèterai des nouvelles liseuses en septembre, j'ai obtenu le budget, et je prévois de passer à la rentrée les présenter dans les classes, et montrer aussi comment lire un livre numérique sur son smartphone ou sa tablette.
- des bulletins "vous avez aimé... vous aimerez" en libre service ou en marque page
Et pour arrêter de me plaindre alors que tout va bien, je vais faire un tableau avec les choses à faire, et des croix quand je le fais !
J'entends chaque heure le chariot des livres de la vie scolaire rouler dans le couloir : une croix !!
jeudi 4 mai 2017
Les coachs numériques, nouvelle organisation. Et ça marche !!
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Sur la nouvelle affiche, il n'y a plus de distinction 6e-5e et 4e-3e |
Il faut croire qu'il fallait un certain temps de maturation. Maintenant, c'est le printemps, les graines poussent, et le résultat est franchement satisfaisant.
La rédaction de l'article m'a obligé à réfléchir aux raisons du fiasco. C'est la raison d'être première de ce blog : m'aider à progresser dans ma pratique, en m’obligeant à avoir un regard critique sur mes activités.
Il faut avouer que c'est l’ouverture aux 6e qui a précipité les améliorations. Ils sont maintenant 28, de la 6e à la 4e.
Important (mais pas évident psychologiquement, on a des scrupules) : si deux élèves se présentent pour une formation, je leur consacre le temps nécessaire, comme s'ils étaient 5 ou 6, ou une classe entière. Il est impossible d'essayer de gagner du temps en les rassemblant, ils n'ont pas les mêmes heures d'étude, et le midi on n'aurait pas les externes.
Voici les différentes étapes de leur "formation", c'est maintenant pas mal rodé.
(nouveau, CLIQUEZ POUR LIRE LA SUITE )
Libellés :
CDI numérique (ou pas...),
Du collaboratif au CDI
jeudi 20 avril 2017
Un bureau collaboratif
Inspirée par un article d'Hélène, de l'Odyssée d'Ln, j'ai entrepris juste avant les vacances de transformer mon bureau en plateforme collaborative. Il me fallait bien ce type de projet pour me motiver à ranger !
Il est toujours au milieu de la pièce, c'était déjà le cas, mais il est désormais deux fois plus large (j'y ai rajouté le bureau de travail manuel qui est censé me servir à couvrir les livres, et qui était caché derrière dans un coin), et mes piles ont disparu. Des tiroirs étiquetés accueillent les projets en cours, et je me suis engagée à ne plus rien poser sur ce bureau si ce ne sont que mes affaires. Je m'autorise une caisse (verte) maximum de bazar.
A la rentrée, je récupérerai des chaises pour en faire tout le tour, et inviter ainsi les élèves à s'y installer.
Ils y trouvent les liseuses, les tablettes avec des vidéos téléchargées pour mes coachs ou les curieux (culture numérique), l'origami, la table des Z, les livres à ranger, les livres neufs à tamponner, les journaux en cours à corriger...
Une photo valant mieux qu'un long discours, voici un Avant-Après.
J'étais hyper déçue le lendemain, il a fallu que je leur mette le nez dessus pour qu'ils voient le changement. Ils sont comme moi, le bazar, ils s'habituent. J'ai pu voir qu'ils ne regardent pas plus le bureau que les affiches !
En tout cas, cela m'a permis de ranger et de continuer à mettre en oeuvre la technique 5S (billet plus ancien).
Une fois expliqué, le concept leur a beaucoup plu. Et j'ai senti que cela allait être un atout de plus dans ma lutte pour créer un esprit collectif (cf billets précédents sur la lecture).
Il est toujours au milieu de la pièce, c'était déjà le cas, mais il est désormais deux fois plus large (j'y ai rajouté le bureau de travail manuel qui est censé me servir à couvrir les livres, et qui était caché derrière dans un coin), et mes piles ont disparu. Des tiroirs étiquetés accueillent les projets en cours, et je me suis engagée à ne plus rien poser sur ce bureau si ce ne sont que mes affaires. Je m'autorise une caisse (verte) maximum de bazar.
A la rentrée, je récupérerai des chaises pour en faire tout le tour, et inviter ainsi les élèves à s'y installer.
Ils y trouvent les liseuses, les tablettes avec des vidéos téléchargées pour mes coachs ou les curieux (culture numérique), l'origami, la table des Z, les livres à ranger, les livres neufs à tamponner, les journaux en cours à corriger...
Avant |
Avant |
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Après (liseuses et tablettes de ce côté) |
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Après |
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Z, livres audio et livres à tamponner |
J'étais hyper déçue le lendemain, il a fallu que je leur mette le nez dessus pour qu'ils voient le changement. Ils sont comme moi, le bazar, ils s'habituent. J'ai pu voir qu'ils ne regardent pas plus le bureau que les affiches !
En tout cas, cela m'a permis de ranger et de continuer à mettre en oeuvre la technique 5S (billet plus ancien).
Une fois expliqué, le concept leur a beaucoup plu. Et j'ai senti que cela allait être un atout de plus dans ma lutte pour créer un esprit collectif (cf billets précédents sur la lecture).
jeudi 6 avril 2017
Des chiffres et des lettres : les statistiques à l'appui de ma stratégie lecture
Des chiffres pas sympas ?
J'ai cité dans un précédent billet le nombre d'emprunts cette année :
- environ 1000 prêts cette année à ce jour, contre 2000 l'année dernière, avec deux mois de plus
- 400 BD et manga contre 800 l'an dernier
- 383 romans (dont 125 romans prêtés dans le cadre d'un emprunt obligatoire en français) contre 1015 l'an dernier
C'est pas fameux.
J'ai utilisé le module tout fait dans BCDI, statistiques de prêts par classe, pour voir le nombre d'élèves qui ont emprunté par classe.
On voit qu'il y a eu 250 emprunteurs (au lieu de 381 l'an dernier).
En troisième, où il n'y a eu aucune visite de classe au CDI (ni pour la lecture, ni pour la recherche documentaire), on compte 2 ou 3 emprunteurs par classe.
Bon.
Voyons maintenant qui se cachent derrière les fiches de prêt, pour relativiser éventuellement le désastre.
mercredi 5 avril 2017
Et si...
Je ne vais pas faire durer le suspens plus longtemps !
Une idée m'est venue suite à la rédaction des billets précédents.
J'ai exprimé à plusieurs reprises le regret de ne pas avoir la main pour ceci, de ne plus avoir de temps pour faire cela, réforme oblige.
Mais quand je me suis retrouvée avec 1h quinzaine au lieu d'une 1h semaine avec les 6e, j'ai supprimé les activités lecture, au profit des activités EMI !
J'aurais pu faire l'inverse, non ?
J'aurais pu supprimer les activités où l'on apprend à chercher des images, à les imprimer pour les exposés, à chercher des infos, à connaître le travail des journalistes...
Et garder la découverte des BD, des albums, des mangas, des romans, conserver les temps de lecture sur place, d'emprunt, d'imprégnation, de création d'habitudes et de besoins de lecture. J'aurais pu faire créer un journal littéraire au lieu d'un journal pour présenter le collège aux CM2.
Et si...
Et si je laissais vraiment l'EMI aux 26h ?
Et si à la rentrée prochaine, sur les heures de "Vie de classe-CDI" volées à la grille horaire, je faisais lire les élèves ?
Est-ce que les bénéfices de 15h de lecture supplémentaires en 6e n'auraient finalement pas davantage de sens et de conséquences que mon programme de cette année ?
Chiche !
Une idée m'est venue suite à la rédaction des billets précédents.
J'ai exprimé à plusieurs reprises le regret de ne pas avoir la main pour ceci, de ne plus avoir de temps pour faire cela, réforme oblige.
Mais quand je me suis retrouvée avec 1h quinzaine au lieu d'une 1h semaine avec les 6e, j'ai supprimé les activités lecture, au profit des activités EMI !
J'aurais pu faire l'inverse, non ?
J'aurais pu supprimer les activités où l'on apprend à chercher des images, à les imprimer pour les exposés, à chercher des infos, à connaître le travail des journalistes...
Et garder la découverte des BD, des albums, des mangas, des romans, conserver les temps de lecture sur place, d'emprunt, d'imprégnation, de création d'habitudes et de besoins de lecture. J'aurais pu faire créer un journal littéraire au lieu d'un journal pour présenter le collège aux CM2.
Et si...
Et si je laissais vraiment l'EMI aux 26h ?
Et si à la rentrée prochaine, sur les heures de "Vie de classe-CDI" volées à la grille horaire, je faisais lire les élèves ?
Est-ce que les bénéfices de 15h de lecture supplémentaires en 6e n'auraient finalement pas davantage de sens et de conséquences que mon programme de cette année ?
Chiche !
vendredi 31 mars 2017
Dernier volet de la trilogie : créer des lecteurs durables
Dernier épisode avec ma question fétiche : "Comment créer des lecteurs durables ?"
On l'a vu ici, ou là, un ado qui lit, c'est quelqu'un qui sait qu'il est lecteur, qui sait que cela lui apporte du plaisir, qui sait bien lire, qui a créé des habitudes et qui a donc des besoins liés à la lecture (cf billet précédent, et on peut agir pour cet objectif).
Mais cela ne suffit pas. Il faut qu'il sache aussi où aller chercher ses lectures une fois qu'on lui a lâché la main !
J'ai déjà évoqué des tonnes d'actions que l'on peut faire au CDI, qui permettent de mettre en place ces habiletés durables :
- des occasions multiples de faire connaissance avec la lecture et d'y prendre plaisir
- la création d'une identité de lecteur par la participation à une communauté
- l'existence d'un outil de communication qu'on peut continuer à consulter, voire alimenter
- la connaissance des sites qui donnent des idées.
Ce qu'on peut faire en plus, c'est l'aider à créer des liens extérieurs au CDI :
- Lui faire créer des liens, pas seulement entre lui et les librairies et les bibliothèques (avec des visites), mais surtout AVEC les libraires et bibliothécaires (avec des rencontres)
- Passer le relais aux profdoc de lycée : en faisant par exemple un club lecture sur place au lycée, pour que tout le monde s'identifie.
Idée 4 : Passer le relais aux collègues de lycée.
Je pourrais par exemple rajouter une sortie proposée aux 3e, dans le CDI de leur futur lycée, pour faire connaissance avec les profdoc. Une rencontre pour les 3e volontaires, à laquelle les anciens du collège seraient conviés ?
Et si on créé un journal littéraire au collège, une page pourrait être réservée aux anciens élèves.
Idée 5 : Passer le relais aux libraires et bibliothécaires
Tant que j'étais à la librairie, samedi dernier, j'ai prévu avec le libraire BD une rencontre au collège un midi (ça c'est facile), puis une visite à la librairie pour aller acheter des livres. Il faut que les élèves se sentent familiers des gens qui travaillent, pas uniquement des lieux, pour oser demander des conseils.
Du côté de la bibliothèque, les projets mis en place suffisent à bien passer le relais. C'est un point sur lequel on a pas trop mal réussi : sortie à la bibliothèque du quartier pour toutes les 6e, puis l'année suivante à la médiathèque pour les 5e volontaires, participation à tous les projets lecture mis en place au CDI.
Et ça marche, tout ça ? Entrée en piste des statistiques !
Allez, je pourrais m’arrêter là, continuer à fanfaronner, dire que mes élèves lisent grâce à toutes les belles choses qu'on met en place années après années depuis 20 ans...
J'aurai pu.
Mais je viens de faire des statistiques. Je me doutais bien de quelque chose, mais quand-même...
...sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage...
Depuis quelques semaines, je n'ai plus qu'une dizaine d'élèves le matin aux récrés, là où le flux était plus proche de 50 élèves jusqu'à l'an dernier et même au 1er trimestre.
Il y a moins de monde qui vient au CDI ? Mais non !
2700 passages déjà sur heures d'étude (78 % des élèves), contre 2800 l'an dernier deux mois plus tard (73 %). Forcément, avec deux heures de cours par semaine au lieu de 14 ou 15, ça laisse le champ libre à l'étude.
Donc, il n'y a jamais eu autant d'élèves à venir, et à revenir : 60 % sont déjà venus plus d'une fois (contre 56 l'an dernier). C'est le 1er effet réforme !
Mais ils viennent faire quoi ?
Travailler, pardi. Aux tables à partir de la 4e-3e (compromis pour ne pas les perdre) et aux ordi, beaucoup, à partir de la 6e. De plus en plus de projets exigent qu'ils travaillent sur ordi, moi y compris avec l'EMC ou les projets français nuages de mots.
Lire ? Un peu. Des BD et des mangas, surtout.
Ils empruntent ? Hum hum... 955 prêts cette année à ce jour, contre 2000 l'année dernière. Mais si !
Un peu de BD et mangas (400 contre 800 l'an dernier), de plus en plus rarement des romans (383 contre 1015 l'an dernier, et je ne compte pas les emprunts de séries. Si on voulait se faire mal, on pourrait même enlever les 125 romans prêtés dans le cadre d'un emprunt obligatoire en français, autant que l'an dernier).
Est-ce le 2e effet réforme ? Aurais-je eu raison de jouer les Cassandre l'an dernier, quand je prédisais que si j’arrêtais de voir les élèves régulièrement, ils arrêteraient de lire ? Un ado, si on arrête de lui mettre le nez dans les livres, il s'arrête de lire !
Je n'ai plus que quelques élèves en club le midi, alors que c'était une des activités phare il y a quelques années. Pour me rassurer, je me dis que je ne suis pas la seule au collège à regretter le manque d'investissement des élèves, et de nombreux clubs ne font plus recette. Est-ce l'effet génération d’aujourd’hui, qui ne veut aucune contrainte, ou ai-je ma part de responsabilité ? Mes idées de ces derniers jours suffiront-elles ?
Je me pose des tas de questions sur mon influence sur les élèves. Est-ce que je sers seulement à leur prêter un ordi pour imprimer en cata une image pour l'espagnol ?
J'ai quand-même envie de recréer des liens de lecteurs, et continuer à croiser des anciens élèves à la bibliothèque et à la librairie !
Donc plus conclure : pour créer des lecteurs durables, il faudrait déjà arriver à les faire lire !!!!
Vous comprendrez que je vais commencer par m'atteler à les faire lire sur place (les élèves de l'étude ? Mais comment les contraindre ? En étant sur leur dos tout le temps ? Ils vont détester, et moi aussi. Je vais relire la liste des "idées pour les faire lire", et vérifier point par point que je le fais), puis à les faire emprunter, avant de me replonger dans les objectifs qui étaient les miens depuis quelques années : les faire lire après.
J'ai rédigé un résumé des trois billets, et je l'ai diffusé à mon administration, avec le bilan du CDI dans les parcours, et le bilan EMI.
Et puis, à force de réfléchir, une idée folle m'est passée par la tête cette semaine.
Et si...
dimanche 26 mars 2017
Des lecteurs du soir ? Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage...
Avant donc que d'écrire, apprenez à penser.
Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.
Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,
Polissez-le sans cesse, et le repolissez,
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.
Boileau, L'Art poétique
C'est beau, non ? A lire à haute voix, en articulant comme mon grand-père le faisait, pour savourer.
On pourrait dire qu'il faut :
1- Qu'il se considère comme appartenant à la communauté des lecteurs, qu'il en soit fier
2- Qu'il sache ce que la lecture lui apporte, et donc aussi ce qu'il perd en arrêtant ! Qu'il ait développé des habitudes et donc une certaine dépendance par rapport à la lecture comme loisir.
3- Qu'il connaisse ses goûts, qu’il sache quel lecteur il est
4- Qu'il voit ses parents lire ! C'est drôle, hein, tous ces adultes qui regrettent que les enfants ne lisent pas, ou pas assez, ou pas les livres qu'il faut ! S'ils savaient que la balle est souvent dans leur camp !
5- Qu'il sache où trouver des idées de lecture pendant ses années collège (ça, c'est notre travail !)
6- Qu'il continue à trouver des idées de lecture APRES le collège (on peut peut-être donner un coup de main)
Mea culpa, si je ne suis pas trop mauvaise pour faire lire aux élèves des livres qui leur plaisent (billet précédent), j'ai laissé tomber certains de ces objectifs-là. Pour ma défense, je pourrais avancer qu'il est difficile d'agir au mieux quand on voit peu de classes pour des projets lecture, et que depuis quelques années, les élèves fuient les clubs et toutes formes de contrainte sur temps libre.
Mais il doit y avoir quand-même des solutions pour ne rien regretter.
Il faut donc que je reprenne ces objectifs un par un, pour trouver des nouveaux ressorts à ma pratique.
Idée 1 : Pour commencer, je vais essayer de recréer une communauté en imposant des projets communs.
Depuis quelques années, pour ne pas faire fuir les élèves de club, je les laisse faire leurs projets à eux, j'interfère le moins possible. On a même enlevé le mot "lecture" du nom de club, trop risqué !
Mais du coup, on ne monte plus de projets ensemble, on ne fait plus de vidéos de groupe, on ne crée plus de fausses émissions de télé collectives, on ne fait plus l'école buissonnière pour aller choisir des livres à la librairie. Et l'image du club se délite, son identité disparaît.
Il faut que j'essaie de recréer un esprit collectif :
- Trouver une idée fédératrice : un projet unique, une vidéo ou un journal auquel tout le monde collaborera. Je vais opter pour commencer pour le journal, les élèves étant déjà partis sur des petits projets. On verra l'an prochain.
- Refaire des sorties ou organiser des rencontres, et tant pis si c’est une galère à organiser, et que les élèves ont des cours à rattraper.
Et il faut que j'arrive à ce que des élèves viennent (ça parait bête, hein !) :
- Qu'ils sachent que ça existe. Et c'est pas gagné ! Parce que les affiches, n'est-ce pas... Alors quoi faire de plus ? A part passer dans toutes les classes plusieurs fois pour en parler, je ne vois pas. Le marque-page, peut-être ? cf plus bas.
- Donner envie aux élèves de venir. Visiblement, mes TUC ne suffisent plus ! Un collègue va manger à la cantine avec les élèves du club lecture, c'est une sacrée bonne idée. En plus, cela donne une visibilité au groupe.
Pour cette année, je laisse tomber le prosélytisme, mais l'an prochain, il va falloir de la pub et un super projet pour relancer la machine. L'expo Harry Potter postée par une collègue m'attirerait bien ! Du sacré bon boulot ! J'aimerais associer les élèves à la création d'une expo de ce type.
Idée 2 : Pour cette communauté il faudrait un outil de communication fédérateur et durable.
Fédérateur pour faire exister le groupe, et durable pour que les anciens élèves (ou les 4e-3e qui ne veulent plus venir manger des TUC...) continuent à se référer à nos idées de lecture. C'est donc un outil qui peut servir pour aujourd’hui, et pour demain.
Parmi les options possibles, d'ailleurs cumulables :
- Une rubrique dans esidoc, que les anciens élèves pourraient continuer à aller voir ?
- Un bulletin d'info envoyé par courriel ? via Pronotes ? via Folios ?
- Une page facebook ? Elle existe déjà, mais je suis la première à leur dire ne pas s'abonner, de ne pas mettre de commentaires pour ne pas s'exposer... qu'on peut y aller sans avoir de compte...
- Un journal littéraire, avec des conseils de lecture rédigés par les collégiens, disponible en ligne et à la bibliothèque ? Tiens, ça, c'est une idée ! Je suis déjà lancée, je vous en reparlerai ! Je pense utiliser un compte ouvert Madmagz en payant la somme nécessaire à la fin d'un magazine pour obtenir le pdf à imprimer.
Idée 3 : Il faudrait davantage faire connaître les sites qui donnent des idées de lecture, ou créer nous-même des outils
Une idée toute bête que j'ai pratiqué pendant longtemps, et laissé tomber à tort, alors qu'il permet de cibler les lecteurs : créer des marque-pages avec des infos, des sites, les RDV programmés... Les imprimer sur du bristol (attention toutes les imprimantes ne supportent pas cette épaisseur de feuille) et les faire décorer par des élèves, c'est encore mieux.
On peut aussi faire des bulletins A5 "Vous avez aimé ceci, vous aimerez cela" ou "vos parents ont aimé vous piquer ceci, faites-leur lire cela". J'en ai des tonnes dans mes vieux fichiers. Les lecteurs aiment collecter ce type de bulletins. Ils les conserveront, et qui sait, les retrouveront plus tard, dans quelques années.
Si le titre est en caractère à remplir avec des couleurs, les Z adoreront mettre de la couleur, et cela fera d'une pierre deux coups : ils connaîtront l’existence de ces bulletins. A refaire, donc !
On dépouille déjà les sélections des magazines, mais je ne leur ai pas encore fait utiliser des sites comme Babelio. On pourrait aussi chercher des chaînes de booktubeurs.
Mais j'ai des pistes ! Et elles sont à chercher du côté de l'outil de communication fédérateur si on a réussi à le créer, du côté des libraires et bibliothécaires, et des collègues de lycée. Il va falloir créer des passerelles.
Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage...
Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.
Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,
Polissez-le sans cesse, et le repolissez,
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.
Boileau, L'Art poétique
C'est beau, non ? A lire à haute voix, en articulant comme mon grand-père le faisait, pour savourer.
Donc, il y a quelques jours, je me demandais ici comment faire pour qu'un ado de 14 ans reprenne un livre après une lecture qui lui a plu ? C'est ça, être lecteur, non ?
On pourrait dire qu'il faut :
1- Qu'il se considère comme appartenant à la communauté des lecteurs, qu'il en soit fier
2- Qu'il sache ce que la lecture lui apporte, et donc aussi ce qu'il perd en arrêtant ! Qu'il ait développé des habitudes et donc une certaine dépendance par rapport à la lecture comme loisir.
3- Qu'il connaisse ses goûts, qu’il sache quel lecteur il est
4- Qu'il voit ses parents lire ! C'est drôle, hein, tous ces adultes qui regrettent que les enfants ne lisent pas, ou pas assez, ou pas les livres qu'il faut ! S'ils savaient que la balle est souvent dans leur camp !
5- Qu'il sache où trouver des idées de lecture pendant ses années collège (ça, c'est notre travail !)
6- Qu'il continue à trouver des idées de lecture APRES le collège (on peut peut-être donner un coup de main)
Mea culpa, si je ne suis pas trop mauvaise pour faire lire aux élèves des livres qui leur plaisent (billet précédent), j'ai laissé tomber certains de ces objectifs-là. Pour ma défense, je pourrais avancer qu'il est difficile d'agir au mieux quand on voit peu de classes pour des projets lecture, et que depuis quelques années, les élèves fuient les clubs et toutes formes de contrainte sur temps libre.
Mais il doit y avoir quand-même des solutions pour ne rien regretter.
Il faut donc que je reprenne ces objectifs un par un, pour trouver des nouveaux ressorts à ma pratique.
Idée 1 : Pour commencer, je vais essayer de recréer une communauté en imposant des projets communs.
Depuis quelques années, pour ne pas faire fuir les élèves de club, je les laisse faire leurs projets à eux, j'interfère le moins possible. On a même enlevé le mot "lecture" du nom de club, trop risqué !
Mais du coup, on ne monte plus de projets ensemble, on ne fait plus de vidéos de groupe, on ne crée plus de fausses émissions de télé collectives, on ne fait plus l'école buissonnière pour aller choisir des livres à la librairie. Et l'image du club se délite, son identité disparaît.
Il faut que j'essaie de recréer un esprit collectif :
- Trouver une idée fédératrice : un projet unique, une vidéo ou un journal auquel tout le monde collaborera. Je vais opter pour commencer pour le journal, les élèves étant déjà partis sur des petits projets. On verra l'an prochain.
- Refaire des sorties ou organiser des rencontres, et tant pis si c’est une galère à organiser, et que les élèves ont des cours à rattraper.
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Sortie librairie pour interviewer les libraires. |
Et il faut que j'arrive à ce que des élèves viennent (ça parait bête, hein !) :
- Qu'ils sachent que ça existe. Et c'est pas gagné ! Parce que les affiches, n'est-ce pas... Alors quoi faire de plus ? A part passer dans toutes les classes plusieurs fois pour en parler, je ne vois pas. Le marque-page, peut-être ? cf plus bas.
- Donner envie aux élèves de venir. Visiblement, mes TUC ne suffisent plus ! Un collègue va manger à la cantine avec les élèves du club lecture, c'est une sacrée bonne idée. En plus, cela donne une visibilité au groupe.
Pour cette année, je laisse tomber le prosélytisme, mais l'an prochain, il va falloir de la pub et un super projet pour relancer la machine. L'expo Harry Potter postée par une collègue m'attirerait bien ! Du sacré bon boulot ! J'aimerais associer les élèves à la création d'une expo de ce type.
Idée 2 : Pour cette communauté il faudrait un outil de communication fédérateur et durable.
Fédérateur pour faire exister le groupe, et durable pour que les anciens élèves (ou les 4e-3e qui ne veulent plus venir manger des TUC...) continuent à se référer à nos idées de lecture. C'est donc un outil qui peut servir pour aujourd’hui, et pour demain.
Parmi les options possibles, d'ailleurs cumulables :
- Une rubrique dans esidoc, que les anciens élèves pourraient continuer à aller voir ?
- Un bulletin d'info envoyé par courriel ? via Pronotes ? via Folios ?
- Une page facebook ? Elle existe déjà, mais je suis la première à leur dire ne pas s'abonner, de ne pas mettre de commentaires pour ne pas s'exposer... qu'on peut y aller sans avoir de compte...
- Un journal littéraire, avec des conseils de lecture rédigés par les collégiens, disponible en ligne et à la bibliothèque ? Tiens, ça, c'est une idée ! Je suis déjà lancée, je vous en reparlerai ! Je pense utiliser un compte ouvert Madmagz en payant la somme nécessaire à la fin d'un magazine pour obtenir le pdf à imprimer.
Idée 3 : Il faudrait davantage faire connaître les sites qui donnent des idées de lecture, ou créer nous-même des outils
Une idée toute bête que j'ai pratiqué pendant longtemps, et laissé tomber à tort, alors qu'il permet de cibler les lecteurs : créer des marque-pages avec des infos, des sites, les RDV programmés... Les imprimer sur du bristol (attention toutes les imprimantes ne supportent pas cette épaisseur de feuille) et les faire décorer par des élèves, c'est encore mieux.
On peut aussi faire des bulletins A5 "Vous avez aimé ceci, vous aimerez cela" ou "vos parents ont aimé vous piquer ceci, faites-leur lire cela". J'en ai des tonnes dans mes vieux fichiers. Les lecteurs aiment collecter ce type de bulletins. Ils les conserveront, et qui sait, les retrouveront plus tard, dans quelques années.
Si le titre est en caractère à remplir avec des couleurs, les Z adoreront mettre de la couleur, et cela fera d'une pierre deux coups : ils connaîtront l’existence de ces bulletins. A refaire, donc !
On dépouille déjà les sélections des magazines, mais je ne leur ai pas encore fait utiliser des sites comme Babelio. On pourrait aussi chercher des chaînes de booktubeurs.
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Un des sites à faire connaître |
Et pour le point 6, "Qu'il continue à trouver des idées de lecture APRES le collège", on fait quoi, alors ??
Suite au prochain épisode. Il faut déjà que je mette en place les idées de la semaine !Mais j'ai des pistes ! Et elles sont à chercher du côté de l'outil de communication fédérateur si on a réussi à le créer, du côté des libraires et bibliothécaires, et des collègues de lycée. Il va falloir créer des passerelles.
Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage...
mercredi 22 mars 2017
Faire lire, c'est pas sorcier ! Faire qu'ils continuent à lire ? Ce serait magique !
La brochure des librairies Sorcières de l'année de mon Bac : j'avais mis le poster dans ma chambre ! |
La remarque d'un ancien élève, croisé samedi à la librairie (pas mal, non ?), m'a fait cependant me reposer des questions sur les projets à mettre en place.
"Je continue à lire, mais ce n'est pas facile. Je ne sais pas quoi lire. Dans le CDI de mon lycée, ce n'est pas pareil qu'au collège. Il n'y a pas de relation humaine comme il y en avait au collège."
Par "relation humaine", faut-il entendre :
- participation à une communauté de lecteur : il a participé activement à l'organisation du Mangamado, notre ancien prix manga, et à tous les moments forts de la vie d'un CDI, rangement, déplacement d'étagères, organisation de projets...
- le fait que, le connaissant bien du fait de tous ces projets, je ne l'ai pas lâché, lui et ses mangas, de la 6e à la 3e.
Il avait fini par se lancer en 3e dans les romans de SF, de fantasy. A la librairie, il avait un manga sous le bras. A-t-il essayé de lire autre chose depuis deux ans ? Et à qui a-t-il osé demander un conseil ?
Alors, qu'est-ce que je pourrais mettre en place pour que les lecteurs de 14 ans ne lâchent plus jamais la lecture ?
Je me suis déjà posé cette question mille fois, j'ai déjà essayé d'y répondre, notamment ici. Mais même si je suis sur la voie, il y a encore des choses à faire. Sérions les problèmes, et commençons par le commencement.
La première question à se poser, c'est comment faire lire des collégiens. Et ça, franchement, c'est pas sorcier !
1- Des "bons" livres adaptés à tous les niveaux de lecture : des romans qu'on ne peut pas lâcher, des beaux albums, des livres documentaires étonnants...
2- Les avoir lus (ça parait bête, hein ?)
3- Ne rien dire quand un "grand" lit un "petit" livre !
4- Bien connaître les élèves
5- Les considérer comme des lecteurs qui ne prennent plus le temps de lire, et surtout pas pour des non-lecteurs. Donc, il faut leur donner du temps de lecture sur place, créer des moments de rencontre avec des histoires, tourner le dos pour les laisser tranquille, et croiser les doigts.
6- Les mettre en confiance depuis la 6e, pour qu'ils reçoivent nos conseils de manière bienveillante
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Slogan Librairies Sorcières |
7- Qu'ils les emmènent choisir des livres
8- Qu'ils leur donnent du temps pour lire sur place (je n'ai plus de classe en cours régulier, donc la balle n'est pas dans mon camp !)
Et c’est tout !
Bon, on pourrait rajouter qu'ils sachent lire, que ce ne soit pas trop douloureux de déchiffrer un paragraphe et de s'en souvenir, qu'ils comprennent le vocabulaire, les effets littéraires de type flash back, les récits à deux voix... Mais ce n'est pas dans nos missions à nous. Et c'est utile pour qu'ils progressent en lecture, pas pour qu'ils aiment lire.
Par contre, si on veut que ces collégiens lecteurs lisent le soir, et encore mieux, devenus lycéens puis adultes, qu'ils continuent à lire, c'est plus complexe.
Il faut...
Suite au prochain épisode ! Je peaufine mon plan de bataille avant !
Et puis comme ça, ça fera un billet un peu moins long...
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