dimanche 9 décembre 2018

Clairement profdoc ?

Je me demande si je ne devrais pas changer mon pseudo.

Il date de février 2014. A cette époque, je n'avais pas encore besoin de reprendre les gens qui disaient "doc", je n'y pensais même pas. Je me sentais prof quand j'entendais "doc", reconnue dans ma spécificité d'enseignante un peu spécialisée.
Clairementprofdoc, c'était clairement pas top comme pseudo, donc va pour Clairementdoc.

Mais aujourd’hui, à chaque "documentaliste", je sursaute et je me sens en danger.
PasClairementprofdoc ? ClairementPasprof ?


Il faut dire que depuis quelques années, on a un peu l'impression qu'on essaie de nous faire passer à la trappe, alors, on est devenus chatouilleux.

Cela fait un moment que je pars en croisade contre les "documentalistes" cités dans les carnets de correspondance, dans la liste des personnels dans les dossiers de rentrée, les courriers aux parents pour les réunions parents-profs (je reste jusqu'à 19h ces soirs-là. Je suis prof, non ? J'assume).
On dit bien professeur de mathématiques, pourquoi on n'aurait pas le temps d'articuler professeur documentaliste ? Ma direction l'a intégré depuis longtemps, je lui en suis reconnaissante. De toute façon, je démarre au quart de tour, comme pour ce "dame du CDI", l'année dernière, qui a fait trembler les murs...
Bon, on se dit pour se rassurer et se calmer que c'est juste un raccourci de vocabulaire, qu'il ne faut pas faire de suppositions, restons toltèques non de non, les gens disent "doc" mais pensent "enseignant".

Alors que dire de cette découverte incroyable : les prof doc ne sont pas dans la liste de diffusion du ministère, liste.enseignants-public2d !
Quand le ministre s'adresse aux "professeurs des collèges et des lycées", nous ne sommes pas destinataires. C’est pas dingue, ça ??
S'il n'y avait pas eu la lettre récente du ministre concernant les manifestations lycéennes, largement commentée sur Twitter ("Mais quelle lettre ?" ont dit les profdoc en coeur), nous n'en aurions jamais rien su.

C'était la journée, je venais en effet d'apprendre que la nouvelle arborescence du réseau informatique dans les collèges de mon département comprend un dossier PROFS et un autre DOCUMENTALISTES.
C'est vraiment le genre de choses qui me fout en rogne !

Comme j’enjoignais mes collègues à ne pas laisser faire sans rien dire, une collègue m'a envoyé, histoire de me donner la pêche, l'extrait d'un article du café pédagogique, qui cite l'intervention du ministre lors de l'université d'été de Ludovia : "Ses propos sur le rôle des futurs CDI surprennent aussi par le vocabulaire employé. JM Blanquer ne parle pas de CDI mais de "bibliothèques". Il n'y a pas de professeurs documentalistes mais des "documentalistes". Et globalement il a très peu évoqué l'EMI qui est pourtant un des enjeux majeurs lié à la culture numérique."

Le mois précédent, j'avais appris que le quart d'heure lecture était devenu une injonction ministérielle depuis le 03/10/18. J'ouvrais donc dare dare le courrier du ministre : aucune mention du CDI ou du profdoc, mais deux fois des bibliothèques.
Je suis soulagée de ne pas être concernée, cela m'aurait donné plein de travail, et c'est pas trop mon job, cette histoire de lecture, hein !

Je passe sur la place des profsdocs dans les nouveaux programmes à droite à gauche, la chute des postes au concours... 
Y'a de la joie !

Alors je me dis qu'il vaut mieux ne toucher à rien, restons clairementdoc, puisque c'est comme ça que je finirai ma carrière !
Mais si vous croisez un jour sur les réseaux une nouvelle profdoc qui semble aimer les choses claires, c'est que j'aurai peut-être repris mon anonymat, et libéré ma parole. Ceci dit, tant que je suis non-anonyme, je tourne 7 fois ma souris sur mon tapis avant de publier, et c'est aussi bien, peut-être.

Ouais, on va se dire ça !

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